Le Gouvernement a estimé que la filière coton est mal gérée par les opérateurs privés et leur a arraché cette gestion depuis environ deux ans. Mais sous le prétexte d’augmenter la production, des ministres cultivent et vendent du coton au Bénin. L’un d’eux a déclaré le lundi 19 août sur la télévision Ortb que le Président aussi en fait.
C’est sur la chaîne de télévision nationale que le Ministre en charge de l’énergie, M. Barthélémy Kassa a fait hier, lundi 19 août 2013, le point de sa dernière descente le 16 août 2013 dans sa ferme. Aussi surprenant que cela puisse paraître, c’est avec une aisance déconcertante que le ministre s’est présenté en producteur et vendeur de coton dans la commune de Matéri.
M. Barthélémy Kassa disait : « Ce que j’ai gagné en net, cela m’a aidé à faire mon forage, à faire mon château et je donne de l’eau aux populations ». Ces déclarations du ministre étonnent grandement et l’on se demande ce qui se passe réellement sous le régime de la Refondation. Comment des membres du Gouvernement peuvent-ils disposer de ferme qu’ils mettent en valeur pendant qu’ils sont au Gouvernement et décident de la gestion et de l’octroi des intrants pour le coton sur les fonds publics ? Ce sont eux qui vendent les intrants aux populations. Ils se les vendent aussi, à en croire le ministre Kassa. Et au finish, ils vendent encore leur coton à l’Etat et tire des bénéfices. Est-ce alors pour faire cela qu’ils ont arraché la gestion de la filière qui génère des ressources au pays ? Est-ce pour cela qu’ils y investissent des milliards de la République? Le Parlement doit en urgence se pencher sur ce dossier pour que l’on puisse voir s’il n’y a pas une supercherie dans la démarche. Car on ne devrait pas, sous le prétexte de l’augmentation de la production, être membre du Gouvernement, cultiver et vendre à l’Etat le produit qui apporte plus de devises au pays, alors qu’on en a au même moment la responsabilité de la gestion. Et ce qui trahit bien le ministre, ce sont ses déclarations. Il a laissé entendre par exemple : « Je n’ai pas connu de perte. J’ai gagné ». Le Parlement dans sa mission de contrôle de l’action gouvernementale devrait interpeller l’Exécutif sur la production et la vente du coton à l’Etat par les membres du Gouvernement. L’Agence nationale de lutte contre la corruption (Anlc) doit aussi aller voir ce qui s’y passe. Car accompagner le Chef de l’Etat qui demande de doubler la production cotonnière ne justifie en rien que des ministres en fonction cultivent et vendent du coton concurremment avec les producteurs. Il aurait fallu initier des fermes communales qui seraient des propriétés des populations. Mais le fait de se substituer à certaines populations pour produire et commercialiser du coton laisse à désirer. Et pendant que certains criaient qu’ils n’ont pas d’intrants, le ministre en dispose. Mieux, il ne se plaint pas pour son champ dans la mesure où il a même un château d’eau construit, dit-il, grâce à ses bénéfices sur la vente du coton ; quoi qu’il prétexte donner de l’eau aux populations. A chacun d’apprécier ce comportement du ministre qui a même déclaré que le Chef de l’Etat lui-même a fait comme lui. Lorsqu’un ministre vient déclarer qu’il tire profit du coton, il y a de quoi s’inquiéter et appeler à la clarification.