Après avoir dit non, et refusé d’entrer dans le 2ème gouvernement de Yayi Boni 2, le Parti du renouveau démocratique (Prd) essuie une première déconvenue. Moukaram Badarou, ancien secrétaire général du parti, vient d’être appelé aux côtés du Chef de l’Etat en qualité de préfet de l’Ouémé-Plateau. Il remplace François Houessou, coopté à la tête du ministère de l’Intérieur. On se souvient que, c’est aux lendemains de l’échec de l’Union fait la Nation (Un) à la présidentielle de 2011, que Moukaram Badarou a en quelque sorte, claqué la porte.
Il a alors essuyé beaucoup de critiques. Plusieurs observateurs et autres membres de l’opposition, lui reprochant d’avoir quitté le navire Prd à cause de l’échec de son mentor, une énième fois aux pieds de la Marina. Est-ce à tort ou à raison ? Sans revenir autrement sur les raisons de ce départ, on pourra dire, qu’à l’image de beaucoup de ses prédécesseurs et aînés en politique au Bénin, le jeune politicien est « allé brouter l’herbe là où elle fraîche ». Aujourd’hui, Yayi qu’il a rejoint, lui retourne l’ascenseur et la manivelle, en le nommant préfet des départements de l’Ouémé/Plateau. Ce qui est sûr, Yayi vient à nouveau de s’embrouiller avec ses nouveaux partenaires du Prd. En effet, les rencontres successives au Palais de la Marina entre Houngbédji et Yayi, n’auront pas réussi à aplanir les divergences. Ces divergences semblent d’ailleurs irréversibles, et insurmontables, à la lecture du communiqué du Prd justifiant son refus de prêter flanc au désastreux bilan de Yayi. Cela est de bonne guerre. Sauf respect des partis politiques béninois, tout le monde ne doit pas aller, n’importe comment à la rivière. Autrement dit, le geste de Yayi peut aussi être lu comme une vengeance : une manière de répondre au refus du Prd.. La nomination de Moukaram Badarou est une forme de réussite personnelle. Et comme telle, le nouveau préfet devra mériter le respect de tous, en faisant du bon travail. Car, ne l’oublions pas, Porto-Novo est une poudrière, et la bastion de la commercialisation de l’essence frelatée « kpayo ». De plus, les jeunes porto-noviens frustrés par les échecs successifs de leur candidat, Me Adrien Houngbédji, semblent aujourd’hui désabusés. Du coup, ils n’attendent plus rien de la politique. Dans ce contexte, le nouveau préfet travaillera sur un terrain miné. Miné par les déceptions et frustrations longtemps enfouies, mais toujours vives. Il devra aussi composer avec le manque de confiance, résultant de son départ du parti.