En réponse au message de la Conférence épiscopale du Bénin, lequel message portait sur le profond malaise actuel que connait le Bénin et la question de la révision de la Constitution, le chef de l’Etat adresse au président de cette institution religieuse une lettre qui a tout l’air d’une demande d’explication.
En dépit de toute la courtoisie dont le chef de l’Etat s’est entouré avant de s’adresser au président de la Conférence épiscopale du Bénin, l’Eglise doit se sentir offensée. « Je vous saurais hautement reconnaissant des dispositions que vous voudriez bien faire prendre au nom de Dieu le Père Céleste pour faire droit à ma requête, ma soif de connaître les raisons de l’implication de votre Institution dans un dossier entre les mains de la Justice que nous voulons indépendante dans notre pays et les raisons qui ont présidé à de telles Déclarations dont la nature est de diviser plutôt que de rassembler et d’éloigner notre pays de sa crédibilité internationale puisque le Président de la République serait un « menteur » et un « geôlier », a mentionné le chef de l’Etat dan sa lettre qu’il a envoyée au président de la Conférence épiscopale du Bénin, son excellence Mgr Antoine Gangné. En ces termes, c’est à croire que la Conférence épiscopale du Bénin n’était pas dans son rôle en rappelant aux gouvernants comment ils s’écartent des normes en ce qui concerne le malaise généralisé que connait le pays
La conférence épiscopale du Bénin qui s’est toujours prononcée sur des dossiers brûlants de l’actualité nationale et qui a toujours sauvé, sans parti pris, la barque Bénin, est aujourd’hui taxée de supporter une frange des populations au détriment d’autres. Pis, le chef de l’Etat fait croire désormais dans sa lettre que c’est l’Eglise qui divise les Béninois pour avoir dit tout haut ce que la plupart des Béninois murmurent au fond de leur cœur. Alors qu’est-ce qu’on dirait des nombreuses lettres des évêques qui, au temps du Gouvernement du Général Kérékou, avaient pris fait et cause en faveur des populations et dénonçaient les dérives dictatoriales de ce régime militaro-marxiste-léniniste.
En son temps, ces lettres étaient décortiquées par le gouvernement notamment celle de janvier 1989 qui a conduit au finish à la décision d’organiser la Conférence nationale. Mais en 2013. Le Docteur Boni Yayi qui a pourtant reconnu le profond malaise qui s’observe dans le pays au quotidien, adresse plutôt une demande d’explication au clergé catholique qu’il somme de déférer à sa requête et d’apporter les motivations de ses déclarations. C’est ni plus ni moins une façon d’humilier l’Eglise, de la discréditer. Mais que fera le chef de l’Etat si le clergé ne s’exécute pas, se demandent les Béninois ? Fulbert FAVI