Cotonou- Le président français François Hollande est arrivé jeudi au Bénin pour s’entretenir avec son homologue Thomas Boni Yayi - qui a récemment annoncé qu’il ne briguerait pas de troisième mandat - première étape d’une tournée africaine éclair qui le conduira aussi en Angola et au
Cameroun.
M. Hollande a été accueilli jeudi à 00H30 heure locale (mercredi 23H30 GMT)
à l’aéroport international de Cotonou par M. Boni Yayi et par son nouveau
Premier ministre Lionel Zinsou.
Les soubresauts de la crise grecque, dans l’attente du référendum de
dimanche, risquent fort de parasiter le périple du chef de l’Etat français.
Mais ses services soulignent l’importance de ce déplacement, dans trois pays
où M. Hollande ne s’est jamais rendu et dont les liens avec la France sont
distendus depuis de nombreuses années.
Devant un kiosque à journaux de Cotonou jeudi matin, Justin, un chauffeur
de taxi-motos d’une trentaine d’années, se réjouissait de cette visite d’Etat
attendue de longue date. "Ça fait plus de 30 ans qu’un président français en
exercice n’a pas foulé le sol béninois. (...) C’est un honneur pour le Bénin,
une prime à l
a démocratie et une façon de soutenir notre président", se
réjouit-il.
En effet, la dernière visite d’un président français remonte à celle du
socialiste François Mitterrand en 1983. M. Hollande, qui doit prononcer jeudi
matin une allocution devant les parlementaires et d’autres personnalités du
…
pays, devrait s’attarder sur l’exemple de démocratie que représente ce petit
Etat côtier ouest-africain, qui a connu trois alternances démocratiques depuis
1990.
"Le choix d’aller au Bénin dans la période actuelle est en soi un message
politique. Le président Yayi vient d’annoncer qu’il respectait la Constitution
en ne briguant pas un troisième mandat en mars 2016", souligne-t-on à la
présidence française.
"Au Bénin comme au Sénégal, la démocratie c’est un peu leur pétrole",
souligne le journaliste et écrivain français Antoine Glaser, qui suit depuis
de nombreuses années les relations entre la France et l’Afrique.
Plusieurs pays africains, en particulier le Burundi, connaissent des
troubles liés à la volonté de leur chef d’Etat de se maintenir au pouvoir
malgré les limites posées par leurs Constitutions.
- pas d’"ingérence" -
M. Hollande arrive à Cotonou moins de deux semaines après la nomination à
la tête du gouvernement de l’homme d’affaires franco-béninois Lionel Zinsou,
très proche du chef de la diplomatie française Laurent Fabius et possible
candidat à la succession de M. Boni Yayi.
M. Zinsou préside aussi la Fondation franco-africaine pour la croissance,
une institution créée par Paris en décembre 2013 pour dépoussiérer les
relations économiques entre la France et l’Afrique. Un rôle qu’il dit vouloir
continuer à assumer.
"François Hollande donne l’impression de venir adouber un conseiller", note
M. Glaser. Mais du côté de la présidence, on rejette tout soupçon
d’"ingérence" française, soulignant que la visite était programmée "bien
avant" le changement de gouvernement.
M. Hollande doit aussi visiter un centre de recherche franco-béninois
testant un nouveau vaccin contre le paludisme, la première cause de décès chez
les enfants de moins de cinq ans dans ce pays de 10 millions d’habitants.
Il se rendra enfin dans la "Bluezone", une structure créée par le groupe
français Bolloré dans un quartier populaire regroupant à la fois un incubateur
pour jeunes entrepreneurs, une salle de spectacle, des espaces dédiés au sport
et aux loisirs et un espace de santé.
La Bluezone, espace de vie entièrement autonome sur le plan énergétique
grâce à un parc de panneaux solaires, qui existe déjà dans plusieurs pays
africains, "montre la contribution que les entreprises peuvent apporter à la
lutte contre le réchauffement climatique, en vue de la COP21 (conférence des
Nations Unies sur le changement climatique) qui doit se tenir à Paris en
décembre 2015", soulignent les services de M. Hollande.
Après avoir rencontré la communauté française, M. Hollande doit décoller en
début d’après-midi pour Luanda, en Angola, pour une visite essentiellement
économique, avec la volonté de diversifier les échanges de la France au-delà
du secteur pétrolier.
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