Les pluies diluviennes de ces dernières semaines ont fait des sinistrés dans la ville de Cotonou. Il faut dès lors situer les responsabilités. Entre la mairie qui se défend et l’Etat central qui rejette toute responsabilité dans les malheurs des sinistrés, une évidence s’impose : les ressources pour résoudre le problème d’inondation dans la ville de Cotonou ne sont pas vraiment disponibles. Pour un budget communal situé à un niveau moyen de 10 milliards par an, il n’y a pratiquement pas grand-chose pour les investissements qui permettent de construire les infrastructures de lutte adéquates dans la villeclaude Djankaki Et pour cause, dans la plupart des Etats aujourd’hui, c’est l’Etat central qui investit dans la capitale et les villes phares. C’est du moins l’avis de Cossi Claude Djankaki, consultant en développement local. Approché par notre rédaction, il estime qu’aucune mairie au monde, ne peut trouver les ressources nécessaires pour endiguer les inondations cycliques, si le pouvoir central ne met la main à la poche. C’est d’ailleurs pour cette raison que la loi 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes en république du Bénin indique en son article 15 : « …. Si l’on estime à environ 400 milliards de FCFA, le montant nécessaire à une lutte efficace contre le phénomène, et que l’on voit que le budget de la mairie (investissement et fonctionnement compris) n’est que de l’ordre de 10 milliards, il faut des décennies à la mairie pour construire la moindre infrastructure adaptée à la lutte contre l’inondation à Cotonou. « Il faut que l’Etat central accepte de jouer son rôle pour sortir Cotonou de l’ornière », souligne Cossi Claude Djankaki. « C’est l’Etat central qui doit financer les investissements lourds parce que les budgets communaux n’ont pas la possibilité de faire face à ces dépenses», ajoute-t-il. « Même si Barack Obama devenait maire de Cotonou, il sera confronté aux mêmes difficultés que les autorités communales actuelles ». Comme lui, les spécialistes des finances locales estiment que les budgets des collectivités locales sont encore liés au fonctionnement. 80% de ces budgets sont théoriquement réservés au fonctionnement et 20% aux investissements. « Qu’est-ce que cela coûte à l’Etat, par exemple, de doter la mairie d’un fonds annuel d’assainissement, comme à Dakar où l’Etat sénégalais accorde annuellement 10 milliards de FCFA pour ce volet ? », se demande le consultant. Car, selon lui, les villes comme Cotonou et même Porto-Novo sont des vitrines du pays qui doivent bénéficier d’une attention spéciale de l’Etat central.
Olivier ALLOCHEME