Le ministre Bako a déclaré sur l’émission zone franche d’hier ceci. « Le clergé catholique n’est pas représentatif du peuple béninois. Il s’adresse à la communauté des catholiques ». Il faudra juste considérer cette déclaration comme un lapsus et la prendre comme tel car s’il faut en tenir vraiment rigueur, on risque de tomber dans des considérations très complexes.
Ce qu’il faut juste conseiller au ministre de la république est d’éviter de s’aventurer sur un terrain qu’il ne maîtrise pas trop. On comprend que la fougue révisionniste peut expliquer des excès mais aller jusqu’à réduire l’Eglise à une portion pareille démontre à raison que le ministre a vraiment lu l’histoire de la conférence nationale des forces vives de la nation. Entre ce qu’on a lu et ce qu’on a vécu, il y a un large fossé. Cela se comprend à raison avec le ministre Bako car aucun de ceux qui ont vraiment pris part aux travaux de la Conférence national ne traiteront l’église catholique de la sorte. Le père fondateur de la constitution comme le Professeur Maurice Ahanhanzo Glèlè, les grandes figures de la Conférence nationale de 1990 comme le Professeur Robert Dossou, Albert Tévoèdjrè, Moïse Mensah, et autres ne traiteront jamais l’église catholique comme l’a fait notre ministre hier. Ils ne pourront le faire parce qu’ils ont vécu la conférence nationale. Ils ont subi les émotions, les pressions, éprouvé les peurs, apprécié la contribution de l’Eglise catholique à un moment donné, bref, ils ont été les témoins vivants de ce rendez-vous historique. Ils ne l’ont pas lu dans les archives. La différence est nette. Celui qui se livre actuellement en donneur de leçon n’a certainement pas vécu tout cela. Il a raison de parler ainsi et on le comprend. C’est une erreur de jeunesse. L’Eglise catholique dans sa magnanimité l’a certainement pardonné. Tournons cette page et attelons-nous au propos du ministre de la République. La déclaration de l’Eglise catholique sur la question de la révision de la Constitution est sa position. Il faut la respecter et même considérer qu’elle exprime l’aspiration de la majorité des Béninois. Mais quand le ministre, déclare que le clergé n’est pas représentatif du peuple se mélange les pédales puisque les catholiques béninois ne sont pas en dehors du peuple. Idem pour les musulmans. Ceux-ci ne sont pas certes représentatifs du peuple, mais ils sont une partie du peuple tout comme les catholiques et leur avis doit être pris en compte. Donc minimiser la position d’une communauté religieuse au motif qu’elle ne représente pas le peuple est une erreur grave qu’on pourrait tolérer si cela émanait d’un béninois quelconque. C’est un discours non rassembleur qu’il faut vraiment éviter à l’avenir. C’est normal que le gouvernement clarifie ses intentions en envoyant une lettre au clergé. Mais aller jusqu’à dire que le clergé est ignorant de certaines informations sur la situation sociopolitique et économique du pays est une fois encore une erreur grave. De quelles informations parle le ministre qui n’ont pas été déjà sues ? Non, l’église catholique mérite mieux. Le ministre a tenté de se racheter par la suite, mais c’était déjà tard. La balle est lancée et la cible, atteinte. Mais ceci peut être corrigé. L’urgent, c’est de tourner au plus vite la page. Comme l’a dit l’autre au cours d’une cérémonie de passation de service. « Vas ministre, et ne pêches plus ».