Le showbiz musical béninois est confronté aujourd’hui à un problème de piraterie à nul autre pareil. Les artistes, malgré leur performance professionnelle et artistique, peinent à émerger à la hauteur de leurs efforts. Quel regard portent les artistes sur ce « drame » et sur le milliard culturel à eux accordé ? Nous nous sommes rapprochés de Odette KINSOU connue sous le nom de Okine qui s’est prononcé. Elle en a ensuite profité pour nous parler de ses œuvres et de ses projets. Son côté jardin n’a pas été aussi occulté. L’interview.
Le Confrère de la Matinée : Quelles sont les dernières nouvelles qu’on pourrait avoir de Okine sur le plan musical ?
Okine : Avant de commencer, je tiens à vous informer que je suis à mon troisième album. Je suis une femme avec des enfants. Je suis bien Béninoise et je vis comme une citoyenne béninoise contrairement à ce que les gens racontent sur ma nationalité.
Le dernier opus en date est dénommé « Kokoro ayemi » et a été lancé en juin 2014, presqu’un an déjà. Vous savez, quand il y a lancement, c’est maintenant que le plus dur commence. Il faut sa promotion. En ce moment, je suis donc dans sa promo et surtout celle du nouveau single que j’ai récemment ajouté à cet album afin qu’il réponde aux normes exigées par la communauté musicale internationale. J’ai baptisé ce single « Djawa » et c’est ça qui fait le tour des stations radios et chaînes de Télévision de la place. On a commencé par tout ce qui est écoute et visuel. Le son est également disponible sur la plateforme de youtube et d’autres réseaux sociaux pour son tour planétaire. Ce n’est du tout pas facile, mais je peux déjà dire que nous évoluons dans cette promo.
On s’intéresse à vos institutions de tutelle, la DPAC et la DFAC. Quelle lecture faites-vous de ces institutions et surtout du milliard culturel ?
Vraiment monsieur le journaliste, il faut reconnaître que c’est une très bonne chose et c’est le moment de féliciter ces hommes et femmes qui y travaillent et surtout le Chef de l’Etat qui a pensé et mis sur pied cette initiative, dans le seul but de soulager, un tant soit peu, les peines des artistes de tous ordres. Eh voilà, il faut que cela continue comme cela. Vous savez, vous ne pouvez pas imaginer à quel point ce fonds culturel soulage les créateurs d’œuvres artistiques.
J’apprends parfois qu’il y a une division au sein de certains membres de ces institutions surtout au sujet du milliard culturel. Sincèrement, c’est une chose qu’il faut corriger. Si ça se passe comme cela, c’est nous qui perdons, car eux, ces grands frères que j’appelle souvent doyens de la musique, se sont déjà faits de noms et ils doivent nous permettre de le faire aussi. Mais on ne peut jamais le faire sans les moyens adéquats et conséquents. On dit souvent que « quand deux éléphants se battent, ce sont les herbes qui en paient les frais ». Je vais souvent dans ces institutions mais malheureusement, je n’ai pas encore la chance de bénéficier de ces fonds. Ce n’est pas une question de professionnalisme ni d’incompétence, mais juste que je ne m’y intéresse encore trop.
Des artistes béninoises sont prêtes à tout pour parvenir au sommet musical. Comment Okine gère-t-elle ce flux de potentiels promoteurs, de managers et de bienfaiteurs qui se proposent en contrepartie de son corps ?
Bon vous savez, chacun sait comment il se gère sur ce plan. C’est une question de personnalité et de dignité de soi. Chacun sait également ce qu’il veut dans sa vie. Okine a un objectif et rien ni personne ne pourrait la détourner de ce champ de vision. Je n’ai pas besoin de m’abaisser si bas avant de me faire un nom. Je ne peux pas vous nier ce fait. Il se manifeste vraiment mais comme je sais là où je vais et ce que je veux, je sais comment me comporter et comment sortir de leur carcan. Pour moi, il n’est pas question de dresser le lit à ces baratins et ces futilités qui, au lieu de te rendre pro, t’arrièrent et te détruisent.
Le monde musical est inondé des œuvres piratées. Comment vivez-vous cela et que préconisez-vous pour que cela change ?
La musique béninoise évolue d’abord beaucoup et on sent du professionnalisme dans les productions. Nous sommes en face d’une génération montante et très déterminée à hisser haut le flambeau musical béninois. Je tiens à les féliciter et à nous féliciter puisque j’en fais partie bien sûr. Pour revenir à votre question, c’est un fléau mondial et le Bénin n’est pas exempté. Je dirais même que c’est un fléau naturel. Plus on évolue musicalement, plus la piraterie prend le pas. Nous sommes encore dans un monde qui est considéré comme un village planétaire. L’évolution de la technologie en est aussi pour quelque chose et ne pas le reconnaître ferait de vous un « ignorant du siècle ». Sincèrement parlant, nous, on n’a pas un pouvoir si fort et si puissant pour l’arrêter. Et je ne pense aussi pas que l’Etat central ait les outils nécessaires pour éradiquer ce mal. On pourrait espérer qu’il y mette un frein. Mais le monde a tellement évolué que même les pays bien développés et bien technologiques ont du mal à y parvenir. Dans ton propre pays, la piraterie n’est du tout pas bon. Elle nous détruit, elle nous arrière et nous décourage même. Puisque ce que tu as passé tout le temps, des années parfois pour faire sortir, tu le retrouve quelques heures après sur les supports amovibles et autres sans que tu ne sois pas en mesure d’en bénéficier. Plus question du droit d’auteur.
Mais monsieur le journaliste, je peux peut-être vous étonner en le disant, mais la piraterie de nos œuvres à l’étranger, nous rend populaire et c’est une autre forme de promotion dans ces pays. Les films des Nigérians que nous consommons ici au Bénin sont l’œuvre des pirates par exemple. Mais ça a permis aux Béninois de connaître ces acteurs nigérians et ces œuvres. Même chose avec les clips et sons américains. Ne me dites pas que ces artistes internationaux ont le temps de faire leur propre promo dans ces pays du monde. Donc, en d’autres termes, ils nous aident, mais le faire dans son propre pays est criminel. En fait ce n’est pas que j’encourage la piraterie, mais je reconnais juste son côté positif à l’étranger.
Est-ce que tout au moins le combat se mène en votre sein pour palier à cela dans votre pays le Bénin ?
C’est un terrain vraiment compliqué. Il y a des associations d’artistes et on essaie tant bien que mal de mener ce combat. Mais je vous dis une fois encore que c’est vraiment compliqué. Il faudrait aussi que l’Etat, je veux nommer le pouvoir central, puisse nous accompagner avec des décisions fortes.
Les projets de Okine en ce moment ?
Pour le moment, je vous le disais, c’est la promo du single et tout le reste. Cette promo se fait de toutes les manières. C’est le canal idéal pour annoncer qu’Okine dispose d’un orchestre et fonctionne maintenant en live. C’est déjà la concrétisation d’un de mes projets. Ce qui signifie également que nous sommes disposés à n’importe quel moment pour des prestations en live. Mon staff et moi envisageons parfaire la dernière œuvre afin de la mettre en compétition pour les prix internationaux. Des tournées sont en vue mais je ne pourrai pas dire avec exactitude la date de leur démarrage. Tout compte fait, les mélomanes seront informés au moment opportun.
Votre mot de fin
Je tiens à vous remercier et remercier tous les professionnels des médias qui ne cessent de m’accompagner dans mes œuvres. A tous mes bienfaiteurs, je les remercie et je précise qu’Okine est toujours disposée pour des dons, aides et legs de tout genre. Consommez mes œuvres sans modération aucune. On est ensemble, one love et big up à tous. « Djawa » tout simplement.
Propos recueillis par Josaphat FINOGBE