Annoncé, le fatidique jour est arrivé où Savalou et tout le Bénin, par la magie de la télévision, ont suivi la cérémonie d'intronisation du nouveau dépositaire du trône de Soha Gbaguidi 1er. Vendredi 05 juin dernier, la liesse était à son comble dans Savalou la Belle.
Désormais, c'est Dadah Gandjêgni Awoyo Gbaguidi XIV qui préside aux destinées des quatre lignées qui composent la collectivité royale Gbaguidi de Savalou. Paré de ses attributs royaux, le nouveau Roi est allé au devant de son peuple, amassé devant le Palais royal de Savalou. Princesses, princes ainsi que de nombreux invités ont assisté à cet événement historique dans la vie du royaume de Savalou. Cette première sortie officielle du nouveau Roi, qui marque son intronisation fait suite à sa retraite d'une semaine au palais, où il a appris « les rudiments » de ses nouvelles fonctions.
Selon la tradition, et en respect de celle-ci, le Roi dès son apparition a fait son entrée dans la chaire royale. C'est à ce moment qu'il a dévoilé son nom fort de règne qui est Gandjêgni Awoyo. Rachat du nom fort et mots de différentes personnalités religieuses, cultuelles, politico-administratives ont été autres temps forts de cette cérémonie d'intronisation du nouveau Roi de Savalou.
YPL
Un administrateur qui maîtrise la gestion...
Le quatorzième Roi de Savalou est marié et père de quinze enfants. Gandjêgni Awoyo est un entrepreneur dans les secteurs des mines et de la géologie. Agé de 58 ans, le nouveau Roi est le premier président de l'Association des exploitants du Bénin. Président du Mouvement béninois de lutte contre la pauvreté, Gbaguidi XIV est Président directeur général de trois différentes sociétés. Très engagé sur le front social et entrepreneurial, ses expériences sont pour lui des atouts pour conduire le royaume de Savalou.
Quelques cérémonies entrant dans le cadre de l'intronisation du Roi de Savalou
Il y a par exemple la cérémonie dite « Yota – yiyi ». C'est une cérémonie qui se déroule à Zounzonkanmè, à une dizaine de kilomètres à peu près du Palais royal. C'est là qu'Akpata, fils du fondateur du royaume, le roi Soha Gbaguidi 1er, a décidé d'inhumer son père afin d'éviter toute profanation de sa tombe.
Après son intronisation, tout nouveau roi de Savalou doit aller s'incliner sur cette tombe, puis entrer dans l'enclos du Vodou Bossikpon, protecteur de l'ancêtre Soha, situé sur le même site. Le nouveau roi passe par l'entrée principale et sort par une porte plus étroite avant de faire les trois tours obligatoires de l'enclos. Les indiscrétions racontent qu'à l'intérieur, en compagnie des dignitaires de Bossikpon, le nouveau roi doit s'asseoir et se relever trois fois sur une pierre sur laquelle Soha se reposait aux dernières heures de sa vie. Les mêmes indiscrétions préviennent que « c'est un exercice hautement risqué et qu'il faut s'armer spirituellement avant d'affronter ».
Dès sa sortie, il est ovationné par les foules qui lui expriment leur admiration pour sa bravoure. Il retourne alors au palais royal par un moyen de transport moderne (en voiture). A la place Soha, il descend de la voiture puis monte dans le hamac pour la première fois, en tant que roi, pour une procession solennelle jusqu'au palais royal.
Présentation au Vodou « Ayizan » ou Ayizandji yiyi
Le roi peut à nouveau s'organiser, pour son passage sur la place du Vodou « Ayizan », le premier protecteur du royaume, le plus ancien et le plus puissant des Vodous, « Ayizan, l'inamovible » comme l'appellent les anciens. Le Grand Maître des Vodous se doit de se présenter au premier de leurs gardiens.
La place Ayizan est située au quartier Nanhonou à Savalou. Le fétiche Ayizan qui se trouve là est considéré par les anciens comme « l'oeil du royaume, le symbole de Savalou ». Le nouveau roi doit poser son pied sur le sol le plus puissant de son royaume. « Il doit fouler ce sol, le cœur pur, prêt et disposé, en toute honnêteté à servir ses ancêtres, tisser sa corde au bout de la leur ».
Arrivé sur les lieux, le roi pose chacun de ses pieds, le lève et pose à nouveau, trois fois, à commencer par le pied droit. Il finit sous les ovations du grand public témoin de la cérémonie. Un bélier est immolé pour le Vodoun Ayizan d'où l'expression « Agbo nan o ho lihoué owo o to yizan ton djin nan gni » (même si le bélier acheté par le roi attend, le roi doit attendre dix ans, il sera tué pour le Vodou « Ayizan »).
Le roi offre le repas de son choix une fois de retour au palais royal et cette étape est évacuée.
Dogbodji – yiyi
Le nouvel occupant du trône des Gbaguidi programme une rencontre de vérité à la place « Dogossodji» . Le rituel s'appelle « Dogbodji – yiyi ».
C'est une rencontre des grands dignitaires des quatre dynasties GBAGUIDI qui se tient sur une place faite d'une petite plaine (Sokpakpè) bien loin des regards et de toutes indiscrétions. Dada Gbaguidi, le roi de Savalou convoque cette rencontre de vérité et de réconciliation pour aborder une préoccupation spécifique du royaume, un mal qui ronge ou qui nuit à l'image des Gbaguidi ou du royaume. Toutes les questions brûlantes, fâcheuses, honteuses ou même taboues sont évacuées à cette rencontre de relance pour plus d'harmonie dans le royaume. Au sortir de Dogbodji, nul n'a le droit de revenir sur une question déjà vidée, au risque d'avoir à affronter la colère des ancêtres.