L’émission « Zone Franche » d’hier, dimanche 14 juin 2015, avait pour invité le maire de la ville de Cotonou. Nicéphore D. Soglo, sur le plateau des confrères de Canal3 Bénin, a évoqué le bilan de ses deux mandats à la tête de la commune. Il n’a pas occulté les questions liées au transfert des compétences et des ressources, à la lutte contre l’insalubrité, à la mobilité urbaine et à d’autres sujets.
Sur Canal 3 Bénin hier, dans l’émission « Zone Franche », Nicéphore Dieudonné Soglo a fait un bilan satisfaisant de sa gestion en deux mandats de la mairie de Cotonou, et ceci malgré les obstacles politiques. «C’est pour apporter mon expertise en matière de gestion locale que j’ai accepté de descendre à la base pour diriger la ville de Cotonou après mon passage à la tête de l’Etat central. Mais je ne savais pas que j’allais me livrer à un combat de nature particulière», a regretté le président Soglo. Il a notamment évoqué de nombreux goulots d’étranglement rencontrés dans sa volonté de moderniser la ville de Cotonou.
Refus de transférer le marché Dantokpa
Comme à son habitude, le président-maire s’est basé sur les textes régissant la décentralisation au Bénin pour rappeler les compétences et les ressources qui devraient être normalement affectées aux communes, notamment les infrastructures marchandes telles que le marché de Dantokpa que le pouvoir central a refusé de transférer à la municipalité de Cotonou, en violation flagrante des textes qui régissent le fonctionnement des communes. «Jai voulu faire de Dantokpa l’un des plus grands marchés de la sous-région avec un boulevard lagunaire. Mon ami Jean-Michel SEVERINO alors patron de l’Agence Française de Développement (AFD) s’était engagé pour le financement. Malheureusement l’Etat central en a décidé autrement. On est passé à côté de quelque chose de bien», a-t-il dit.
En effet, le président Soglo a insisté que la priorité de toute réforme constitutionnelle devra être l’autonomie financière réelle à conférer aux communes ; comme c’est le cas au Canada où après 25 ans de lutte, il est marqué dans la constitution, des ressources affectées aux communes, aux Etats provinciaux et à l’Etat fédéral. « Là, on se marche pas sur les pieds», analyse le président-maire.
Au sujet de la propreté de Cotonou
A ce sujet, le maire a fait cas de trois grandes priorités qu’il s’était fixées à sa prise de fonction. Seulement, «l’Etat central na pas fait son job», a-t-il déclaré. Le président-maire a d’abord rappelé les trois grands pollueurs de la ville que sont le marché Dantokpa, le port autonome de Cotonou et le stade de l’Amitié. Il a expliqué qu’en dehors du port de Cotonou qui fait des efforts salutaires, aucune autre structure, le pouvoir central y compris, n’accompagne la mairie dans ses actions de nettoyage. «Pour la propreté de la ville, c’est l’Etat qui doit mettre les moyens mais ne le fait pas», a déclaré le président-maire de Cotonou. Pour Soglo, l’Etat béninois n’a pas joué son rôle, contrairement à d’autres pays comme le Sénégal, la Cote d’Ivoire, le Cameroun, le Burkina-Faso, où le gouvernement met un budget à la disposition des municipalités pour la propreté des grandes villes. Mais au Bénin, souligne-t-il, l’Etat asphyxie financièrement les autorités municipales à Cotonou pour les discréditer politiquement.
Opération 3CI
L’opération « Cotonou en Campagne Contre les Inondations (3CI)» a été aussi expliquée de long en large. Le problème d’inondation étant sous-régional, touchant l’ensemble des villes du Golfe de Guinée, le président Soglo a souligné que les études ont révélé qu’il faut la mobilisation de 400 milliards de nos francs pour régler durablement ce problème à Cotonou. Mais face à la souffrance de la population à chaque saison des pluies, les autorités municipales ne peuvent pas rester les bras croisés. Autrement, ce serait « non assistance à population en danger ». Alors, en attendant la mobilisation de ces ressources (400 milliards), l’équipe municipale a initié un plan de secours pour soulager les populations sinistrées avant, pendant et après la saison des pluies. Mais au-delà de cela, grâce à l’aide internationale notamment celle de l’Union européenne, des grands travaux sont entrepris. Le président-maire donne l’exemple du bassin d’Agla et du collecteur V2 qui a transformé les 2ème et 3ème arrondissements de la ville.
Le bilan
« Ce qui a marché, c’est que nous avons identifié les problèmes, nous avons fait des études ; les fondations sont faites avec un début de solutions», a dit le président Soglo. Il a ajouté l’aménagement de plusieurs quartiers défavorisés de Cotonou, le pavage de plusieurs axes routiers, la construction et l’équipement des salles de classes, le parking gros porteur, la police municipale, le travail et les progrès spectaculaires dans les marchés secondaires et de proximité. Alors, il a salué les mérites de ses équipes et rendu un hommage particulier à son premier adjoint, Léhady Vinagnon Soglo qui, a-t-il précisé, a été à « la bonne école » durant les deux mandats. « Il a abattu un travail de qualité ; c’est un travailleur acharné ; je suis fier de ses œuvres », ajoute Nicéphore Soglo au sujet de son premier adjoint. Le président-maire Nicéphore Soglo s’est montré serein et confiant pour la victoire de l’équipe que conduit Léhady Vinagnon Soglo aux élections municipales et locales du 28 Juin prochain. «Nous avons un bilan qui se passe de commentaires dans tous les secteurs ; nous avons fait un travail de qualité ; nous avons mené le bon combat et j’espère que les populations ne feront pas l’erreur de 1996, pour éviter de se mordre les doigts plus tard », a prévenu la première autorité de Cotonou.
Athanase Dèwanou