Le Bénin, avec le remaniement ministériel que vient de faire le président Boni Yayi, fait un retour surprenant aux années 1990 où de nombreux compatriotes de la diaspora avaient débarqué de l’extérieur à la faveur du renouveau démocratique ; donc au tout début du processus démocratique en cours dans le pays. Les Béninois avaient alors mis tout leur espoir dans cette espèce d’embellie qui s’annonçait avec des visages nouveaux, des hommes neufs, peu ou pas connus d’eux, mais dont le carnet de visite était si impressionnant qu’ils leur inspiraient de la confiance en termes de gouvernance, notamment économique. Le contexte s’y prêtait, et ce, d’autant que l’économie était à genoux, et qu’un naufragé s’agrippe toujours désespérément à tout ce qu’il considère comme susceptible de lui sauver la vie. C’était la remise à zéro du compteur, pratiquement sur tous les plans, et il y avait urgence à agir, afin que le pays amorçât un nouveau départ, et après que tout ait été mis sens dessus-dessous et que le peuple se fût retrouvé à gémir, écrasé par le poids de la morosité économique et de l’injustice ayant précédé la conférence nationale de février 1990.
Dans ces conditions, comment ne pas s’accrocher aux ‘’messies’’ débarqués de l’extérieur, et qui passaient pour des ‘’sauveurs’’ prêts à injecter des milliards de nos francs dans les caisses de l’Etat, avec, à l’appui, un discours qui vantait leurs mérites et leur aura internationale ? Ainsi, le peuple, sous l’effet hypnotisant des professions de foi de ces ‘’mains secourables’’, se laissa embarquer.
La suite, on la connaît. Les fruits trahirent la promesse des fleurs, et la déception fut telle que les populations finirent par se décider à ravaler leurs vomissures. Raison et argument: il est toujours mieux de faire confiance à celui dont on connaît déjà les défauts, plutôt que d’apprendre à connaître un nouveau, car il pourrait se révéler pire. Mais curieusement, et aussi surprenante que pouvait paraître leur option, les Béninois retombèrent dans l’erreur, lorsqu’il fut question de procéder à l’alternance au sommet de l’Etat. Et le cercle infernal de s’élargir, évoluant au gré des caprices de ces ‘’sauveurs’’ dont le péché mignon reste la méconnaissance du pays et son corollaire qu’est leur dilettantisme politique. De sorte que, nonobstant leur technocratie qui se passe de commentaire, ceux-ci se retrouvèrent contraints à naviguer à vue, enchaînant erreurs, fautes et défauts. Et, comme si ces travers ne suffisaient, les revoilà enfonçant le clou, faisant débarquer à nouveau davantage de ‘’messies’’ qui, revenus au bercail, affichent la prétention de sauver ce qui peut encore l’être, après que le pays, une fois encore, s’est retrouvé économiquement exsangue. Que peut-on bien attendre de ces ‘’sauveurs’’ venus de l’extérieur, après les expériences déjà faites ? Une question qui cherche sa réponse…
Sébastien DOSSA