L’honorable Janvier Yahouédéou devra apporter les preuves de ce qu’il a allégué contre le Président Boni Yayi à la tribune de l’Assemblée Nationale du Bénin le 9 juin 2015. Ainsi en a décidé le secrétaire général du gouvernement qui par correspondance en date du 13 juin 2015 vient de saisir à cet effet l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc).
REPUBLIQUE DU BENIN
Fraternité – Justice – Travail
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PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE
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SECRETARIAT GENERAL
DU GOUVERNEMENT
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N° /PR/SGG/SP/C
Cotonou, le 13 juin 2015
Le Secrétaire Général du Gouvernement
/-)
Monsieur le Président de l’Autorité Nationale de Lutte
contre la Corruption.
Cotonou.
Objet : A/S des accusations graves et mensongères
du Député Janvier YAHOUEDEHOU
Monsieur le Président,
J’ai l’honneur de vous saisir de ce qui suit :
Vous avez pu suivre à l’instar du peuple Béninois, la déclaration du Député Janvier YAHOUEDEHOU délivrée du haut de la tribune de l’Assemblée Nationale lors de la plénière du 9 juin 2015.
En effet, dans sa déclaration, le Député a notamment dit « J’affirme que le Président Boni YAYI est auteur du détournement de la somme de 8 milliards des pauvres citoyens béninois. Je parle de détournement pour rester poli et courtois. Sinon, je parlerais de vol de 8 milliards à l’instar du vol de 3 milliards des contribuables hollandais destinés à l’eau potable. »
Vous conviendrez, Monsieur le Président, qu’il s’agit là, d’une accusation d’une extrême gravité contre le Président de la République. Cette accusation est d’autant inacceptable qu’elle est gratuite et uniquement destinée à couvrir d’opprobre le Président de la République. En outre, elle contribue certainement à ternir l’image de notre pays et de son assemblée.
Au regard de l’émoi et de l’indignation soulevés au niveau des paisibles populations, le Gouvernement vous demande, en votre qualité de Président de l’Autorité Nationale de Lutte contre la Corruption, de vous saisir de cette déclaration du Député Janvier YAHOUEDEHOU et d’exiger de lui la production des preuves de ses allégations aux fins d’éclairer l’opinion publique nationale et internationale.
En comptant sur votre diligence habituelle, veuillez recevoir, Monsieur le Président, l’expression de ma parfaite considération.
Alassani TIGRI
L’Anlc ne doit pas être le bureau de plainte de Yayi
Beaucoup de Béninois l’ignoraient. Aujourd’hui, c’est plus qu’une réalité. L’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) est désormais devenue le Bureau de plainte du Gouvernement et de son Chef, le Président Boni Yayi. Sur plusieurs faits qui n’ont rien à avoir avec la lutte contre la corruption, l’Autorité nationale de la lutte contre la corruption a été saisie par le Gouvernement. La dernière plainte en date remonte au 13 juin 2015. Par cette plainte, le secrétaire général du Gouvernement, M. Alassani Tigri souhaite que l’Anlc demande à l’honorable Janvier Yahouédéou d’apporter les preuves de ses allégations contre le Président de la République dans le dossier relatif au supposé détournement de 8 milliards de F Cfa dans l’affaire Icc-Services. Dans l’affaire que dénonce l’honorable Yahouédéou, est-ce qu’il revient à l’Anlc de demander des comptes au député quand bien même il s’agit d’une diffamation ou d’accusation graves de nature à jeter l’opprobre sur la réputation du Chef de l’Etat ? Certainement pas. Visiblement donc, le Secrétaire général du gouvernement se trompe de repère. Sa plainte devrait plutôt échouer dans un tribunal. L’Autorité nationale de lutte contre la corruption ne semble pas être l’institution à qui le Gouvernement devrait se plaindre en demandant à l’honorable Yahouédéou d’apporter les preuves de ses allégations contre le Chef de l’Etat. Le Président Guy Ogoubiyi de l’Anlc ne doit pas laisser prospérer cette plainte du gouvernement. Ses collègues de l’Anlc et lui doivent montrer au secrétaire général du gouvernement le chemin à suivre. Au lieu de jouer à la ruse et au dilatoire, le gouvernement du Dr Boni Yayi doit plutôt rassembler les éléments qu’il lui faut pour répondre à l’interpellation adressée par l’honorable Janvier Yahouédéou, comme l’exige la procédure parlementaire.
Affissou Anonrin