Le député Joseph Djogbénou, candidat dans le 7ème arrondissement sur la liste Une entame, déjà l’offensive pour la bataille de la conquête de la Mairie de Cotonou. Sur l’émission Cartes sur table de Océan Fm hier dimanche, il appelle les populations de Cotonou à faire un choix clair.
Joseph Djogbénou, Président d’honneur du parti Alternative Citoyenne appelle à un vote sanction contre la liste Fcbe
Océan Fm : Trois mois après votre passage dans ce studio Monsieur le Député, vous êtes du côté de l’Hémicycle à Porto-Novo et Président de la commission des lois. Vous devez quand même vous réjouir trois mois après !
Joseph Djogbénou : Je suis très honoré de la confiance que nos compatriotes nous ont faite, nous, candidats de la liste Union fait la nation à Cotonou. Je suis heureux de la confiance que les collègues députés nous ont faite en nous confiant la Présidence de la commission des lois. C’est sûr, il y a à faire. Il y a d’abord à éviter et rejeter tout ce qui compliquerait la stabilité politique dans notre pays.
Il y a tellement de lois qui concernent les citoyens. Le code pénal par exemple, la loi sur le partenariat public-privé, les lois électorales, et bientôt la discussion sur la loi desfinances. Il faudra contribuer assez fortement pour que dans l’immédiat, les aspirations de la population puissent être satisfaites, qu’au plan politique notre pays ne dérive point et qu’au plan économique nous ayons des outils de notre développement. Je suis très heureux et très honoré d’être à cette place et je voudrais profiter de cette occasion pour exprimer ma gratitude à ces jeunes gens et jeunes filles de Cotonou, à ces messieurs et à ces dames qui, sans contrepartie, ont soutenu notre candidature à l’élection des députés à l’Assemblée nationale.
C’est la première fois que vous êtes député. Quelles ont été vos impressions les premiers jours ?
Je vais me permettre de me lâcher un peu. J’ai appris beaucoup de choses. D’abord la première leçon que je retiens et que je voudrais partager avec mes compatriotes est que le Parlement c’est le lieu de l’apprentissage de la culture de la patience. Il faut savoir être patient et ne pas compter sur le temps. C’est la première leçon que je tire. A certains égards, j’y vais avec des copies à corriger. Quand on programme à 10 heures, il faut s’attendre à prendre le dossier à 22 heures. Donc, il faut être vraiment patient. C’est aussi, me semble-t-il, un espace de connaissance, d’apprentissage de l’être. Je crois que dans tous les cadres sociaux, on apprend à connaître l’autre, mais au Parlement, on l’apprend davantage. Il faut savoir interpréter les sourires, les colères, au plan relationnel, lire et apprendre. On apprend et en même temps, c’est aussi un espace de prise en compte de la responsabilité que confère cette fonction-là à ceux qui sont élus. Donc, c’est un cadre de pouvoir. Ce qui se décide là concerne chacun de nous et nous avons cette fièvre de sentir que c’est un lieu de pouvoir empreint de solennité. Chacun a son comportement, chacun a sa place, c’est un lieu de pouvoir et il faut y aller pour sentir davantage que le pouvoir, ce n’est pas finalement dans la rue ; le pouvoir c’est au Parlement. C’est dans les lieux où les âges l’ont inscrit.
Est-ce que le retard qu’accuse l’opposition pour la constitution des groupes parlementaires est stratégique ?
Oui, tout est stratégique sans doute, mais tout est patience et il faut apprendre à être patient. Je pense premièrement que nous avons souhaité éviter la précipitation. Nous avons souhaité prendre en compte le critère de la parfaite organisation. Nous avons souhaité être réalistes et donc faire passer d’abord les commissions avant la constitution des groupes parlementaires.
Donc, c’est pour bientôt.
Oui, je pense. Parce que les groupes parlementaires sont des structures politiques et l’expression de chaque député dans son carré politique. Il faut constituer, il faut mettre chaque député à la meilleure place possible. Ce travail se fera. Je ne pense pas qu’il y ait, par ailleurs, une violation ni de la Constitution ni du règlement intérieur de l’Assemblée nationale. Le règlement intérieur de l’Assemblée nationale disposant que lorsque les députés ne se constituent pas en groupes parlementaires, ils sont considérés comme des non-inscrits. Donc, la majorité des députés autour de 43 sont aujourd’hui des non-inscrits. De ce point de vue, nous sommes encore en conformité avec le règlement intérieur de l’Assemblée nationale et la Constitution. Il ne sera pas ainsi tout le temps. Je subodore qu’à la suite des élections municipales, nous allons nous retrouver pour constituer les groupes parlementaires.
Peut-on avoir au cours de cette législature une loi sur la transhumance politique ?
La place que j’occupe à l’Assemblée nationale, sans doute au moyen de l’appréciation politique, est une place éminemment technique. Je suis au service à la fois de mes collègues et donc au-delà de mes collègues du pays. Donc, il ne me reviendra pas à titre solitaire de me prononcer sur les priorités en terme de législation à l’Assemblée nationale. C’est une commission qui doit mettre en place une méthode participative. Il me faut consulter les différents groupes politiques. Il me faut agir avec le président de l’Assemblée nationale et savoir identifier les différentes priorités. Ce travail n’étant pas encore fait, vous me permettrez de prendre date sur des questions données. Cela dit, évidemment, tout ce qui est relative à la stabilité politique est extrêmement important. Comment allons-nous agir pour que la parole donnée soit en cohérence avec les actes posés et que l’appartenance exposée à la population soit celle assumée à l’Assemblée nationale ? La question de la transhumance intègre la stabilité politique. Donc, il faut agir sur la loi électorale, sur la loi relative aux partis politiques et intégrer des données qui stabilisent et assurent une culture de la transparence à l’égard des jeunes. Donc, nous avons une responsabilité qui nous conduit à considérer que la loi devra être améliorée en qualité pour offrir la meilleure image du politique à l’égard des jeunes et de la population. Je pense que c’est le critère essentiel pour élever le degré de conscience dans l’esprit de chacun de nos concitoyens et il n’y a pas que cela. Je pense que dans le tiroir de la commission des lois, il y a des projets et des propositions. Je dis à chacun et à chacune que le stock n’est pas encore évalué. Cette semaine, ce stock sera évalué et il aura des projets et propositions de lois que nous allons identifier. La conférence des présidents va identifier sans doute des textes qui seront examinés en urgence. Une session s’ouvre demain sur les orientations en matière économique, en matière budgétaire. Il y a des priorités auxquelles nous allons nous atteler. Mais, bien évidemment, il faut évaluer ce que Madame la présidente Hélène Kèkè Aholou a fait. Elle a fait un travail remarquable. Nous avions décidé de lui rendre une visite de courtoisie. Elle nous a reçus très agréablement. Je la salue et tout le monde la salue. Elle a été la personne qui a permis à ce pays d’avancer au plan de la législation. Nous avons le code de procédure pénale, civile, la loi sur la corruption que je considère qu’elle devra être modifiée. C’est grâce à elle. Il faudra aller plus loin. Il faut évaluer et il faut adopter une démarche participative et impliquer chaque député dans l’identification des priorités législatives.
Vous allez à l’assaut de la Mairie de Cotonou. Pourquoi cette candidature ?
Nous sommes sur un cheminement. C’est le renouvellement de toute la classe politique, des conseillers municipaux, de l’Assemblée nationale et du Président de la République à partir de 2016. C’est un ensemble. C’est un tout. C’est un cycle électoral. Dans ce cycle électoral, il faut des vecteurs : des hommes et des femmes en capacité de faire adhérer nos compatriotes à des projets plus grands pour le Bénin. Le projet, ce sont les conseils municipaux, c’est le Parlement et c’est la présidence de la République. Troisièmement, le Bénin a des compétences. Il ne faut pas les exclure. Des compétences pour gérer le pays. L’heure viendra où chacun va se déterminer. Mais il faut faire en sorte que les citoyens choisissent les meilleurs pour que ces meilleurs soient à la meilleure place. Moi, je suis candidat dans le 7ème arrondissement sur la liste « Union fait la nation », bien sûr, je ne suis pas seul. Nous sommes une équipe et c’est le deuxième point sur lequel je voudrais insister. Il faut désormais éviter des hommes et des femmes providentiels. Cela n’existe plus. Il faudrait que nous puissions travailler en équipe. C’est une liste « Union fait la Nation » comme il y en a beaucoup d’autres. C’est une liste constituée de titulaires et de suppléants. Moi, mon suppléant, c’est le Professeur Rock David Gnanhoui. Professeur agrégé de droit privé, il est l’un de mes maîtres. Il a aussi accepté d’offrir ses services, de se rendre disponible pour la qualité de la gouvernance si, éventuellement, nous étions élus à la mairie de Cotonou. Oui, nous sommes candidats, mais nous ne sommes pas candidats seuls. Nous sommes candidats parce que nous avons considéré que nous avons à la fois la compétence et l’appétence. Ce sont les deux critères qu’il faut. Il faut le vouloir et le pouvoir. Si beaucoup de personnes sont dans cette perspective, je crois que c’est chose heureuse et il ne faut pas les exclure. Le moment viendra et chacun fera un choix. Il ne faut pas limiter les citoyens. Il faut leur permettre de choisir. Vous voyez le formidable droit de suite que les citoyens ont exercé à l’occasion de l’élection du bureau de l’Assemblée nationale. C’est original. C’est rarement vu au Bénin. Les citoyens après avoir désigné les élus dans nos différentes municipalités vont exercer ce droit de suite. Ils vont exiger qui sera Maire et qui ne le sera pas. Je crois qu’il ne faut pas les priver de cette occasion. Il faut au contraire les y encourager.
Qu’apporte de nouveau l’Un ?
Je pense qu’on connaît les problèmes de Cotonou.
Quels sont ces problèmes ?
Premièrement, c’est l’inondation. Deuxièmement, ce sont les problèmes d’accès dans les différents arrondissements. Troisièmement, ce sont les problèmes de santé et de sécurité. Il faut apporter des réponses à ces problèmes. Lorsque l’on sait les sources, les causes de l’inondation, la première question, c’est la position géologique de Cotonou. Lorsqu’on sait les sources, les causes des difficultés d’accès dans nos différents arrondissements, lorsqu’on connaît les différents problèmes liés aux soins de santé alors que la loi détermine que ce sont les conseils municipaux, les conseils communaux qui assurent les problèmes des villes, nous sommes déterminés à apporter notre contribution et une contribution qualitative. Deuxième question qui se pose à Cotonou, c’est lefinancement de tous ces projets. C’est vrai que l’État n’a pas assumé sa responsabilité. Parfois, le problème se pose en termes de transfert de compétences, transfert de moyens financiers. Mais alors, à partir de ce que l’on a, ne peut-on pas faire mieux ? C’est le deuxième engagement de la liste Un. Faire mieux avec ce que l’on a et chercher davantage. Donc, c’est aussi un problème de gouvernance au niveau de la ville de Cotonou. Il faut faire en sorte que les hommes et femmes en capacité d’assurer une meilleure gouvernance puissent être au conseil municipal. Troisièmement, quand on parle de décentralisation, il faut la décentralisation partout et pour tout. Il ne faut pas imaginer la décentralisation comme le transfert de compétences entre l’Etat central et les conseils municipaux. Il faut instituer la décentralisation. Je veux dire des services et à tout le moins une déconcentration prononcée entre le conseil communal et les arrondissements, les chefs d’arrondissement et les chefs de quartier. A quoi cela servira-t-il en efficacité de décider de la propreté des quartiers à partir de la mairie ? Et donc, il y a à y mettre de la stratégie et de l’efficacité. Voilà ce que nous disons. Malheureusement, la saison des pluies ne nous sort pas des difficultés. Il faut apprendre à ouvrir les persiennes et faire intégrer quelques oxygènes. Je crois que c’est à cela que les Cotonois et les Béninois sont invités. Deuxièmement, on ne saucissonne pas entre les élections communales et présidentielles. Il faut une majorité qui sache travailler pour que Cotonou soit la ville qui porte le flambeau du pays, la lampe de ce pays. Qu’elle fasse en sorte que le président de la République soit du bord le plus progressiste possible et qu’il ait un état d’esprit propre à faciliter le développement de nos villes et de nos communes. Donc, l’enjeu de Cotonou est aussi l’enjeu du pays. C’est d’ailleurs pourquoi nous nous yinvestissons avec beaucoup de cœur.
Dans le 7ème arrondissement, il y a des barrons Fcbe dont Hubert Balley. N’avez-vous pas peur d’eux ?
Est-ce que la question liée à ma personne a-t-elle lieu d’être posée ? Je pense que les citoyens du septième arrondissement ont sans doute un choix à faire. S’ils choisissent Hubert Balley, c’est-à-dire les Fcbe, sans doute qu’on aura de la difficulté à comprendre, mais cela aura été leur choix. Je pense que nous sommes sur le terrain pour les déterminer à faire le meilleur choix. Le soir du 28 juin, nous allons apprécier les résultats. Il faudrait que nous puissions dans le sillage des élections législatives, poursuivre et poser des actes dans le sens de la correction de ce que nous avons toujours regretté. Je voudrais rappeler à Cotonou la formidable mobilisation du 26 avril 2015 qui a consisté à donner 3 élus de l’Un à l’Assemblée nationale et 42 au Bureau de l’Assemblée nationale. Il faut que nous évitions au Conseil municipal d’avoir à craindre cela. Il faut faire un choix très ample. Si c’est Hubert Balley, il faut le faire de façon très ample. Si c’est la liste Union fait la Nation, il faut le faire de manière très ample. Il faut qu’on choisisse de sorte à éviter des discussions inutiles qui donnent à renoncer à certains de ses engagements. Si l’équilibre est établi et que cela devra se jouer entre deux ou trois voix, ce sont les discussions et ces discussions s’appellent des compromis et quelque part compromission et recommencement. Je souhaite que la ville de Cotonou nous évite cela. Il faut une majorité très claire, très franche pour permettre la constitution d’une majorité au conseil municipal qui sera responsable. Il faudrait éviter que lors des prochaines élections que la majorité qui va gérer la ville de Cotonou ait à dire aux populations qu’elle n’a pas eu les coudées franches et qu’elle a dû discuter avec telle ou telle personne, qu’elle a dû renoncer à tel ou tel engagement pour constituer la majorité et qu’après, elle souhaite une majorité franche. C’est maintenant qu’il faut accorder cette majorité franche. Je ne suis inquiet, pas du tout inquiet. Cela dépend du discours que nous tenons sur le terrain et nous sommes en campagne Nous allons essayer de convaincre chacun. L’enjeu, c’est la majorité stable, forte à constituer à la mairie de Cotonou.
D’aucuns pensent que vous n’avez rien fait pour aider l’équipe actuelle de la Mairie de Cotonou sur le plan du transfert de compétence.
L’expression est à la fois dérangeante et injuste de n’avoir rien fait. Premièrement c’est vous qui allez m’apprendre que la majorité à la mairie de Cotonou a été dans plusieurs gouvernements et que moi, au moins, je n’étais dans aucun gouvernement. La majorité en place à Cotonou a été de plusieurs parlements successifs et y est encore heureusement. Et donc, le curseur se trouve là, la personne est présente dans les cercles de pouvoir. Donc la question est à retourner. Nous autres citoyens, qu’est-ce que nous avons fait lorsque les questions sont posées ? Vous nous avez vus plusieurs fois marcher. Le 11 décembre de l’année dernière, nous l’avons fait. Je pense que si vous posez la question de savoir ce que les citoyens que nous sommes et que nous avons toujours été ont fait, les citoyens répondront qu’ils ont réagi lorsque la question n’a été posée. Mais qu’est-ce que les politiques qui sont à la Mairie de Cotonou ont fait ? Vous avez la réponse vous-même dans les gouvernements successifs. Le ministère de l’Urbanisme est un ministère essentiel pour les grandes villes. Je pense que nous devons nous déterminer à l’avenir à faire des choix politiques responsables pour nos collectivités et responsables pour nos partis politiques. L’appartenance dans un gouvernement n’est pas une fantaisie. Elle doit contribuer à apporter des solutions déterminantes aux problèmes qui se posent. Nous avons fait ce qu’un citoyen qui n’était pas l’Assemblée nationale et qui n’était pas au gouvernement pouvait faire.
Mais il y a la question de l’autonomie des communes qui se pose aussi. Pensez-vous que vous aurez la tâche facile en étant de l’opposition ?
La question de l’autonomie est un sujet réel de nos communes. Mais la réponse, c’est dans le charisme de chaque responsable. La réponse, c’est dans le choix politique que chacune des majorités dans nos différentes communes effectue. Les réponses aussi c’est dans le choix que nous faisons à la tête de l’Etat. Le tout ne suffit pas de choisir un homme ou une femme. Il faut choisir des hommes et des femmes ayant une conscience de ce que la loi, la volonté populaire doit être respectée. Donc, il y a un attelage à faire. Il faut des hommes et des femmes en capacité d’assurer et de faire des choix politiques déterminants et précis. Il faut des hommes et des femmes au niveau de l’Etat central qui aient la conscience de la loi, le respect des citoyens. Le débat est ouvert. C’est pourquoi je vous parlais d’un cycle électoral. Le Président Soglo a parfaitement raison. Le débat est ouvert. Nous sommes dans un nouveau cycle électoral. Il faudrait que nous ayons les outils législatifs nécessaires pour transférer les compétences et assurer l’autonomie des villes à statut particulier dans leur fonctionnement. Ce serait rendre service à la femme qui est au marché Dantokpa, au jeune artisan qui est dans la rue par exemple. Il faut fournir des éléments de réponses aux services publics. Lorsqu’on est à la tête de l’Etat, il faut avoir conscience de tout cela. Si on ne développe pas les villes, on ne peut pas développer le pays. Nous sommes en période de vacances, et les demandes pour aller en vacances à Lomé ou Accra sont sur la table de plusieurs parents. Pourquoi les jeunes de ces pays ne veulent pas venir à Cotonou. Peut-être parce que nos villes ne sont pas attrayantes. Il faut faire en sorte que Cotonou soit plus attrayant. Cela dépend de l’application des lois, et du charisme du chef de la ville. Cela dépend des projets et de l’attelage que l’on fait des rapports gouvernement-conseillers municipaux. Nous allons rentrer dans une nouvelle ère. Le pays est un tout, et ne doit pas être saucissonné. Les responsables doivent savoir qu’ils sont au service de la ville.
Il y a un profil qui se dégage : c’est l’activisme de Candide Azannaï. Les Cotonois se disent que probablement c’est le prochain Maire.
Chaque conseiller a vocation à être Maire de Cotonou. Nous sommes dans une équipe. Mon collègue et ami Candide Azannaï se déploie avec beaucoup d’énergie pour la liste Un. Nos compatriotes qui vont choisir notre liste doivent savoir qu’ils ont choisi une liste. Nous allons nous battre résolument pour éviter les parcours personnels et individuels. Le Prd également a vocation à diriger la ville de Cotonou. D’autres partis aussi, dont la Rb. Donc, nous n’allons pas décider aujourd’hui celui à qui la gestion de la Mairie revient. Ce sont nos compatriotes qui, le 28 juillet prochain, vont désigner les conseillers municipaux. Dans tous les cas, j’ai espoir que ce sera un Maire qui aura les capacités pour mieux gérer la ville.
Parlons du dernier gouvernement du Chef de l’Etat. Quelle est votre appréciation ?
Du point de vue de la forme, nous en apprenons tous les jours. Pour la première fois de notre histoire, nous avons un vice-premier ministre. Le Professeur Abiola a dépassé tous les records, à la fois de longévité et d’appellation. Nous avons aussi un 1er ministre dont les jeunes disent qu’il est « téléchargé ». C’est une bonne chose. On ne peut pas contester les compétences avérées de Lionel Zinsou. Mais, en même temps, c’est une équipe d’expression de gratitude à certains collaborateurs. Le préfet Azandé a eu finalement son maroquin ministériel. Eléonore Hachémè Brun a finalement quitté le Palais pour un poste ministériel. Ceux qui sont dociles ont été élevés. Par exemple, le Maire de Bopa. Mais, est-ce la solution ? Pour quel but ? Quelle finalité ? C’est une équipe qui n’est pas cohérente, ou mûre par rapport aux enjeux et défis. En ce qui nous concerne, nous sommes déterminés à collaborer avec le gouvernement. Je parle de l’Assemblée nationale et de la Commission des lois. Je suggère à nos interlocuteurs que les dossiers soient bien préparés.
Un premier-ministre, un vice-premier ministre, et 3 ministres d’Etat, est-ce que ce n’est pas lourd pour le Budget de l’Etat ?
Evidemment. C’est un gouvernement de gratitude et de protection. Du coup on expose le portefeuille de l’Etat. Nous manquons du minimum pour assurer le bonheur de nos concitoyens, mais nous avons suffisamment de ressources pour entretenir des fonctions ministérielles. Il y a même un ministère de l’eau à part, et un autre de l’hydraulique à part. Visiblement, il y a un problème de sémantique. J’espère qu’ils vont corriger cela dans le décret. On a distribué et, nous allons payer.
Il se dit, de plus en plus, que Lionel Zinsou est le dauphin de Yayi Boni ?
Nous devons rester dignes. Lionel Zinsou est un Béninois. Autant que la loi le permet, il peut jouir des attributs liés à sa qualité de Béninois. D’ailleurs, je connais son père, René Zinsou, et nous discutons fréquemment. Par rapport à la présidentielle, il y aura plusieurs candidats, et la population va les départager. Chaque Béninois peut aspirer à digérer le pays. Pour le reste, nous allons nous retrouver sur le terrain politique. C’est un combat. La diaspora peut être une solution aux problèmes que nous avons. Lionel Zinsou doit être traité comme un Béninois à part entière. Le président de la République est chef de gouvernement. Il a les qualités pour nommer les membres de son gouvernement. C’est constitutionnel. Mais, on ne peut pas, par exemple dire que le 1er ministre est le chef du gouvernement. Ce se serait en violation de la Constitution. Pour le reste, ce sont des ministres. Le débat sur la mobilité du 1er ministre est un débat qu’il faut nuancer. Depuis l’arrivée de Yayi Boni, ma position sur la question n’a pas varié. Il est au service du président de la République. Si le premier ministre donne satisfaction au cahier des charges qu’on lui a confié en étant à l’extérieur, 365 jours sur 365, cela lui appartient. Nous, c’est le président de la République que nous sanctionnons. Sur la personne du 1er ministre, il ne faut pas allumer le feu.
L’arrivée de ce 1er ministre va certainement créer des tensions au niveau des Fcbe. Les ambitions et appétits des probables dauphins vont s’entrechoquer.
Encore une fois, restons sur l’essentiel. Si les uns et les autres ont des frayeurs, ce sont eux-mêmes qui créent ces situations. Si autour du chef de l’Etat certains ont des ambitions, ils doivent l’exprimer. De ce point de vue, ces personnes doivent agir, sortir de l’anonymat et s’assumer. C’est l’enfant qui demande la protection de son père. Il faut maintenant dépasser cette étape. Si on attend du chef de l’Etat d’avoir l’autorisation pour tout, cela veut dire qu’on est toujours dans l’état psychologique d’un adolescent. Si on est ministre du gouvernement, on est supposé avoir franchi cette étape. Il faut assumer et tuer le père. Du moins, si on estime pouvoir se mettre au service du pays.
Est-ce que certains départs du gouvernement vous ont surpris ?
Je ne m’occupe pas de cela. Il y a des dossiers qui nous attendent au Parlement. On n’a pas eu beaucoup de solutions à nos problèmes depuis 2006. Par exemple, les gens veulent aller à Lomé. Nous sommes le seul pays de la sous-région à n’avoir pas connu de crise. Notre voisin de l’Ouest a connu les crises que vous savez. Mais, aujourd’hui, nous ne pouvons pas finir la voie Pahou/Ouidah. Donc, je ne peux pas m’occuper de l’échec de ces gens-là. Ce qui est important, c’est l’avenir. Comment se relever et laver l’affront de ne pas être capable de finir une route dans ce pays. Rien de tout ce qui a été commencé n’a pu être terminé. Dites-moi s’il y a un seul projet commencé qui a été régulièrement terminé.
Ne trouvez-vous pas inquiétant que l’Inspection générale de l’Etat soit dissoute ?
Seul le chef de l’Etat peut nous donner les raisons de cet acte. Avec le temps, nous verrons s’il a tort.
Les deux dernières semaines, il y a eu un ping-pong entre l’Agent judicaire du Trésor (Ajt) et le député Janvier Yahouédéou à propos du scandale financier Icc-services. Quel est votre avis sur la question ?
Icc-services, c’est un réel problème. Il faut en parler. Le député a eu raison de remettre le sujet sur la table. On a eu au moins une réaction. Celle de l’Ajt. Mais, dans cette affaire, il y a eu des morts. N’oubliez pas que nous sommes en période de campagne électorale. Nos compatriotes nous interpellent là-dessus. Les partis politiques doivent prendre le problème autrement. L’Etat doit assumer sa responsabilité. Parce que la supercherie a consisté à faire croire que l’Etat a autorisé les activités d’Icc-services. Il faut un fonds pour indemniser les citoyens. L’Etat est une continuité et, quoi qu’en soit ceux qui seront au Pouvoir demain, les spoliés doivent être indemnisés. C’est la responsabilité de l’Etat. Il ne faut pas attendre une décision de justice avant d’agir. Au plan éthique, l’Etat doit assumer sa responsabilité en créant le fonds d’indemnisation. C’est ce qu’on aurait dû faire depuis. Malheureusement, on a eu droit à de la mauvaise volonté et de l’hypocrisie. A côté de cela, il y a eu également des enlèvements. L’Etat doit reconnaître tout cela. Dangnivo ne peut pas disparaître aussi facilement. L’Etat doit assumer et présenter des excuses. Ce n’est pas ignorer la responsabilité individuelle. Il faut faire en sorte que cela ne se reproduise pas à l’avenir. Je donne raison à Janvier Yahouédéou. Il a agi en homme politique et en responsable. Je pense que l’Ajt a bien fait de répondre. Mais, le plus important, c’est que nos concitoyens continuent d’attendre. Notre économie en reste d’ailleurs marquée, puisque le pouvoir d’achat s’est considérablement réduit.
Transcription : Hospice Alladayè & Wilfrid Noubadan