Qui a dit que le Bénin est le pays le plus pauvre en Afrique subsaharienne, notamment dans l’espace de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) et au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest(CEDEAO)? A cette interrogation un certain nombre de rapports récents semblent apporter quelques clarifications.
Par Edgard Couao-Zotti
Selon le «Rapport sur la situation de la pauvreté dans les pays de l’UEMOA» publié en 2012 par la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, le taux de pauvreté au Bénin est de 35,2%. Un tel taux aux yeux des spécialistes de la question constitue le niveau le plus bas de l’Union, vu que la moyenne sous-régionale est de 49.4%.
A l’analyse de ce tableau, on se rend à l’évidence que l’écart entre le revenu moyen des pauvres et le seuil de pauvreté, qui exprime la profondeur de la pauvreté est le plus faible au Bénin. Ce que vient confirmer le tableau n° 2 (10,4%) qui montre combien les inégalités de revenus entre pauvres sont récurrentes et sévères.
Le constat à ce tableau N°2 est que, au sein de la population pauvre, les plus pauvres des pauvres ne représentent que 4,5% de la population pauvre au Bénin. Moralité, c’est le niveau le plus faible de l’UEMOA. Mais, au niveau des populations prises dans leur ensemble, les inégalités les plus importantes ont été relevées dans notre pays.
Les données dans les deux tableaux sont basées sur le concept de seuil de pauvreté absolu. Un concept qui correspond au niveau de revenu nécessaire pour assurer les besoins alimentaires et non alimentaires d’un ménage. Lequel revenu est calculé à partir d’un panier de biens alimentaires. A cela s’ajoutent les dépenses en habillement, en logement, en transport et en énergie. Tous biens indispensables à la survie d’un ménage.
Meilleures statistiques
Au regard donc de tous ces chiffres, on peut déduire que le Bénin détient les meilleures statistiques dans l’espace UEMOA, sur la base des indicateurs microéconomiques que sont l’incidence, la profondeur et la sévérité de la pauvreté.
Selon le Produit intérieur brut(PIB), indicateur macroéconomique, le Bénin se classe, régulièrement, troisième dans l’espace UEMOA, (après la Côte d’Ivoire et le Sénégal), de 2003 à 2012,avec un PIB par habitant de $752, en 2012. Toujours selon ces mêmes statistiques, le Bénin a le 6e PIB par habitant le plus élevé de la CEDEAO et occupe le 31e rang à l’échelle du continent africain, en 2012.
Et au Rapport sur le Développement humain 2013 - PNUD) d’indiquer que le Bénin se positionne au 3e rang des pays de l’UEMOA, après le Sénégal et le Togo, avec un indice de 0.436.
Peut-on dire au vu de ces statistiques que la situation de la pauvreté au Bénin est encourageante par rapport à ses voisins de l’UEMOA et la CEDEAO, dont la plupart regorgent de richesses minières et pétrolières ? La question reste ouverte, d’autant que la situation de la pauvreté dans toute l’Afrique subsaharienne doit être débattue avec beaucoup de circonspection.
Car, aujourd’hui, des sources officielles généralement crédibles informent que le nombre d’habitants en situation d’extrême pauvreté en Afrique subsaharienne, représente plus du double de ce qu’il était il y a trois décennies.
Il y a 30ans donc, on était 205millions de personnes, aujourd’hui on est 414 millions de personnes. Résultat, l’Afrique subsaharienne compte plus du tiers de la population du monde en situation d’extrême pauvreté.
Atteinte des OMD, une obligation
Dans une telle situation, l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) par l’Afrique, notamment, l’Afrique subsaharienne, se révèle être un devoir voire une obligation morale des gouvernants vis-à vis des populations.
Et le «Rapport DATA ONE 2013: Financer la lutte pour la transformation de l’Afrique», tombe bien à propos. Il évalue les progrès réalisés par les pays d’Afrique subsaharienne dans l’atteinte des OMD.
Ainsi donc, il qualifie les progrès réalisés par le Bénin, dans l’atteinte des OMD, d’«excellents» et le classe parmi les 16 pays en bonne voie pour réduire de 50% l’extrême pauvreté d’ici 2015.
Ce rapport classe également le Bénin parmi les 10 pays d’Afrique subsaharienne faisant partie du «peloton de tête» en bonne voie d’atteindre ou ayant déjà atteint au minimum cinq (5) OMD d’ici 2015. Il relève par ailleurs qu’en moyenne, les pays qui ont investi la plus grande part de leur budget national dans l’agriculture, la santé et l’éducation, sont aussi ceux en meilleure voie d’atteindre les OMD tout en faisant partie du «peloton de tête», à l’instar du Bénin.
Aussi le Rapport «Évaluation des progrès accomplis en Afrique dans la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement, 2013», du Groupe de la Banque Africaine de Développement, du Programme des Nations Unies pour le Développement, de la Commission économique pour l’Afrique et l’Union Africaine reconnaît-il au Bénin ses efforts dans la lutte contre la pauvreté pour atteindre les huit OMD d’ici 2015. Mais le pays peut encore faire mieux.
