Un ministre béninois a déclaré vendredi, à l'occasion de la Journée mondiale contre le travail des enfants, que le phénomène prend encore de l'ampleur dans le pays, où le taux du travail des enfants dépasse 50%.
Selon l'Enquête par grappes à indicateurs multiples (MICS) réalisée en 2014 par l'Unicef, le taux du travail des enfants progressé au Bénin ces deux dernières décennies, en passant de 34% à 52,2%.
Le ministre béninois du Travail et de la Réforme administrative et institutionnelle, Yaya Aboubakar, a déclaré à Xinhua que l' immersion précoce des enfants à la vie active est un phénomène qui s'est développé de manière insidieuse dans la vie des populations béninoises.
"Les enfants constituent les piliers sur lesquels nous devons bâtir, assurer et garantir un meilleur avenir à notre pays. Les soumettre précocement au travail revient à hypothéquer l'avenir de notre nation en la privant de ses ressources les plus déterminantes pour un lendemain meilleur", a-t-il indiqué.
Il a déploré le fait que le travail des enfants continuent de prendre de l'ampleur au Bénin et entrave le devenir de bon nombre d'enfants, malgré les efforts déployés par le gouvernement dans l' éducation, notamment la gratuité de l'enseignement primaire et maternel et la gratuité pour les filles du secondaire.
"Je me lève tous les jours au premier chant du coq pour m' atteler à mes tâches domestiques, notamment la vaisselle, la lessive, le repassage, la cuisine, les petites courses, et conduit les enfants de ma tante à l'école, ce qui me prend d'ailleurs toute la journée, au point où je suis encore la dernière personne à aller se coucher le soir dans la maison", a témoigné Pélagie Dossou, une fille de moins de 12 ans placée chez l'une des soeurs de sa mère à Cotonou, dans l'enquête MICS.
"Depuis trois ans, je suis avec la soeur de ma mère à Cotonou, elle ne m'a jamais inscrit dans une école, ni dans un atelier pour un quelconque apprentissage", a-t-elle affirmé.
Comme Pélagie Dossou, des milliers d'enfants béninois, généralement des petites filles, effectuent des travaux domestiques dans les maisons des grandes villes du pays, et arpentent les principales artères et places de marchés à longueur de journée pour vendre divers produits.
En outre, de plus en plus d'enfants béninois sont clandestinement acheminés vers des pays voisins en vue d'une plus grande exploitation et d'un profit plus important.
L'enquête MICS, un programme international d'enquête-ménage élaboré par L'Unicef, produisent des données solides pour une série d'indicateurs, en particulier la santé, l'éducation, la protection de l'enfant et le VIH/sida.
Selon les dernières statistiques de l'Institut national de la statistique et de l'analyse économique (INSAE) du Bénin, plus de 664.000 enfants béninois sont économiquement occupés.
Les enfants en milieu rural sont plus économiquement occupés, avec un taux de 42,3%, contre 18,4% en milieu urbain. Le groupe d' âge le plus occupé est celui de 14-17 ans (43,2%), suivi des 12-13 ans (39,6%) et des 5-11 ans (29,5%).
Selon une récente étude réalisée par le ministère béninois du Travail, les causes qui sont à l'origine du travail des enfants béninois sont notamment la pauvreté, l'orphelinat, le faible niveau de scolarisation des parents, l'exode rural, la tradition et le faible coût de la main d'oeuvre infantile.
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