L’organisation de la session unique du baccalauréat spécial des amblyopes est décentralisée à partir de cette édition du Bac 2015 au Bénin. Désormais, les malvoyants béninois peuvent composer dans les mêmes conditions, les mêmes épreuves que les autres candidats au Bac dans le centre de composition le plus proche de leur résidence. Une autre innovation au Bénin.
Encore un pari gagné à l’Office du Baccalauréat ! La décentralisation des centres de composition de l’examen du baccalauréat des amblyopes est désormais une réalité partout au Bénin. Le Directeur de l’Office du Baccalauréat a tenu parole. En effet, il est connu de tous que les malvoyants au Bénin devraient rallier le centre de composition unique de Sègbèya dans la ville de Cotonou. Mieux, la sécurisation de leurs épreuves pour éviter les fuites est demeurée un casse-tête depuis des décennies pour les différents directeurs de l’Office. Les innovations ne manquent pas depuis cinq ans à l’Office du Baccalauréat. Cette année, l’actuelle équipe de l’Office du Baccalauréat a apporté une touche particulière pour améliorer l’organisation de cet examen. Ainsi, l’Office a acquis du matériel spécifique pour préparer les épreuves des amblyopes dans les mêmes conditions que celles des autres candidats après consultation d’un expert béninois formé en Hollande. « Le tout est parti d’un documentaire suivi sur la chaîne TV5 qui portait sur le système d’organisation du Baccalauréat aux amblyopes. J’ai vu une imprimante spéciale qui tire du noir au braille.» a témoigné Eustache Mondé, chef service organisation du baccalauréat de la Direction de l’Office du Baccalauréat toujours à l’affût des informations pour améliorer son savoir-faire. Les réflexions ont abouti à une formule toute trouvée. Pour s’assurer de la pertinence des options faites, le directeur de l’Office du Baccalauréat ne s’est pas empêché de consulter une compétence extérieure pour apprendre à transformer les épreuves conçues pour les candidats ordinaires en langage des malvoyants c’est-à-dire en braille. Mais ce n’est pas le seul challenge. Il faut que ces épreuves en braille soient faciles à sécuriser. Avec l’acquisition du matériel adapté, l’Office a trouvé la solution.
Coup d’essai coup de maitre
Les amblyopes du Bénin sont désormais soumis aux mêmes épreuves, à la même heure et dans les mêmes conditions que les autres candidats au Baccalauréat du Bénin à partir de la session unique de 2015. Ils bénéficient de 30 minutes de temps supplémentaire pour traiter les épreuves. Car, ils lisent leurs épreuves avec les doigts « Nous avons plus besoin de créer un centre spécial aux amblyopes. S’il y a un seul candidat dans un coin du Bénin, il peut composer dans le centre d’examen le plus proche de son domicile » s’est réjoui le directeur de l’Office du Baccalauréat Alphonse da Silva ce matin du mardi 18 juin devant son personnel. Pour la première expérience du bac décentralisé au profit des amblyopes, l’Office a retenu trois centres situés dans les villes de Parakou, Lokossa et Cotonou. Pour la simple raison que ce sont dans les départements du Borgou, du Couffo et du Littoral que sont installées les écoles des malvoyants. Cette nouvelle dimension de l’organisation du Baccalauréat est certes une innovation technique mais elle règle un problème social très important.
Une innovation sociale
Plusieurs fois saisie par les ministres de la famille et des personnes handicapées, la Direction de l’Office du Baccalauréat n’a apporté de solution au besoin des personnes malvoyants qu’avec l’avènement du baccalauréat session unique de 2015. Les candidats amblyopes n’ont plus besoin de se déplacer de toutes les régions du Bénin pour rallier le point de composition unique du Ceg Sègbèya à Cotonou. C’est une satisfaction morale pour le directeur de l’Office du Baccalauréat et son équipe. « J’ai coulé les larmes de joie lors du reportage de l’Ortb, la chaine nationale. Parce que les handicapés sont des hommes comme nous et méritent attention et considération. Soulager leur peine est un devoir » a avoué le Directeur de l’Office du baccalauréat Alphonse da Silva qui à peine maitrisait son émotion. L’urgence aux plus nécessités a un sens pour l’équipe de l’Office du Baccalauréat. « J’ai un ami amblyope qui a échoué au Bac. Il réside dans la ville de Parakou (à 450km de Cotonou). Il s’est déplacé sur Cotonou pour faire la consultation des épreuves dans la perspective de la demande de reprendre la correction de ces copies» s’est rappelé professeur Alphonse da Silva très touché par le calvaire dudit candidat. Fort heureusement, à la troisième tentative, cet amblyope a décroché son parchemin. Il a ensuite décidé de s’inscrire en administration à l’Ecole nationale administration et de la Magistrature de l’Université d’Abomey Calavi. Je l’ai aidé à trouver une place dans cette prestigieuse école » s’est rappelé le directeur de l’Office du Baccalauréat très soulagé d’avoir créé les conditions favorables pour alléger la peine des amblyopes. Au Bénin, ces candidats composent dans les mêmes conditions les mêmes épreuves du Baccalauréat, dans la même salle de composition que les candidats ordinaires dans le centre proche de leur résidence. C’est une avancée importante et salutaire.
Tobi Ahlonsou