La campagne anti-révision de la constitution vient de recruter un allié de taille, en l’occurrence, les magistrats à travers leur organisation de lutte, l’Unamab (Union nationale des magistrats du Bénin). La déclaration qui aligne les magistrats dans les rangs de la lutte contre la révision de la constitution a été faite lundi soir dans un cadre solennel, à l’occasion de la passation de service entre Gardes des sceaux, ministre de la justice entrant et sortant en présence de plusieurs personnalités proches du Chef de l’Etat.
Estimant que le projet gouvernemental de révision de la constitution transmis au parlement pour étude porte atteinte à l’indépendance du pouvoir judiciaire, les magistrats ont tenu à demander l’urgent retrait dudit projet. Là-dessus, leur demande vaut mise en garde : « Votre première bataille, vous vous en doutez Monsieur le Garde des Sceaux entrant, sera le retrait et la relecture du projet de loi portant révision de la constitution à l’effet de le débarrasser de toutes dispositions tendant à la caporalisation du pouvoir judiciaire ». Cette prise de position indique clairement que le corps judiciaire n’apprécie pas certaines dispositions du projet de loi portant révision de la constitution dont ils réclament d’ailleurs : « la purge du projet de loi portant révision de la Constitution de toutes dispositions attentatoires à l’indépendance de la justice ». Cette exigence qui tient lieu d’une revendication préalable de l’Unamab n’est pas négociable d’après les magistrats qui ont tenu à avertir d’avance le gouvernement des déconvenues qu’engendreraient toutes résistances. En tout cas, à la tribune d’accueil du nouveau ministre de la justice, l’Unamab qui a proposé un contrat de partenariat basé sur le dialogue au ministre entrant n’a pas mâché ses mots pour exprimer clairement à Valentin Djènontin qu’il n’aura pas leur soutien toutes les fois qu’il tenterait de les mépriser. « Monsieur le Garde des Sceaux entrant, si vous partagez cette offre de partenariat pour une justice plus efficace, vous aurez l’UNAMAB à vos côtés. Mais si, au contraire, vous estimez qu’il faille ridiculiser la justice et ses acteurs, l’UNAMAB sera dans la triste obligation de ne pas vous accompagner. Pour éviter une bataille rangée entre l’UNAMAB et vous, comme a su bien le faire votre prédécesseur, je vous conseille de recourir à la concertation préalablement à toute décision majeure ».