C’est à propos d'une affaire de 40 000 F CFA qui a tourné à l’abus de confiance, que Emile Anago s’est jeté mercredi 3 juin dernier dans l’affluent du fleuve Mono appelé Sazué, dans la commune de Grand-Popo. Comptant ainsi échapper à la Police venue à sa recherche, il en sera retiré sans vie.
Un corps d’homme sans vie étalé aux abords du confluent du fleuve Mono dénommé Sazué. L’individu, père de plusieurs enfants était âgé de 54 ans selon les données relevées sur sa carte d’électeur biométrique. Il aurait pu achever de creuser la tombe d’un autre défunt pour lequel, il prêtait main forte aux fossoyeurs, si l’arrivée des éléments de la Police ne l’avait pas amené à se jeter dans le fleuve.
En effet, selon les déclarations du commissaire de Grand-Popo, Modeste Innocent Hounkponou, Emile Anago était en affaires avec Abla Azongnongbé qui plus est sa parente. Celle-ci lui a remis en octobre 2014 pour une commande de piments, 40 000 F CFA. Au fil des mois, ce marché va se révéler un abus de confiance suivi, à en croire Abla Azongnongbé, de menaces de mort. En somme, poursuit le commissaire, la revendeuse de piments ayant perdu tout espoir de récupérer sa marchandise où l’argent à l’amiable, a saisi le commissariat de Grand-Popo qui a délivré trois convocations sans suite à Emile Anago. C’est alors que s’en est suivie la descente du mercredi 3 juin dernier des éléments du commissariat au village Houndjohoundji où réside Emile Anago. Ce dernier qui était occupé à creuser une tombe, apercevant les visiteurs en uniforme flanqués d’un fils de la plaignante, n’a pas hésité à prendre la fuite engageant une course poursuite. Après plusieurs mètres et n’ayant plus d’issue, il finit par se jeter dans l’affluent du fleuve Mono. Le fils et accompagné de la plaignante prenant la relève des éléments de la Police, tentera de le rattraper. Malgré son jeune âge, 15 ans environ, il reviendra à la berge avec le corps sans vie du fugitif.
A en croire Lazare Attiokpè, commandant de la brigade territoriale de Grand-Popo, Emile Anago serait mort par étranglement, après une petite bagarre dans l’eau. Il tient, dit-il, cette «information scientifique» du constat fait par la représentante de l’hôpital de zone de Grand-Popo dépêchée sur les lieux pour constater son décès.
Au commissariat de la localité, sont gardés à vue depuis mercredi 3 juin dernier, la plaignante et son fils en question.
La circulation bloquée pendant des heures à Grand-Popo
A la suite de la mort de Emile Anago survenue dans la matinée du mercredi 3 juin dernier, les populations du village Houndjohoundji se sont soulevées. Pour la plupart des citoyens de cette localité de Grand-Popo, le défunt serait mort par les éléments de la Police. Et pour certains encore, une dette ne devrait donner lieu à une chasse à l’homme. Pour se faire entendre, ils ont organisé une insurrection populaire menaçant à l’aide des machettes, des gourdins et autres projectiles, les policiers. Par endroits sur la voie Cotonou-Lomé, des incendies de pneus et barricades érigés ont bloqué la circulation, créant des bouchons de plusieurs kilomètres de part et d’autre. La situation a dégénéré au point où plusieurs autres détachements de différentes unités de l’Armée ont été appelés en renfort. Mais la circulation n’a repris qu’après avoir donné satisfaction à la doléance des populations visant le retrait de la Police, laissant le contrôle à la Gendarmerie.
La situation a maintenu le directeur départemental de la Police, Mathias Agbotan, sur les lieux jusque tard dans la soirée. Venu soutenir ses éléments sur le terrain, il en a profité pour prendre langue avec certains leaders de la localité afin d’éviter que la situation ne connaisse des rebondissements.