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Le Matinal N° 4169 du 22/8/2013

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Développement économique par la foi : Yayi et ses conseillers se trompent de chemin
Publié le vendredi 23 aout 2013   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat beninois, yayi boni


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Les économistes et les sociologues du développement expliquent souvent le retard des pays africains par le déséquilibre des é changes commerciaux Nord/Sud. L’Occident fixant toujours le prix des matières premières, l’Afrique peu industrialisée reste impuissant face à la voracité des capitalistes. La situation de l’économie africaine ne serait pas si dramatique, si la responsabilité de ses dirigeants dans cet état de fait n’était pas énorme.

L’Afrique à l’entrée du 21ème siècle est normalement promue à l’émergence économique et à la prospérité. Elle avait, pour ce faire, pris le train avec la Chine et le Japon, un peu après la 2ème Guerre mondiale. Force malheureusement est aujourd’hui de constater, que nous sommes toujours dans l’ornière du sous-développement. La faute à nos dirigeants. A l’instar de Yayi Boni, certains dirigeants africains sont toujours à l’étape de la « prière pour avoir une bonne pluviométrie ». D’ailleurs, le président béninois continue de penser que, c’est parce que le Béninois n’a pas une « grande foi en Dieu, que le pays n’a pas encore véritablement décollé économiquement. Si Yayi n’était pas un économiste, il serait excusable. Parce qu’étant un économiste, le Chef de l’Etat devrait plus professer la science et la raison, causes premières et universelles du progrès. Plutôt que de professer la foi. Encore que, si on s’arrêtait à ce niveau, le président vient de commettre à nouveau une énorme bourde. Car, le berceau du Vodoun, Dahomey/Bénin, comme tout le monde le sait, est d’abord un réceptacle de croyances, pratiques et savoirs endogènes forts et très puissants. Beaucoup nous envient d’ailleurs ce legs historique, véritable patrimoine touristique à promouvoir. Or, nos pratiques Vodoun, sont du domaine de la foi. La foi, puissance et énergie irrationnelle est une émotion qui anime l’être. La « foi en Dieu » ne peut pas apporter le progrès. L’état économique dans lequel le Bénin végète toujours, est là pour en témoigner. Les Béninois sont naturellement de grands croyants. Mais, le pays reste dans un état de sous-développement. Yayi Boni et ses conseillers doivent donc venir à la lumière. Le Chef de l’Etat et ceux qui l’entourent doivent résolument prendre le chemin du progrès, de la science et de la raison. Il faut quitter la fausse assurance de la foi.

Le manque de volonté politique

L’histoire de l’Europe du début du 19è siècle en est un exemple. Le Bénin n’est pas un pays pauvre au 21ème siècle, parce que les individus qui y habitent sont des gens de peu de foi. Au contraire, le Béninois déborde de foi. C’est ce filon que justement, Yayi et ses sbires exploitent en les occupants à longueur du temps de prières et marches inutiles. Au même moment, ce gouvernement méconnaît les vraies rituelles, et autres pratiques sacrificielles pouvant apporter la paix et un peu de sérénité psychique aux Béninois. Tout ceci, pour dire que le développement est une œuvre volontariste. Quand on veut, on se donne les moyens pour pouvoir faire. Le Bénin à l’étape actuelle a besoin d’une telle volonté forte. Il a plus que jamais besoin aujourd’hui que son futur, les cinq et dix années à venir, soit pensé et tracé. Certes, les concepts de Yayi, Refondation et Changement, n’ont pas pu nous faire ce travail de prospection. Ils ont échoué, restant jusqu’à aujourd’hui des concepts flous et illisibles. En effet désespérément, on cherche à travers les gestes et actes que Yayi pose depuis 7 ans, mais il est difficile d’y lire une ligne claire. Le « yayisme », est une aventure, sans boussole. Il a improvisé dans tous les domaines. En définitive, soit Yayi n’était pas prêt à exercer le pouvoir d’Etat et à reconstruire le Bénin, soit il écoute peu ses conseillers. A moins, par ailleurs, qu’il ne soit entouré de conseillers peu compétents.

S’inspirer de l’Europe

Demain se construit aujourd’hui. Hiroshima et Nagasaki, deux villes célèbres du Japon, ont été complètement rasées par les bombes américaines vers la fin de la seconde Guerre mondiale. Plus de cinquante ans après, ces villes sont reconstruites et le Japon est une puissance économique qui talonne les Etats-unis. L’Europe aussi a été complètement dévastée par les affres du nazisme. Plus de 65 000 juifs ont été gazés dans les camps de concentration. Mais aujourd’hui tout a été reconstruit par la volonté politique, et surtout par l’industrialisation. Malheureusement, le « yayisme » prône toujours ici le progrès par la foi. Plus grave, le président béninois, il n’y a pas si longtemps président en exercice de l’Union africaine, laisse dire que « les pesanteurs de nos structures culturelles et mentales » sont la cause de notre sous-développement. Cela voudra dire qu’il n’est pas loin de penser comme Nicolas Sarkozy que, « l’Afrique n’est pas assez rentrée dans l’Histoire ». Cela est un énième manquement à mettre à l’actif du prince. L’histoire en jugera.

Abdourahmane Touré

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