En dépit des obstacles rencontrés dans l’accomplissement de sa mission républicaine, le ministre Mêmouna KORA ZAKI a montré mardi dernier les objectifs phares qu’elle dit avoir atteints. Sortant de ce ministère le moral haut, elle avoue avoir accompli sa mission avec succès. Son séjour de vingt-sept mois à la tête du ministère du Travail et de la Fonction publique en dit long. De la prestation de serment des cadres de l’administration du travail bloquée depuis 1987 en passant par l’invitation de tous les ministres à la création des conseils sectoriels du dialogue social dans leurs ministères respectifs, le désormais ex-ministre du Travail a passé le flambeau à son successeur en soutenant qu’elle a accompli de durs labeurs par la force du travail bien fait.
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(Cotonou-INFOSEC, le mardi 13 août 2013)
- Excellence Monsieur le Ministre du Travail, de la Fonction Publique, de la Réforme Administrative et Institutionnelle chargé du Dialogue Social ;
- Mesdames et Messieurs les Ministres ici présents, en activités ou non ;
- Honorables députés à l’Assemblée Nationale ;
- Mesdames et Messieurs les Représentants des Institutions et Organisations Internationales ;
- Mesdames et Messieurs les Directeurs et membres des Cabinets, centraux, généraux et techniques du ministère ;
- Messieurs Généraux des entreprises et offices sous tutelles ;
- Honorables invité, distingués parents, frères et sœurs, amis et alliés ;
- Chers travailleurs et travailleuses.
Je rends grâce à ALLAH, le Tout Puissant et le Très Miséricordieux qui m’a accordé la santé et m’a inspirée tout au long des 27 mois que je viens de passer au sein du Gouvernement en tant que Ministre du Travail et de la Fonction Publique.
Je dois rendre un vibrant hommage à son Excellence, le Docteur Thomas Boni YAYI, Président de la République, Chef de l’Etat et Chef du Gouvernement qui m’a donné l’occasion de faire cette merveilleuse expérience à ses cotés. Puisse ALLAH le combler de sa grâce infinie !
Je voudrais profiter de cette même occasion pour rendre également un hommage mérité à mes parents, à mon époux, à toute la commune de Péhunco pour leur soutien indéfectible.
Je n’oublie pas également les cadres et agents qui ont travaillé avec moi sans arrière pensée durant tout ce parcours pour accomplir efficacement la mission qui m’était dévolue.
Excellence Monsieur le Ministre entrant, Mesdames et Messieurs.
A la tête du ministère dont j’ai eu la charge, l’expérience vécue a été très enrichissante et jonchée parfois de beaucoup d’obstacles. En effet, un ministère ou cohabitent des acteurs (Gouvernement, Employeurs privés et travailleurs) dont les intérêts sont divergents, ne saurait être facile à gérer contrairement aux autres ministères où il n’existe pas ce clivage. Etant au centre en tant que Ministre pour faire respecter et appliquer de façon conséquente et responsable les normes internationales et nationales du travail en vigueur dans notre pays qui a opté pour un Etat de droit, ce que les employeurs privés n’ont pas toujours tendance à accepter parce qu’à la recherche du maximum de profits, la tâche ne pouvait être aisée.
Quant aux représentants des travailleurs ayant pour rôle la défense des intérêts matériels, professionnels et moraux de leurs mandants, ils confondent ce rôle et tendent à outrepasser les limites de leurs prérogatives statutaires et réglementaires. Ils confondent de nos jours leurs prérogatives pourtant limitées par les normes internationales et nationales du travail à celles de l’employeur en général, et en particulier à celles de l’Etat-Employeur. Pourtant, ils prétendent dire qu’ils maitrisent les normes du travail à qui veut les entendre et les écouter.
Par ailleurs, aucune plainte de travailleurs ou de leurs organisations syndicales respectives devant le Comite de la Liberté Syndicale du Conseil d’Administration au B.I.T ne saurait prospérer ou aboutir si à l’origine, elle ne respecte pas les dispositions de la convention n°87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical de 1948 ratifiée par le Benin et publiée dans le journal officielle 27 août 2007 sous mon impulsion et dont les travailleurs maitrisent très peu ou connaissent insuffisamment les dispositions notamment en ce qui concerne le respect de la légalité en vigueur dans notre pays. Je voudrais citer entre autres, les grèves contre nature et intempestives, les sit-in, les marches organisées par les responsables syndicaux ou non et surtout les revendications inutiles, inopportunes et incessantes.
Le Comite de la Liberté Syndicale du Conseil d’ Administration du B.I.T dans sa jurisprudence et réagissant récemment à la plainte de certaines organisations syndicales béninoises sur la question des défalcations opérées par le Gouvernement sur salaires pour fait de grève, a eu à préciser sans complaisance aux organisations plaignantes que ces mesures prises par le Gouvernement de mon pays ne sont nullement contraires au principe de la liberté syndicale. Maintenant, il s’agira pour les syndicalistes de mon pays de prendre acte de cette décision salutaire qu’ils cachent à leurs militants pour revoir leurs stratégies d’organisation et de lutte syndicales dans l’intérêt bien compris des travailleurs à la base. C’est la vérité universelle et elle est exigeante pour les responsables syndicaux qui ne veulent pas entendre parler en bien des principes et règles qui fondent un Etat de droit dans lequel, l’autorité de l’Etat doit être affirmée, restaurée et respectée à tous les niveaux. Pour y parvenir, un Ministre responsable comme moi devrait se débarrasser de tout sentimentalisme quel qu’en soit le prix à payer.
Que me vaut cette haine, Mesdames et Messieurs, cette jalousie et cette méchanceté caractérisées et notoires de la part de certains citoyens ou ennemis jurés de notre peuple, et de leurs complices passifs ou actifs tapis dans les rangs de notre administration qui préfèrent faire ou encourager le syndicalisme de la rue, le syndicalisme anarchiste, le syndicalisme ordurier devant la presse, prôner l’absentéisme, le vol, le rançonnement, la gabegie, la corruption et la paresse à leurs postes de travail au détriment de l’intérêt général de l’Etat et de celui des entreprises, et ce, au mépris des dispositions du statut général des APE, des codes du travail et de la sécurité sociale avec leurs textes respectifs d’application?
La réponse est toute simple. C’est le respect des textes que j’exige qui leur fait mal car, leurs protestations, actions de tous ordres et revendications n’observent nullement les dispositions légales et réglementaires en vigueur dans notre pays. Voila ce qu’ils me reprochent et que soutiennent certains pas qui ne veulent pas du développement de notre pays. Mais malgré ces obstacles, j’ai pleinement exercé ma fonction avec loyauté, foi et abnégation, n’en déplaise aux mécréants. Je sais et j’ai la conviction que j’ai joué ma partition et surtout, servi mon pays et mon Gouvernement avec respect et dévotion. A l’histoire de juger la pertinence de mes actions posées à la tête de ce ministère que je laisse à mon successeur. Notre administration ne doit pas être laissée à des agitateurs, à des anarchistes fussent-ils des représentants supposés légaux des travailleurs qui ne cultivent que des vices dommageables à notre pays.
Je voudrais en conséquence vous retracer Excellence Monsieur le Ministre entrant, Mesdames et Messieurs les invités, en vos grades et qualités respectifs, les quelques actions phares que j’ai menées durant les 27 mois écoulés à savoir :
- la prestation de serment des cadres de l’administration du travail bloquée depuis 1987 et que j’ai rendu effective pendant mon séjour ;
- la ratification et la publication de plusieurs conventions internationales du travail;
- la promotion et la formation des cadres du Ministère du Travail et de la Fonction Publique longtemps marginalisés ;
- l’effectivité de la délocalisation longtemps réclamée par les travailleurs du Ministère du Travail et de la Fonction Publique et pour laquelle je me suis investie personnellement auprès du Chef de l’Etat, son Excellence le Docteur Thomas Boni YAYI ;
- l’élaboration d’un bulletin des statistiques du travail qui n’existait pas;
- la renaissance et la dynamisation du magazine d’information des usagers intitulé «Le Monde du Travail» ;
- la création du Site Web du ministère ;
- la mise en place de deux numéros verts pour dénoncer les pratiques prédatrices existantes dans la fonction publique ;
- l’invitation de tous les ministres à la création des conseils sectoriels du dialogue social dans leurs ministères respectifs ;
- la réorientation de la pratique du mouvement syndical national et surtout du partenariat Gouvernement/organisations syndicales en mettant en œuvre, une éducation ouvrière responsable et de qualité qui mette au devant de toutes considérations, l’intérêt général au détriment des intérêts personnels ;
- la réactivation de la commission nationale de vérification de l’authenticité des diplômes des agents de l’Etat civils et militaires qui a pu détecter dans le cadre de la moralisation de la fonction publique, trente-un (31) agents faussaires ou présumes faussaires;
- l’effectivité des reformes de la fonction publique qui ont abouti à l’adoption par le Conseil des ministres, d’un document de stratégie globale de reforme de la fonction publique et de son plan d’action qui est entrain d’être mis en œuvre ;
- l’élaboration et l’adoption de deux (02) décrets devant nous conduire a l’organisation prochaine de la troisième édition des élections professionnelles nationales qui étaient bloquées depuis 2010. A cet effet, je voudrais particulièrement attirer l’attention de mon successeur sur les risques que nous courrons à ne pas organiser effectivement la troisième édition des élections professionnelles nationales avant la fin de l’année 2013 car, certains responsables syndicaux nationaux «baobabs» et pas des moindres, n’en veulent pas (et je pèse bien la portée de mes mots) alors que depuis environ trois (03) ans, leur légitimité est fortement entamée dans les différents organes consultatifs existants dans notre pays et dans nos relations de coopération technique sur le plan international en matière de travail. On peut ne pas accepter ma rigueur dans tous les sens, mais il ne faudrait pas non plus abuser impunément de tout notre peuple laborieux auquel nous avons tendance à cacher la vérité, celle-là qui me vaut des inimitiés dans certains milieux syndicaux et administratifs. «La loi est dure, mais c’est la loi» dit-on en droit.
Comme vous le constatez avec moi Monsieur le Ministre, la tache que j’ai abattue avec l’appui de mes collaborateurs sincères et compétents est incommensurable et nécessite que vous la poursuiviez avec tact et habilité car, tant qu’il reste à faire, rien n’est encore fait. J’ose croire que ceux-ci ne vous marchanderont pas leur collaboration.
A tous les invités ici présents, je dis merci pour avoir fait le déplacement. Je demande vivement à ALLAH le Grand Maitre des cieux et de la terre de vous reconduire chacun chez soi en bonne santé.
Je souhaite à Monsieur le Ministre entrant, pleins succès dans ses nouvelles fonctions.
- En avant pour la promotion d’une administration de qualité au service de notre peuple et de ses usagers ;
- En avant pour le raffermissement et le respect de l’autorité de l’Etat dans tous nos ministères et dans nos entreprises ;
- En avant pour l’organisation et la gestion des négociations collectives et du dialogue social qui respectent les règles de l’Etat de droit;
- Osons lutter ensemble et fermement contre le régionalisme et l’ethnocentrisme qui caractérisent certains citoyens qui se disent défenseurs du civisme et de la démocratie et détruisent malheureusement notre administration publique.
Ma personne ne compte absolument pour rien, mais c’est l’intérêt général que nous devrons tous préserver et défendre partout ou besoin sera.