[Dossier spécial] : bilan des réalisations à Porto-Novo en 53 ans d’indépendance : le point de vue de Me Mousibaye Padonou, Karim da Silva, Le Docteur François Ahlonsou et Basile Nouvègnon
Selon les dispositions de la constitution du 11 décembre 1990 Porto-Novo est la capitale du Bénin. Mais force est de constater aujourd’hui que la cité des Aïnonvi n’est rien d’autre qu’une capitale nominale. En dehors de la présence dans cette ville de quelques institutions de la République, tout est à Cotonou. La formule restaurer Porto-Novo dans ses attributs de capitale des différents chefs d’Etat qui se sont succédés au pouvoir depuis la conférence nationale est demeurée un vœu pieu. Le fameux projet de réhabilitation de la ville de Porto-Novo est resté une coquille vide. On a beaucoup jasé autour de la réhabilitation de la ville de Porto-Novo. En matière de promesses, de discours, de bavardages, de comédie, de théâtre … les dirigeants de notre pays ont beaucoup fait pour Porto-Novo. Mais au finish rien de concret. On continue de construire des tours administratives à Cotonou pour abriter les ministères. On a mis des dizaines de milliards pour construire des nouveaux bâtiments au palais de la présidence de la République. Depuis des années, dans le but de tromper les Porto-Noviens on a implanté des panneaux indiquant le lieu d’implantation des institutions de la République le long de la lagune de Porto-Novo . Panneaux que les hautes herbes ont fini par cacher. Conséquence : en 53 ans d’indépendance, la capitale de notre pays est restée dans un état piteux qui suscite indignation. Lisez ci-dessous les réactions du sage Karim da Silva, de maître Padonou Mousibaye, du docteur François Ahlonsou tous deux conseillers municipal de Porto-Novo et du cinquième arrondissement.
Maître Mousibaye Padonou, conseiller municipal FCBE
‘’On se moque des porto-noviens. On continue la construction des blocs administratifs à Cotonou alors que la constitution continue de maintenir Poto-Novo comme capitale’’
Maître Mousibaye Padonou est un conseiller municipal de Porto-Novo, élu FCBE et membre de la commission des affaires domaniales, et de la commission coopération décentralisée. Il est également le président de l’association Alafia pour tous( APT) ‘’
»On dirait plutôt qu’au fur et à mesure qu’on évolue Porto-Novo a perdu ses attributs de capitale. Juste après les indépendances ce qu’on a à Porto-Novo symbole statuts de ville capitale a disparu. Exemple, on ne retrouve plus à Porto-Novo le siège des différents ministères Il existe plusieurs périodes dans l’histoire de la ville de Porto-Novo. Jusqu’en 1972 il y avait encore à Porto-Novo le ministère des finances. On pouvait compter dans la ville capitale jusqu’à cinq ministères. A l’indépendance il y avait tout à Porto-Novo. Avec l’émeute contre le président Hubert Maga les institutions ont commencé par aller à Cotonou, le gouvernement n’a plus son siège à Porto-Novo. A l’avènement de la révolution le ministère des finances est délocalisé à Cotonou sous Janvier Assogba. Il y avait encore trois ministères à Porto-Novo. Après, le ministère de la jeunesse et sport est parti. Seul le ministère de l’éducation nationale est resté. Avec le président Nicéphore Soglo l’éducation nationale est allée à Cotonou. Au cours de la période du renouveau démocratique l’Assemblée nationale est revenue à Porto-Novo de même que la cour suprême, la Haute cour de justice (créée par la constitution). A la faveur de la division des différends ordres d’enseignement on a aujourd’hui à Porto-Novo seulement le ministère de l’enseignement primaire. Au niveau des infrastructures, Porto-Novo a accueilli des établissements financiers à savoir des banques. Nous avons aussi le siège de la mairie qui est occupé par la préfecture aujourd’hui. En ce qui concerne les voies et routes, il faut dire que le pont de Porto-Novo fait honte. Une ville capitale qui a une seule entrée. La chose a commencé par Sèmè- Podji. Il n’y a pas d’éclairage. C’est une question de volonté. Ce n’est pas une fatalité qu’on est un seul pont. Entre la construction de l’Assemblée nationale et un second pont il est préférable qu’on réalise ce deuxième pont. C’est primordial par rapport à la construction de l’Assemblée nationale. Cela aurait été très original. La construction d’un pont est décidée depuis Kérékou. Yayi aurait pu faire une chose innovante. A l’intérieur de la ville l’œuvre majeur est la voie beaurivage réalisée sous kérékou. Il y a aussi le boulevard du cinquantenaire quand bien même c’est inachevé. Ç’aurait été plus valorisant si on réalisait totalement la rocade. Porto-Novo est privée de certaines infrastructures. La première pierre de l’université nationale du Bénin est posée à Porto-Novo. Mais après le projet est détourné à Abomey Calavi. Cela a beaucoup joué sur le rayonnement intellectuel de Porto-Novo. Des efforts timides ont été faits avec la création de la Flash et certaines entités, école et instituts tels que la faculté de médecine, l’ lINJEPS… On note qu’avec la décentralisation la ville a pris en main des services, les marchés (Ce n’est pas comme à Cotonou, les centres de loisirs comme la Maison des jeunes et de la culture)… Il est à noter que la gestion du stade municipal échappe à la ville ce qui en principe ne devrait pas être le cas. Qu’avons-nous gagné avec la décentralisation ? La gestion quotidienne de la ville par les élus, le maire est une émanation de la population. Du point de vue de la démocratie au sein du conseil municipal depuis les deux mandats de la décentralisation c’est pratiquement le même parti qui tient en main la destinée de la mairie. Pour prendre les décisions le nombre de conseillers FCBE ne suffit pas pour influencer le PRD qui maintient toute sa puissance. 99 % des chefs quartiers sont PRD, 100% des chefs d’arrondissements, sont PRD, le maire, les adjoints, les présidents des commissions permanentes, ils sont tous PRD. Il faut aussi ajouter que la réunion de la municipalité organe qui prend les grandes décisions pour la gestion de la ville, est à 100 % PRD.
Malgré tout cela on note un véritable fossé entre le maire et cette majorité au point ou c’est grâce à nous autres que le maire s’en sort. La question se pose alors de savoir à qui profite la prolongation du mandat des élus locaux, communaux et municipaux. Le maire est devenu un souffre douleur. En résumé on peut dire que Porto-Novo n’est pas une vraie capitale. Le gouvernement n’a pas son siège dans cette ville. Les représentations diplomatiques ne sont pas ici. L’agence de la réhabilitation de la ville de Porto-Novo est une coquille vide. On se moque des porto-noviens. On continue la construction des blocs administratifs à Cotonou alors que la constitution continue de maintenir Porto-Novo comme capitale. C’est une vraie hypocrisie. Aujourd’hui les cadres de Porto-Novo sont frustrés du moment où on regarde Porto-Novo avec mépris. Est-ce à cause du parti dominant dans cette ville ? Malgré tout Porto-Novo est une ville accueillante. Pas de xénophobie. Toutes les communautés vivent en symbiose. Porto-Novo joue bien son rôle de capital malgré tout. »
’ Basile Nouvègnon chef du cinquième arrondissement de Porto-Novo : ‘
’ Porto-Novo ne ressemble pas à une capitale après 53 ans d’indépendance.
’’ Porto-Novo ne ressemble pas à une capitale après 53 ans d’indépendance rien n’a bougé à Porto-Novo. La capitale a été délaissée. Les autres capitales d’Afriques ne sont pas à l’image de Porto-Novo. Je demande aux gouvernants de mettre chaque chose à sa place. Les gens ont tendance à parler de capitale politique, capitale administrative…une capitale est une capitale. Que les gens nous expliquent ce qu’ils entendent par réhabilitation de la ville de Porto-Novo. En tant qu’autorité de la ville je peux dire que cela ne dépend pas de la mairie. Nous avons besoin de comprendre. Il est question alors que les Porto-Noviens prennent conscience. Si la ville doit se développer c’est aussi grâce à eux. Il faut la main du propriétaire en toute chose. En tant qu’élu je dirai que rien ne se fait sans moyen surtout les moyens financiers. Malheureusement nous ne disposons pas de moyens pour faire face aux demandes des populations. Il va falloir que l’Etat nous vienne véritablement en aide. Il ne s’agit pas d’une aide sur les lèvres. Nous voulons du concret »
Karim Urbain da Silva ‘’
Agondanou et Biokou ont aidé Houngbédji à s’implanter à Porto-Novo mais ce dernier n’a pas adopté cette ville, il l’a trahie’’ :
Dans un entretien qu’il a accordé à certains journalistes à son domicile il y a quelques jours, le Doyen des sages de Porto-Novo, Karim Urbain da Silva a essayé de nous dire ce que Porto-Novo la capitale de notre pays a obtenu en 53 années d’indépendance. Pour le Doyen d’âge ce que la cité des Aïnonvi a obtenu du Président Boni Yayi n’est pas maigre. Mais il fustige le fait que cette ville s’est marginalisée elle-même parce que son leader du parti majoritaire et son parti ont choisi de faire tout le temps l’opposition qui n’est pas constructive. Il n’a pas mis les gants avant de tirer à boulets sur le président du Parti du Renouveau démocratique Adrien Houngbédj à qui Porto-Novo a tout donné. Il ne comprend pas pourquoi ce dernier n’a rien fait pour que la ville aux trois noms se développe. ‘
»Au temps de Boni Yayi, tout ce que Porto-Novo a eu n’est pas mince. Je vais vous rappeler, dans une maison où on ne s’entend pas, il est très difficile qu’on arrive à la bâtir. Porto-Novo s’est trouvé tout le temps dans l’opposition. Depuis la conférence nationale, Porto-Novo s’est marginalisée malgré mes appels et rappels. Quand on n’est dans l’opposition qui n’est pas constructive, on doit subir les conséquences. Et une bonne partie du peu qu’on n’a obtenu, c’est encore grâce aux anciens et sages de Porto-Novo. Nos efforts aujourd’hui, Dieu merci, commencent par aboutir pour qu’à Porto-Novo nous puissions parler d’une seule voix, ce qui nous a fait défaut jusque-là. Mais si nous savons ce que nous voulons et nous sommes ensembles, nous pouvons l’obtenir, c’est le prix à payer. Si quelque chose a été réalisée ailleurs, il faut savoir que les populations ont coopéré et ils ont récolté. Porto-Novo s’est toujours mise dans une situation incomprise. Je remercie Dieu aujourd’hui que nous avons compris nos erreurs et nous sommes en train de les réparer. Nous sommes à côté d’un pays de plus de 80 millions d’habitants qui passent tous les matins par ici pour se rendre à Cotonou et vis versa, l’argent s’en va le matin et les marchandises traversent le soir. Il n’y a pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir car le porto-novien n’a pas voulu voir. Il y a quelqu’un qui a trouvé le projet de draguer le sable pour la population afin de construire un grand marché, mais hélas. Il faut une volonté politique. Les Porto-Noviens ont suivi leur leader qui nous a induis en erreur et les conséquences sont là, Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Vingt années d’opposition, voilà la situation dans laquelle nous sommes. Avec la prise de conscience, on sera ensemble et quand on est ensemble, on n’est plus fort. Nous devons nous entendre car nous avons des problèmes. Il y a parmi nous des idiots qui se disent doués ou surdoués. Quand on est ensemble, on s’entraide et c’est ce qui a manqué aux porto-noviens. Le PRD, le réel PRD c’était avec Apithy, j’étais avec le PRD authentique de base. Apithy n’a pas été content avant sa mort. C’est Agondanou Jean-Pierre et papa Biokou qui ont aidé Houngbédji à s’implanter ici. Il parle un fon châtié. Lui n’a pas pu adopter Porto-Novo, c’est ça l’une des qualités des porto-noviens. Ils sont PRD, ils demeureront PRD, C’est Houngbédji qui a trahit Porto-Novo. Quand on n’a un dirigeant qui se présente aux élections une fois, deux fois, trois fois, quatre fois, il veut se présenter une cinquième fois, il n’y a personne d’autres ? Non cherchez quelqu’un d’autre et on se serait mis tous derrière celui-là. Moi ou personne d’autre, c’est ce qu’il a fait. C’est lui qui nous a mis dans cette situation. Tous les projets, ils les déjouaient. Il attend qu’il soit président pour les réaliser, voilà qu’il ne pourra plus être président. C’est toujours son poids parce que c’est lui qui nomme les gens, il ne laisse pas la population choisir, il met celui qu’il veut là et il en fait ce qu’il veut. Vous avez suivi tout dernièrement ma réaction contre ce qu’il voulait faire de l’actuel maire. A la fin du mandat, il trouve qu’il n’a rien fait. On va le voir pour la présentation de vœux, il invite la presse et il se met à humilier le maire, le premier citoyen de la ville, il est son maire. On peut l’aimer, on peut ne pas l’aimer, c’est notre maire. Toutes les décisions du conseil sont rejetées. On veut nous donner des bus, il dit que le conseil n’a pas pris de décision, il demande où on va les mettre. On veut construire un parc attractif sur la berge lagunaire, il refuse. On veut construire l’hôtel de ville, on a pris toutes les dispositions, il est au courant et il remet tout en cause. Si on avait commencé, Dieu seul sait à quel niveau on en serait aujourd’hui. Nous les sages avons invité le maire en conseil. On lui a dit, s’il a des difficultés, on n’est avec lui et quand le projet va commencer, ça ne s’arrêtera pas jusqu’à la fin. Ce n’est pas 4 milliards qui vont nous arrêter. S’il ne veut pas d’éléphant blanc, lui-même peut aider à construire la mairie pour tout ce qu’il a gagné sur nous en 20 années. Non, il ne faut pas exagérer ! ‘’
Docteur François Ahlonsou :
‘’Que l’opposition ou la mouvance soit le parti dominant le développement de Porto-Novo devrait être une priorité nationale’’
Porto-Novo selon l’article 1er de la constitution est la capitale du Bénin. Dans les discours officiels de l’ancien premier ministre Pascal Irénée Koukpaki et du Chef de l’Etat Boni yayi Porto-Novo est la capitale politique, la capitale administrative. C’est une violation de la constitution. C’est aussi la preuve que les gens veulent réduire Porto-Novo à sa portion congrue. Qu’on le veuille ou non Porto-Novo est une ville ou les gens adorent la politique. Le développement de Porto-Novo devrait être à part entière en tant que capitale du Bénin. Ce n’est pas un développement entièrement à part. On doit s’occuper du développement de Porto-Novo. Cela doit être une préoccupation de tout gouvernement. Que l’opposition ou la mouvance soit le parti dominant le développement de Porto-Novo devrait être une priorité nationale. Exemple, Dakar capitale du Sénégal a été tout le temps dominé par l’opposition. Parce qu’il y a un discernement Dakar est développé. Dakar n’est pas abandonné. Je dirai la même chose de Cotonou qui est quand même dominé par la RB restée dans l’opposition pendant les deux quinquennats de Kérékou. Que Porto-Novo soit dans cet état c’est une honte. Ceux qui tiennent les propos selon lesquels c’est parce que Porto-Novo est resté dans l’opposition qu’il ne s’est pas développé, c’est eux qui empêchent la majorité au pouvoir de développer Porto-Novo. Ils étaient Prd. Mais depuis qu’ils sont partis ils se préoccupent d’eux-mêmes. Les Porto-Noviens sont fières d’être PRD. De militer dans le Prd et ils l’assument. En ce qui concerne la construction de l’hôtel de ville de Porto-Novo, il faut dire que le problème de fond qui se pose est le financement. Il n’y a pas de plan de financement. Avant de lancer ce projet on doit s’assurer du plan de financement sinon vous lancez et vous abandonnez au beau milieu. Les exemples existent à Porto-Novo à savoir la construction du siège de l’Assemblée nationale, la HAAC, la CCIB… On va dire aller voir l’éléphant blanc du PRD. Nous prenons le temps de boucler le financement. La construction du siège de la mairie de Porto-Novo n’est pas un problème politique mais technique. Nous rêvons de la construction de l’hôtel de ville sur l’axe du pouvoir (allant du CHDO en passant par l’Assemblée Nationale , Java Promo, l’Eglise notre Dame jusqu’au Palais d’Eté du Roi Toffa. On rêve de l’installer dans le quartier Oganla. Il revient donc à toute la population de nous aider à concrétiser ce rêve pour rester conforme à la devise de Porto-Novo qui dit :’’ Dans l’union, la justice et la paix marche ‘’