Les caisses de l’Etat sont vides. Il n’y a plus de l’argent au Trésor public ». L’information grâce à la magie des réseaux sociaux a fait le tour du monde. Et ceci, au moment où le ministre de l’économie et des finances est absent du territoire national pour participer à la 40è réunion annuelle du Groupe de la Banque islamique de développement à Maputo. Fort heureusement, la réalité est toute autre. Le ministre Komi Koutché n’a pas attendu de rentrer au bercail pour répondre à cette interpellation. Les clarifications qu’il a apportées (lire ci-dessous) au cours d’un point de presse organisée à Maputo montrent d’ailleurs que ce sont les courageuses réformes engagées depuis décembre 2014 et qui font leur petit bonhomme de chemin qui gênent. « Les caisses ne sont pas vides. Pour apprécier la situation de la caisse de l’Etat il faut se situer à deux niveaux. Le premier niveau c’est la situation des recettes. Le deuxième niveau d’analyse de la situation de la caisse de l’Etat ce sont les dépenses. Je voudrais rassurer les uns et les autres que nous ne sommes pas en difficultés financières », a précisé le ministre Komi Koutché.
Déclaration du ministre des finances sur la trésorerie de l’Etat
« (…) Nous venons d’accomplir un séjour bien réussi ici à Maputo dans le cadre de la 40è réunion annuelle de la banque islamique de développement et à cette réunion le Bénin a été à l’honneur parce que nous avons été le pays qui a pu bénéficier de plus d’accord de financement en montant plus de 150 milliards de FCFA ce qui témoigne de la pertinence des programmes qui sont en cours d’exécution au Bénin et de la crédibilité du Bénin auprès de ses partenaires étrangers. Quant aux rumeurs qui sont véhiculées ces derniers moments sur ce qui concerne les difficultés financières de l’Etat, je voudrais rassurer les uns et les autres que nous ne sommes pas en difficultés financières. Nous comprenons bien ce qui est à la base de ces interprétations. Je parle d’interprétation parce que nous avons amorcé des réformes et comme vous le savez, ces reformes c’est de faire en sorte que nous puissions limiter autant que faire se peut les accumulations d’instance au niveau du trésor public. Cela nous amène à ce que nous puissions arrimer les charges de l’Etat au rythme de trésorerie. Ces réformes que nous avons engagées vers la fin de l’année 2014 ont permis de commencer par adopter un nouveau rythme de payement des prestataires au niveau du trésor public. Jusqu’en janvier tout était payé en temps réel parce que les réformes en plus d’introduire l’efficacité dans les gestions de la dépense publique visait à faire en sorte qu’on puisse limiter les contacts entre ceux qui prétendent à des paiements dans le circuit financier et ceux qui sont chargés de payer limitant ainsi le périmètre du marché de la corruption. Ces réformes ont véritablement commencé par prendre bien que n’étant pas encore à l’optimum de leur maturité. Ainsi jusqu’en février, nous avons réussi à payer de façon automatiser et selon la méthode FIFO c’est-à-dire selon la chronologie des entrées des titres au niveau du trésor tous les titres qui sont allés au trésor. A la date où je vous parle, au terme des normes du FMI nous n’avons pas d’arriérés de paiement. Vous comprenez alors que lorsqu’on commence une telle réforme qui tranche avec un passé où les gens ont leur titre attendent des mois avant d’être payés et qu’avec la réforme, de façon automatique sans aller voir qui que ce soit il commence à être payé et que subitement ça ne continue pas les gens se disent qu’est ce qui se passe ? Je voudrais rassurer tout le peuple béninois et tous les opérateurs qui ont des relations d’affaires avec l’Etat que ces réformes continuent. Il y a juste que de Février à aujourd’hui nous gérons des situations qui ne sont pas ordinaires. Qu’il vous souvienne que de Février jusqu’à aujourd’hui, la période de temps a été caractérisée par le financement de la période électorale. Et comme vous savez nous continuons de gérer cette période et nous irons bientôt vers les opérations des élections municipales. Nous avons géré de février jusqu’à aujourd’hui la crise énergétique qui n’était pas une crise prévisible mais qui entraîne des fonctions importantes dans la trésorerie de l’Etat. De février jusqu’à aujourd’hui, nous avons géré d’autres opérations sinon d’autres évènements qui ne sont pas des évènements prévus initialement dans les hypothèses des gestion des finances publiques tels que des sorties de fonds que nous avons faits au titre des projets de protection de la côte notamment l’épi de SIAFATO avec PROSCALIS pour lequel les bailleurs qui devaient mettre les fonds en place étaient un peu en retard et l’Etat s’est substitué pour faire les avances. Toutes ces opérations cumulées avec la crise énergétique qui nous imposent des sorties des fonds importants non seulement pour faire fonctionner les groupes électrogènes pour donner de l’énergie à nos populations mais aussi des accords qui n’étaient pas prévus au départ et qui ont dû être passées avec la Communauté Electrique du Bénin pour garantir la stabilité énergétique. Toutes ces opérations ont fait que la planification initiale de la trésorerie ne pouvait pas être respectée. Vous comprenez que quand les opérateurs économiques prétendent à des paiements qu’ils n’ont pas, ça ne leur permet pas de tourner leur affaire et la première idée qu’ils se font tout de suite c’est de dire que les caisses de l’Etat sont vides. Les caisses ne sont pas vides.
Pour apprécier la situation de la caisse de l’Etat il faut se situer à deux niveaux. Le premier niveau c’est la situation des recettes. Je voudrais dire que pour ce qui concerne les recettes nous sommes dans une situation conjoncturelle qui a affecté toute la sous-région et cette situation conjoncturelle a pour élément déterminant notamment les élections qui ont eu lieu dans la sous-région. Le Nigeria c’est le plus gros paradis économique des pays de la sous-région notamment du Bénin du fait de sa proximité géographique. Nous avons eu des élections au Togo et au Benin. Et en période électorale généralement, il est noté un attentisme au niveau des opérateurs économiques c’est ce qui affecte du coup les ressources qui proviennent par la fiscalité de porte et je peux vous dire pour ce qui concerne les fiscalités internes les prévisions sont généralement respectées aussi bien au niveau du trésor qu’au niveau de l’administration des impôts, il faut aussi ajouter le tarif extérieur commun. Entre collègues on se parle et je peux vous dire que globalement les prévisions de recette au niveau du Bénin ont été réalisées à 90% au moins. J’ai échangé avec certains collègues de la sous-région qui n’ont pas pu atteindre leur performance à 60%. Le deuxième niveau d’analyse de la situation de la caisse de l’Etat c’est les dépenses. Au niveau des dépenses, je viens de vous dire les gros événements imprévisibles qui sont venus affecter la trésorerie et qui ont fait qu’on ne pouvait pas respecter la planification initiale qui permettait de payer les gens au fur et à mesure. Notre rêve c’est de faire en sorte qu’à terme tout ce que les opérateurs économiques ont comme paiement dans le circuit du trésor public soit payé en une semaine au plus c’est ce que nous sommes en train de faire. D’ici le mois de juillet les opérateurs économiques pourront accéder à la vérification de la position de leur titre au niveau du trésor public par de simple Sms. Parlant justement des dépenses il est important de savoir que le Bénin, du fait des grandes ambitions de développement a initié beaucoup de projets. Le programme d’investissement public a connu un accroissement de 30 % entre 2012 et aujourd’hui. Ce qui veut dire que du point de vue des dépenses nous faisons face à plus de charges qu’hier et quand on parle de la situation de la caisse de l’Etat c’est qu’est ce qui entre et qu’est ce qui sort. Et ce qui sort, à quoi ça sert en lien avec les conditions de vie des populations. La conjoncture régionale n’est pas trop favorable à tous les pays, mais au niveau du Bénin, celle-ci révèle quand même que tout n’est pas pour autant mauvais. L’indice du chiffre d’affaires a connu une augmentation de 3 % au mois d’avril, ça été tiré par un certain nombre de secteur, c’est pareil pour beaucoup d’autres indicateurs qui caractérisent la conjoncture. Voilà ce que je pourrai dire tout en rassurant encore une fois, que nous continuerons les réformes et tout se passera bien».
Fait à Maputo le 10 juin 2015.
Pour le compte du gouvernement,
le Ministre des Finances, Komi KOUTCHE