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Lutte contre l’impunité : L’heure de vérité entre Yayi et sa majorité
Publié le mardi 12 fevrier 2013   |  Le Matinal


Conférence
© aCotonou.com
Conférence de presse du président Thomas Yayi Boni


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Vu les derniers développements de l’affaire liée à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, on constate que le Chef de l’Etat a affiché sa détermination à lutter contre l’impunité. Reste à savoir s’il pourra concilier la bonne gouvernance et les intérêts de sa majorité à l’Assemblée nationale.


Tolérance zéro contre l’impunité. C’est le slogan que lance le Chef de l’Etat, toutes les fois qu’il parle de la lutte contre la corruption, le clientélisme et l’impunité. Avec l’évolution du scandale lié à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale, il semble que le Président de la République a enfin décidé de prendre le taureau par les cornes. La mise en détention de plus d’une dizaine de personnalités et la demande de poursuite des anciens ministres François Noudégbessi et Soulé Mana Lawani dans cette affaire en sont l’illustration parfaite. Malgré ses actions, les Béninois se demandent si le président Yayi Boni peut aller loin. Il faut dire que la mise en accusation de ces deux anciens membres du gouvernement n’est pas encore un acquis. A l’époque, des députés n’ont-ils pas d’une manière ou d’une autre cautionné ce scandale à travers des pots de vin ? Ces derniers accepteront-ils de livrer à la justice Noudégbessi et Lawani ? Ces interrogations se justifient dans la mesure où dans ces genres de scandales, les responsabilités sont souvent multiples. Mieux, il existe au sein de la majorité présidentielle des voix discordantes qui ne suivront pas certainement les consignes dictées par le Chef de l’Etat. A l’instar du député Candide Azannaï qui s’est opposé hier au sein de la Commission des lois à la demande de poursuite de l’ancien ministre Armand Zinzindohoué, il y a d’autres députés qui feront des choix qui pourront étonner à cause des rapports qu’ils ont avec les mis en cause. Le Chef de l’Etat devra donc revoir sa stratégie afin de convaincre la majorité des membres des Forces cauris pour un Bénin émergent à faire sienne sa vision ; celle de la lutte contre l’impunité. En effet, selon la Constitution béninoise, la décision de poursuite des membres du gouvernement est votée à la majorité des deux tiers des députés composant l’Assemblée nationale. Face à cette disposition, Yayi Boni a de quoi s’inquiéter quant à l’aboutissement de ces requêtes.

Autres scandales

Mais que pourra faire le président Yayi Boni face aux nombreux autres cas de scandales ayant frappé l’administration publique ? Depuis quelques années, on a noté que l’Assemblée nationale est devenue le refuge de certaines personnalités politiques. Des députés de la présente législature sont cités dans plusieurs dossiers de mauvaise gestion au sommet de l’Etat. On se rappelle de l’ancien ministre chargé des Relations avec les institutions, Valentin Houdé suspecté d’avoir trempé dans l’affaire Lépi sous le régime du Président Mathieu Kérékou. Une affaire qui avait conduit son prédécesseur, Alain Adihou en prison. Malgré les soupçons qui pesaient sur lui, le député Valentin Houdé est resté imperturbable à l’Assemblée nationale. Et ce n’est pas la seule affaire abandonnée. Yayi Boni pourra-t-il réclamer la levée de l’immunité parlementaire de l’Honorable André Okounlola à qui l’on reproche une gestion financière peu transparente dans l’affaire machines agricoles ? L’opinion appelle aussi le Chef de l’Etat à remettre sur tapis l’affaire Sonapra dans laquelle l’ancien Directeur général, Nicaise Fagnon, actuel député ne serait pas tout à fait innocent. L’opinion nationale attend également d’être fixée sur la responsabilité réelle des anciens députés Christine Adjanohoun et Luc da Mata Santa’na dans le scandale Sbee ; une affaire dénoncée par les organisations de la Société civile au début du premier mandat du Chef de l’Etat.

Nouvelle attente

Les Béninois, en donnant la majorité au gouvernement à l’Assemblée nationale, ont opté pour la lutte contre l’impunité érigée en système de gouvernance dans ce pays depuis les indépendances. Une minorité s’enrichit au détriment de la majorité qui croupit dans la misère. Doit-on continuer avec la mauvaise gouvernance ? En tout cas, le pire risque de se produire si les choses restent telles. C’est pourquoi, il est urgent de réviser la Constitution du 11 décembre 1990 pour rendre moins complexe et moins éprouvant le processus devant conduire à la poursuite des fossoyeurs de l’économie nationale.

Jules Yaovi Maoussi

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