En prélude à une rencontre qu’il projette pour ce jour avec les responsables de l’Université d’Abomey-Calavi (UAC) pour s’enquérir de la situation de crise qui y prévaut et rechercher par la même occasion une solution, le ministre d’Etat en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a reçu hier, mercredi 10 juin, des responsables des trois organisations estudiantines de ladite université. François Abiola a voulu à travers cette concertation, comprendre les mobiles des derniers mouvements qui ont mis à mal la quiétude à l’UAC.
La position des responsables de la Fédération nationale des étudiants du Bénin (FNEB), de l’Union nationale des étudiants du Bénin (UNEB) et de la section UAC de l’Union nationale des scolaires et universitaires du Bénin (UNSEB) est sans ambages. Le retour de la tranquillité et la reprise des cours sur le campus d’Abomey-Calavi sont subordonnés au retrait des forces de sécurité et de défense déployées sur les lieux et ensuite à la suppression pure et simple de la session unique, actuellement voulue par les autorités universitaires à la FLASH. A cela, ils ont également ajouté la libération de leurs camarades arrêtés, même si cette dernière préoccupation est glissée beaucoup plus à titre de doléance. Face au ministre d’Etat François Abiola, c’est avec fermeté qu’ils lui ont fait savoir à tour de rôle, pourquoi et comment l’UAC, après une longue période d’accalmie est redevenue un lieu d’affrontement. En réalité, celui-ci, absent du territoire national au moment du déclenchement du mouvement a voulu comprendre pourquoi les responsables d’étudiants ont rompu les engagements pris précédemment devant lui, en basculant dans la violence.
Les origines du malaise
Selon Fidèle Bocossa, le président de l’UNEB, tout serait parti du Comité de direction (CODIR) de la Faculté des Lettres, Arts et Sciences humaines (FLASH) du 23 mars 2015. Lequel aurait décidé de la suppression de la session de rattrapage au motif que le nombre des étudiants de cette seule faculté fait la moitié de l’effectif de l’université et que ces derniers mettent plus de temps pour composer, qu’ils n’en mettent pour suivre les cours. Cette décision n’aurait pas été du goût du Bureau d’union d’entité (BUE/FLASH) qui a aussitôt entrepris des démarches, introduisant surtout des demandes d’audience auprès des autorités. Dans la foulée, le BUE, poursuit Fidèle Bocossa, a été reçu par le Recteur de l’UAC qui, à ses dires, n’a pas pu décanter la situation. Celui-ci a dit au ministre d’Etat que le compte-rendu fait par le BUE aux responsables fédéraux d’étudiants évoque plutôt des « menaces » et le Recteur aurait même «menacé de faire fermer les portes de la FLASH». Face à cette situation, les responsables de la FNEB, de l’UNEB et de l’UNSEB ont eux aussi, explique-t-il, engagé des démarches. Lesquelles n’ont malheureusement pas abouti non plus. A vrai dire, ceux-ci, avec des mots à peine voilés imputent la responsabilité du mouvement qui a embrasé le campus de l’UAC, depuis samedi dernier, à un mauvais coaching des autorités rectorales. D’ailleurs, ont-ils clamé, le mouvement prévu et dont la motion leur a été déposée était «pacifique» et l’escalade de la violence aurait été engendrée par le convoyage des éléments des CRS qui auraient réagi par la violence, face à la supplication des responsables d’étudiants qui leur demandaient de ne pas s’en prendre à leurs camarades.
A la suite de Fidèle Bocossa, Bill Souleymane Kingninouho de la FNEB et Kévin Kodjo Davo ont exposé d’autres préoccupations de la masse estudiantine comme par exemple, celles portant sur les faux frais.
Que faire maintenant ?
C’est la réponse à cette question qui préoccupe le ministre François Abiola. En attendant de s’entretenir avec les responsables de l’UAC ce jour, il a obtenu de ses invités d’hier, la cessation imminente de la paralysie du campus à condition que les forces de l’ordre se retirent des lieux et que la session de rattrapage soit maintenue. Pour le ministre d’Etat, les problèmes des étudiants sont de trois ordres et ne sont même pas « insolubles ». Il a déploré l’absence de dialogue qui a conduit à cette situation fâcheuse et a demandé aux responsables fédéraux « les assurances » pour un maintien de l’ordre. Seule condition à laquelle il promet agir.
Josué F. MEHOUENOU