En régime de démocratie africaine bananière, on n’ignore rien des troisièmes mandats interdits par la constitution, mais que le prince-gouverneur s’octroie au forceps par voie de mensonge, sabre au clair, ou chars et bazookas dehors.
Debout mais le visage tuméfié après le premier KO de leur histoire (contre toute logique, le prince est dit élu dès le premier tour), les Béninois doivent entrer en guérilla pour refuser le coup de Wade et de son troisième mandat, heureusement déjoué dans les urnes par la vigilance des Sénégalais. Mais au regard de l’iniquité subie, les Béninois ont perdu foi dans les urnes et tiennent pour foutaise de faussaire la parole dudit élu. Il court à Rome et à Washington jurer que lui jamais ne briguera un troisième mandat. ‘‘Va te faire voir !’’, lui répondent les Béninois, et ils entrent aussitôt dans la guéguerre des procédures pour briser le cou à toute révision opportuniste de leur constitution.
Pendant quatre ans de bataille juridique, le pays s’est… enlisé : souvent à sec les robinets et les stations d’essence, l’énergie électrique devenue rare comme le caviar dans l’assiette du pauvre ; quant à la connexion Internet, ‘‘Tu parles ! On est retourné à l’âge de la pierre.’’ La guérilla contre le troisième mandat a usé les énergies et arrêté le développement, ou ce qui en tient lieu.
Les Béninois ne sont pas replets et grassouillets comme leur prince, mais ils sont fiers de l’avoir stoppé net dans son élan révisionniste à la Wade. Ils savent que le serpent mort est celui dont la tête est coupée. Aussi persévèrent-ils en vigilance et résistance. A toutes fins utiles. Les Béninois s’en tirent plutôt bien avec un banquier parvenu au pouvoir par hasard. Qu’aurait été le sort de leur guérilla procédurière, s’ils avaient eu affaire à un massacreur sorti tout droit de la forêt après avoir trucidé des milliers d’entre eux ?
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