Invités sur les antennes de la radio ‘’Océan Fm’’ dans l’émission interactive dominicale ‘’Cartes sur table’’, le juriste Serge Prince Agbodjan et le journaliste Maurice Chabi se sont prononcé sur la question de la formation du nouveau gouvernement. C’était hier Dimanche 18 août 2013...
L’actualité nationale tourne depuis quelques jours, autour de la formation du deuxième gouvernement de Boni Yayi II, et de la révision de la Constitution. Invités à faire des analyses sur les sujets, Maurice Chabi veut rester prudent par rapport au nouveau gouvernement. À cet effet, il dit attendre la nouvelle équipe à l’œuvre avant d’aller à toutes appréciations. Idem pour Serge Prince Agbodjan qui, indique qu’il est difficile pour l’instant de se prononcer sur le nouveau gouvernement. Cependant, ce dernier opine sur la forme de l’équipe. Selon lui, le Chef de l’Etat n’a pas respecté sa parole donnée devant une éminente personnalité américaine qui est d’en arriver à une représentation paritaire entre les femmes et les hommes dans son prochain gouvernement. Autrement dit, le gouvernement doit compter autant de femmes que d’hommes. Le nombre de femmes a diminué au contraire. (On n’en compte que six femmes soit (23%) contre vingt ministres hommes, Ndlr). Sur ce, Maurice Chabi ne va pas par quatre chemins. Il renchérit qu’un tel remaniement veut simplement dire que le Président de la République a fait entorse à sa propre parole. « C’est un mensonge à la tête … », ajoute-t-il. Sur la forme de l’actuel gouvernement, Serge Prince Agbodjan dit s’attendre à une réduction des postes ministériels. Ceci, conformément au communiqué de la présidence au soir du 8 août dernier, démettant tous les ministres de leurs fonctions. Pour lui, il ne comprend pas pourquoi il existe aujourd’hui presque deux ministères qui s’occupent de l’environnement à savoir le ministère de l’environnement, de l’assainissement, de l’urbanisme et de l’habitat et celui chargé de la Gestion des changements climatiques, du reboisement et de la protection des ressources naturelles et forestières. De plus, il ajoute qu’il a comme l’impression que certains ministres ne s’y connaissent pas dans leur département ministériel. Dans ce jeu de complémentarité sur le plateau, Maurice Chabi pense que le Président a été pris de court vu que le Parti du Renouveau Démocratique (Prd) a refusé de participer à l’actuelle équipe gouvernementale. Selon le juriste, le Président ne devait pas choisir celui qu’il veut. Mais celui qui peut. Autrement, la personne qu’il faut à la place qu’il faut. Il poursuit en déclarant que le gouvernement ne devait pas lutter contre la pauvreté comme le dit le communiqué de la présidence. Il doit plutôt créer de la richesse qui se ressentirait dans le panier de la ménagère, bref au sein de la population.
Halte aux discours politiques … mais des actes de confiance Maurice Chabi pense qu’il ne sert à rien de changer un gouvernement. Mais, il faut éviter les discours qui, jusque-là ne se concrétisent pas. Il faut des actes concrets, suggère Serge Prince Agbodjan. Se prononçant sur la manière dont l’ancien gouvernement a été dissout, Serge Prince Agbodjan estime, que c’est ‘’un manque d’élégance pour les ministres maintenus’’. Sur ce, Maurice Chabi a souhaité que le Chef de l’Etat monte au créneau pour donner les vraies raisons qui l’ont poussé à limoger tous les ministres. Pour les deux invités il y a une crise de confiance entre les dirigeants et le peuple. Pour cela, le chef de l’Etat doit travailler à restaurer la confiance réciproque. Ceci ne peut être une réalité que par des actes de confiance visible pour les citoyens, selon Serge Prince Agbodjan. Pour lui, le 1er août dernier a été une occasion manquée par le Chef de l’Etat de reconquérir ou de redonner confiance aux citoyens. Ceci après l’entretien du 1er août 2012 qui a frustré plus d’un. De même, vu que le Président n’a pas respecté sa parole de parité en matière de représentativité des femmes comme des hommes dans ce nouveau gouvernement, Serge Prince Agbodjan, pense que la réforme de la révision de la Constitution ne doit plus être à l’ordre du jour. Il a exprimé sa satisfaction pour le clergé béninois qui, dans un communiqué en date du 15 août dernier, s’oppose aussi à la révision de la Constitution. Les intervenant de cette émission qui se veut interactive, pensent de leur côté que si le Président tient à la révision de la Constitution, c’est parce qu’il sait qu’il ne peut plus tenir sa promesse contenue dans son programme de société. Les contre-pouvoirs fuient leurs responsabilités.
Le juriste Serge Prince Agbodjan pense que si le pays traverse une telle crise, c’est parce que les contre-pouvoirs ne jouent plus leurs rôles. Il donne l’exemple de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) qui, jouant sa partition a contraint le gouvernement à sursoir aux nominations et à aller de nouveau aux pourparlers. En guise d’illustration encore, il donne le cas du juge Euloge Akpo qui été contraint de démissionner de la Cour constitutionnelle, parce que ne remplissant pas toutes les conditions requises pour siéger parmi les ‘’sages’’ de la République. Pour lui, la prolongation des mandats des maires pour une durée indéterminée par les députés de la cinquième législature, traduit si besoin en était, l’inaction des contre-pouvoirs. Car, on ne peut pas prolonger les mandats des maires sans que la population qui les a élus ne soit pas consultée.