La République agonise, les fondements sont secoués, mais nos frères musulmans, évangéliques et des religions endogènes ne s’en émeuvent guère. Ils ont visiblement fait l’option de ne rien voir, rien entendre, rien comprendre. Bouche cousue, ils attendent peut-être le déluge pour réagir.
Les dignitaires de la communauté musulmane au Bénin et ceux des religions endogènes ne se préoccupent pas encore de la situation sociopolitique actuelle. Ni l’intempestif remous de la révision de la Constitution, encore moins les multiples levées de boucliers des partenaires sociaux et des acteurs de l’opposition sur le malaise général actuel ne les réveille de leur long sommeil. Pour eux, tout va bien et il n’y a rien à dire. Ils affichent une indifférence légendaire que d’aucuns qualifieront de stratégique. Ces grandes communautés religieuses au Bénin se refusent d’entendre le bruit sur la révision de la loi fondamentale. Elles ne veulent être ni de la gauche, ni de la droite, ni du centre dans le débat d’idée qui fond actuellement sur la question. Elles préfèrent tout simplement s’inscrire en simples observateurs sur la situation actuelle. Le silence de ces groupes représentatifs se fait persistant qu’on est en droit de se demander s’il n’y a pas derrière tout ceci, une forme de gratitude.
Gratitude
Gratitude des responsables religieux toujours remerciés, toujours assistés qui se voient obligés tout le temps de dire merci. Les multiples gestes de gratitude à l’endroit de la communauté musulmane et des têtes couronnés dont certains ont été obligés de danser au palais cachent peut-être une condition dont le temps nous aidera à dévoiler quelques lignes des clauses phares. La bouche qui mange ne parle pas. La bouche qui mange ne critique pas. Le bon sens a toujours voulu qu’il en soit ainsi. Les gratifiés évitent de critiquer le généreux donateur d’hier. Moins qu’un silence inconscient, la stratégie de ces responsables religieux traduit clairement un retour de l’ascenseur. Les partisans soumis n’ont en tout cas, autre choix que de se taire en tout temps et en toute circonstance même si la République brûle. C’est apparemment le prix à payer.
L’inconstance
Mais dans tout ceci, c’est l’inconstance de la démarche de la communauté musulmane qui étonne. En effet, on ne trouvait aucun mal au silence de la communauté musulmane sur les questions d’actualité parce qu’elle était allergique aux sorties médiatiques. Le fait ne surprenait pas outre mesure puisque depuis des années elle a toujours marqué par son indifférence sur les questions de grande préoccupation. C’était la ‘’grande muette’’ et personne ne se référait à elle comme on est habitué avec l’église catholique. Mais avec un certain régime, les responsables de la communauté musulmane ont commencé par afficher leur position sur certains sujets brûlants de l’actualité. Elle s’est faite même représentée au sein du cadre de concertation des confessions religieuses. On se souvient de la récente sortie médiatique des responsables de la communauté musulmane suite au renvoi de deux des leurs en visite au Bénin. Sous le mandat 1 du régime Yayi, ils se sont aussi exprimés sur certains sujets. On s’était dit que le moment était venu pour que la communauté musulmane marque enfin son territoire en se faisant entendre sur des sujets beaucoup plus sérieux. Mais l‘agitation n’était que feu de paille. A l’épreuve de la réalité Yayi, ils ont déchanté. Idem pour les têtes couronnées qui ne voient plus rien actuellement. Espérons qu’ils trouvent la formule pour s’imposer dans le débat. La question de la révision de la Constitution est encore d’actualité. Ils ont tout le temps pour exprimer leur position.