La problématique de l’homme providentiel revient sur le tapis avec l’annonce, de plus en plus précise, de la candidature de Prosper Agbessi à la présidentielle de 2016, un autre 0, 0001%.
Le présidentiable Prosper Agbessi est parti pour faire piètre figure dans la course pour la présidentielle de 2016. Pas parce qu’il ne possède pas les capacités nécessaires pour occuper la plus haute fonction de l’Etat, mais parce que le peuple béninois, aujourd’hui, se présente comme un fauve dressé contre toute candidature d’homme providentiel.
« Chat échaudé, craint l’eau froide », dit la maxime. Les Béninois, pour avoir été trahis et désillusionnés par le président Boni Yayi qu’ils ont majestueusement porté au pouvoir en 2006, ne sont pas près d’accorder facilement leur confiance à un illustre inconnu. Et qu’on le veuille ou non, Prosper Agbessi en est un ! Il n’est pas suffisamment connu de ses compatriotes, contrairement à ses potentiels challengers comme Pascal Koupaki, Emmanuel Golou, Eric Houndété, Victor Topanou, Léhady Soglo, Janvier Yahouédéou et bien d’autres.
Tout comme Boni Yayi en 2006, Prosper Agbessi arbore déjà les attributs d’un homme qui entend mettre le Bénin sur les rails du développement. Il est porteur d’un concept : la rupture. Rupture avec la refondation de Boni Yayi dont la gouvernance est loin de combler les espérances. Soit !
L’homme providentiel de plus en plus combattu
Mais Prosper Agbessi doit avoir conscience qu’il ne suffit pas d’être un Béninois de la diaspora, qui a réussi sa vie et dans la vie, pour prétendre au fauteuil présidentiel. Il faut bien plus. Déjà, les acteurs politiques s’accordent à bannir la pratique de la candidature indépendante. Autrement dit, ils sont unanimes à reconnaître qu’un candidat à la présidentielle doit nécessairement provenir d’un parti politique. De ce point de vue, Prosper Agbessi et tous les autres présidentiables qui ne répondent pas à ce critère, éprouveront une difficulté certaine à se frayer un chemin dans la course pour la présidentielle.
Il n’existe pas de génération spontanée en politique. La brillante élection de Boni Yayi en 2006 qui contraste avec sa gestion décriée jusqu’à ce jour, en est la preuve. Tel un enfant qui va à quatre pattes et balbutie avant de marcher et parler, celui qui aspire à la fonction présidentielle est censé avoir gravi des étapes et fait ses preuves dans l’arène politique. Plutôt que d’être porteur d’un concept, il doit brandir et soutenir un projet de société qui rassemble les Béninois autour d’un idéal commun : le développement par une démarche inclusive. Prosper Agbessi a beau avoir les moyens financiers en suffisance, s’il ne tient pas compte de cette donne, il risque fort de sortir de la bataille de la présidentielle prochaine avec un score dont il ne sera certainement pas fier.
Prince AKOGOU