Les élections législatives sont passées avec les scores réalisés par les forces politiques en présence. Le septentrion revêt un intérêt particulier pour l’observateur de la vie politique nationale, du fait de l’émergence du phénomène Robert Gbian, qui paraissait prendre le leadership dans cette partie importante du Bénin, au détriment de l’Alliance pour un Bénin triomphant (ABT).
Le président Abdoulaye Bio-Tchané et le Général Robert Gbian constituent les deux attractions de l’échiquier politique du septentrion. Le duel des deux prétendants à la magistrature suprême, a d’abord commencé avec les législatives du 26 avril dernier. C’est avec un grand intérêt, que les Béninois ont suivi ce combat démocratique, qui s’est soldé par des fortunes diverses. Force est de constater, qu’au soir du scrutin législatif, le soleil n’a pas réellement brillé dans le Nord, comme on s’y attendait. Signe que les adversaires de Yayi, ont sous estimé sa capacité de mobilisation, et les grands moyens que lui confère sa position d’homme d’Etat en exercice. Déception et amertume se côtoient désormais dans le rang de l’alliance Soleil à la fin du scrutin. Que va-t-il se passer maintenant s’interrogent tous les Béninois ? Qui va s’effacer au profit de l’autre, pendant la présidentielle de 2016 ? Principal baromètre politique, pour apprécier les forces politiques en présence, les législatives ont en effet révélé les grandes tendances politiques. Certes, la compétition n’a pas été loyale. L’alliance Soleil dirigée par le député Saka Lafia, plusieurs fois candidat à la présidentielle contre Mathieu Kérékou, a dénoncé une fraude à l’échelle industrielle. Curieuse déclaration de la part du président du Conseil d’orientation et de supervision de la Lépi qu’était Saka Lafia, avant d’être dessaisi par la Cour constitutionnelle la veille du scrutin.
Marge de manœuvre réduite
Même si cette alliance est majoritaire, en termes de suffrage exprimé dans les 7ème et 8ème circonscriptions électorales, il n’en demeure pas moins vrai, que le score réalisé n’était pas à la hauteur des espoirs soulevés. 04 au total, contre deux de l’alliance ABT, principale rivale contre qui, le général Robert Gbian s’était dressé, pour arracher le leadership dans le septentrion. Parmi les quatre députés, on pourrait considérer le député Issa Salifou alias « Saley » ainsi que le député Saka Lafia lui-même, comme étant des indépendants. Lesquels, ne sont pas forcément liés, par un quelconque accord de soutien à un candidat désigné, pour une présidentielle. Un véritable dilemme pour le Général Gbian, qui voit ainsi sa marge de manœuvre réduite.
La colère du président
La politique selon les spécialistes, est à la fois un art et une science. Elle est considérée comme une science sociale. En cela, elle ne saurait être exacte, parce qu’évoluant en fonction du temps et de l’espace. En somme, vérité d’aujourd’hui ne saurait être celle d’hier et de demain. En somme, ce qu’on peut considérer comme une contre performance de l’alliance Soleil aujourd’hui pourrait se révéler un élément moteur pour une résurrection. Le handicap, c’est la conjoncture politique défavorable, et la volonté manifeste de nuire du pouvoir à la fois au Général à la retraite et à l’ancien président de la BOAD Abdoulaye Bio-Tchané, tous deux dans le collimateur de Boni Yayi. Face donc à la colère du président Yayi, qui a juré d’en découdre avec celui qu’il considère comme l’ouvrage de ses mains, quand on fait allusion à Robert Gbian, quelle pourrait en être l’alternative possible ? L’union sacrée des forces politiques de l’opposition dans le septentrion ou l’évolution en rang dispersé ? A cette équation difficile, seuls les états major des deux alliances pourraient apporter la réponse idoine. L’élection de Robert Gbian au poste de deuxième vice-président de l’Assemblée nationale, lui donne certes une nouvelle visibilité. Mais, face au rouleau compresseur de Yayi, qui dit-on a la rancune tenace, il y a fort à parier que les mêmes causes, placées dans les mêmes circonstances, peuvent produire les mêmes effets. Tchané-Gbian que va-t-il se passer maintenant ? La balle est dans les camps des alliances respectives.
Brice OGOUBIYI