Les populations béninoises sont allées aux urnes dimanche dernier, pour choisir ceux qui pendant les cinq prochaines années, s’occuperont de la promotion du développement local et de la démocratie à la base. Mais le comportement dédain qui sourd de cette opération électorale pourtant capitale, préfigure de la qualité des prochains maires de communes. C’était l’occasion plus que jamais, de marquer une rupture effective avec la mauvaise gouvernance dont ont fait montre, la quasi majorité des exécutifs à la tête des collectivités décentralisées. Les élections communales, municipales et locales du 28 juin dernier constituaient une opportunité offerte sur un plateau d’or, pour affliger les maires enthousiastes des ressources publiques en leur infligeant une cuisante défaite. Il y avait à souhaiter que les populations qui sont les bénéficiaires directes des services à elles offerts par ces élus communaux, réagissent autrement, en sanctionnant par le biais de ces élections, les actes répréhensibles suscitant leurs griefs. Mais ce ne fut pas le cas ce dimanche qui fut tout de même décisif dans la vie de nos communautés, peut-être victimes de la mauvaise gestion des ressources mises à disposition des communes à travers ce mécanisme du Fonds FADeC (Fonds d’Appui au Développement des Communes).
Mais il y a eu, à notre corps défendant, des circonstances qui n’ont point favorisé ce départ massif de maires sur qui pèsent de lourds soupçons. En dehors des cas de force majeure, le peu d’engouement affiché partout, occasionnant le faible taux de participation au suffrage universel, offre un terrain fertile au retour massif aux affaires de maires ou d’hommes de peu de confiance. Certes, la démotivation de la population face à l’impunité peut expliquer cela. L’expérience de trois générations de maires peut aussi être mise en avant. Et cela répond à la qualité de la gestion de nos élus, la gouvernance des affaires communautaires.
A preuve, les différents rapports produits par les inspecteurs suite aux diverses opérations de contrôle conduites auprès des exécutifs communaux et municipaux, laissent transparaitre des dysfonctionnements et des failles parfois indicibles surtout après dix ans de décentralisation. Le clou de tout ceci est le fameux rapport d’enquêtes parlementaires qui a révélé beaucoup d’irrégularités touchant à la vie même des collectivités à la base.
Pour peu qu’on ait négligé ce tournant, on s’offre le maximum de chance de confier les destinées des collectivités aux mains de gens incompétents, peu soucieux du développement à la base. C’est une grave erreur que de se comporter ainsi, en laissant trop de marge de manœuvre à ceux-là dont on doute de la qualité de gestion et de management.
Le risque, à terme, c’est que pendant plusieurs années encore, l’épineuse question de bonne gouvernance des affaires communautaires va toujours se poser. Cette génération d’élus risque encore de nous éloigner du coche. Et l’avènement de la vraie décentralisation ne sera pas pour demain. Quel gâchis ! En tout cas, « We have a long way to go ».
Félix MAHOUGNON