Qui a pu bien faire cette bourde ? La visite de François Hollande au Bénin, hier, a laissé une onde de frustration dans le cœur des Béninois et de Nicéphore Soglo, ancien président de la République. Le protocole d’Etat n’a pas daigné lui envoyer une invitation, même pas au titre de maire de la ville qui a accueilli l’illustre hôte.
Nous sommes malheureusement au regret de constater qu’au Bénin, les 'anciens' sont rangés au placard. Nicéphore Soglo en a eu pour son grade au cours de la visite du président français, François Hollande, en terre béninoise. Pas une seule trace de l’ancien président et actuel maire de la ville de Cotonou, ville hôte du président français. Dépité par ce qu’il considère comme une humiliation, l’ancien chef de l’Etat confiait à l’écrivain, Florent Couao-Zotti, qu’il a été déclaré persona non gratta. Sa tenue traditionnelle en serait-elle la cause ? En tout cas le protocole d’Etat ou les instances chargées d’inviter les personnalités à ces rencontres historiques, pour un pays, l’ont royalement ignoré. Pourtant, nous avons remarqué la présence d’autres 'anciens' tels que : le médiateur émérite et l’ancien chef d’état-major général des armées, le général Mathieu Boni à la cérémonie d’hommage. On aurait signifié au président maire que les anciens présidents n’y ont pas leur place ». Quelle bourde et quel manque d’élégance ? Si sur les trois anciens chefs d’Etat encore en vie, Soglo semble avoir le bénéfice de la force physique, il est inimaginable qu’il ne soit pas invité à rendre hommage à François Hollande, venu saluer la démocratie béninoise. On peut bien avoir des différends avec Nicéphore Soglo, mais cela ne saurait justifier le manque de considération qui lui est fait.
Les raisons qui fondent en principe son invitation
Nicéphore Soglo devait être invité aux manifestations liées au court séjour du président français au Bénin pour plusieurs raisons.
Primo, il est le maire de la ville qui accueille François Hollande. Celui qui est devenu dans l’intervalle d’une journée, le citoyen de Cotonou.
Secundo, Nicéphore Soglo est le premier ministre qui avait assuré en douceur la transition démocratique ayant mis le Bénin sur les rails de la démocratie. Un processus auquel François Hollande a fait allusion. Tertio, pour le respect dû à son rang, Nicéphore Soglo devrait absolument être invité. Ne pas le faire, est une offense envers l’aîné qu’il représente et auprès de qui, on devrait s’informer sur le discours de la Baule de François Mitterrand. Rien ne devrait justifier l’exclusion de Soglo, si ce n’est la bêtise humaine et c’est bien dommage. Des excuses doivent être présentées et si l’exclusion avait été faite à dessein et à l’insu de Boni Yayi qui d’ici à sept mois devrait rejoindre le rang des anciens chefs d’Etat, des têtes devront tomber.
Euloge ZOHOUNGBOGBO