Le bon sens veut que le bébé à qui on a arraché le biberon pleure. Mais sous le régime actuel, pourtant particulier par la qualité de ses hommes, il y en a qui jubilent quand on leur enlève le biberon. Ils déboursent assez d’argent pour dire merci au Chef qui, pour une raison ou pour une autre a choisi de prendre congé.
A Abomey, toute la panoplie des ‘’ahovi’’ est déployée par Blaise Ahanhanzo-Glèlè pour dire merci au Chef. Idem à Kpataba avec Benoît Dègla où sous le couvert d’une messe d’action de grâce, on a voilé le remerciement. A première vue, on pensait que le message était un soulagement. Soulagement pour avoir servi avec probité et abnégation la république ou d’avoir accompli une mission quelconque. Mais il a semblé que ce n’était pas le message. Le message était celui de remercier le chef pour lui avoir accordé la chance de faire l’expérience au sein de son gouvernement. En d’autres termes, les ex-ministres disent indirectement au Chef qu’ils sont toujours disponibles pour vivre d’autres expériences à ses côtés. Et pour réussir le coup charmeur, ils ont utilisé le canal qui affaiblit le Chef, la télévision. La stratégie est toute pensée.
L’équipe de marcheurs est vite mobilisée et la mise en scène apparait au grand jour avec à l’appui les laudateurs assermentés et une poignée de têtes couronnées pour corroborer le tout. Le Chef qui a toujours un penchant surprenant pour la foule et les actions d’éclat ne restera pas indifférent à cet appel de ses collaborateurs déférents d’hier. Le plus dur a été fait. Vivement les prochains Conseils des ministres. En fait, le geste n’est pas singulier. L’histoire nous a appris que le Chef n’a jamais été ingrat envers ses disciples fidèles. L’exemple est légion. Les ministres transformés en conseillers spéciaux, directeurs généraux de sociétés publiques et semi publiques continuent de trotter dans la pensée. Au nombre des ministres gratifiés, après avoir servi dans le gouvernement, il y a eu la célèbre ex-ministre des Affaires étrangères Mariam Aladji Boni Diallo promue Conseillère spéciale de ses anciennes attributions.
Les ministres Joseph Ahanhanzo, promu à la tête du Port autonome de Cotonou après son départ du gouvernement, Bio Idrissou Gounou Sina, entre temps Directeur général de la Sonapra, et actuellement Conseiller spécial du Chef de l’Etat, Soumanou Toléba entre temps fidèle collaborateur à la tête du département de la culture actuellement Directeur général de la Société béninoise de manutention portuaire (Sobemap), Félix Hessou qui débarqué du ministère de l’Intérieur, de la sécurité publique et des cultes a été reversé en qualité de conseiller spécial à la défense. Il faut ajouter les noms de Moudjaïdou Soumanou, ancien ministre du Commerce devenu Directeur général de la Sodéco, Sakinatou Alfa Orou Sidi, du ministère de la Microfinance à la Centrale d’achat des intrants agricoles et la liste est longue. Ceux-ci ont été promus sans tambours. Les deux chefs orchestres de ce samedi ont des raisons tout aussi justifiées de maximiser leur chance en caressant le chef dans le sens du poil. Le geste est bien raisonné. Ce n’est pas de l’argent jeté. C’est une dépense qui sera rentabilisée après les nominations en Conseil des ministres. Voilà à quoi est réduite la République. On aura tout vu.
Les marcheurs attendent les nouveaux promus
Les marcheurs professionnels des fiefs des nouveaux promus doivent se mobiliser pour se mettre un peu les poches. Les prochains week-ends seront époustouflants en remerciements. Ces nouveaux ministres n’ont pas le choix. C’est pratiquement la condition quand on veut durer. Certains ont déjà commencé. On prétexte d’un pèlerinage marial pour faire une escale politique dans son fief. En tout cas, tous les jeux sont bons. Pourvu que le Chef soit remercié.
