COTONOU - Un contingent mixte de la Compagnie Républicaine de sécurité et des Forces armées béninoises, a interdit samedi à Cotonou, le meeting suivi de marche pacifique, que les forces politiques de l'opposition, notamment l'Union Fait la Nation (UN) et la Convention patriotique des Forces de gauche, veulent organiser pour protester contre le projet de révision de la Constitution béninoise du 11 décembre 1990.
Très tôt ce samedi, plusieurs dizaines des éléments de la Compagnie Républicaine de sécurité et des Forces armées béninoises, armées de matraques, de gourdins et de gaz lacrymogène, ont pris d' assaut la Bourse de travail de Cotonou, lieu de ralliement des forces politiques de l'opposition, pour empêcher la tenue du meeting qui sera suivi de la marche pacifique.
« Nous avons reçu l'ordre de nos hiérarchies supérieures d' empêcher le meeting suivi de la marche de l'opposition contre la révision de la Constitution », a confié à Xinhua, sous le couvert de l'anonymat, un haut gradé de la compagnie Républicaine de sécurité.
De même, selon un arrêté du préfet des départements de l' Atlantique et du littoral, dont Xinhua, a obtenu copie auprès des manifestants, « Est interdite la marche pacifique de protestation que projette d'organiser la Convention patriotique des Forces de gauche contre la révision de la Constitution ».
Mais pour Me Joseph Djogbénou, du Creuset pour le développement et la liberté, l'interdiction de cette marche est illégale et anti démocratique.
« Dans un pays de droit comme le Bénin, le pouvoir ne peut pas laisser ses partisans marcher pour soutenir son projet de révision de la Constitution et empêcher l'opposition de manifester contre le même projet de révision de la loi fondamentale du pays », a-t- il déploré.
Mais pour le premier porte-parole de la Convention patriotique des Forces de gauche, M .Jean Kokou Zounon, l'interdiction de cette marche ne peut pas empêcher les Forces politiques de l' opposition de manifester contre le projet de la révision de la loi fondamentale.
« Nous n'allons jamais rester les bras croisés. Nous allons toujours manifester, non seulement pour exiger du gouvernement béninois, le retrait du projet de loi portant révision de la loi fondamentale du pays, mais aussi pour manifester contre la mauvaise gouvernance générale du pays », a-t-il déclaré.
Dans une récente déclaration à Cotonou, les forces politiques de l'opposition, les Confédérations et Centrales syndicales du Bénin, ont réaffirmé leur opposition à toute révision de la Constitution béninoise de 11 décembre 1990, sans concertation préalable entre les forces vives de la nation.
De même, dans une correspondance adressée au président béninois, Boni Yayi, la Conférence épiscopale du Bénin, a estimé que cette révision de la loi fondamentale du pays, mettra en péril la paix de la Nation surtout en ces temps où le pays vit dans un climat de fortes tensions, de divisions ouvertes, de malaise profond.
Mais pour le président béninois, Boni Yayi, à travers ce projet de loi, le gouvernement a donné le gage de sa bonne foi et de la transparence qui entoure sa démarche, en se limitant scrupuleusement aux trois principales modifications, notamment la création et la constitutionnalisation de la Cour des Comptes, la constitutionnalisation de la Commission Electorale Nationale Autonome (CENA) et l' imprescriptibilité des crimes économiques dans le cadre de la lutte contre la corruption et l'impunité.
De même, a-t-il souligné, les propositions de modifications contenues dans le projet de loi ne concernent en aucun cas les options fondamentales de la Conférence nationale de février 1990, qui ont été réaffirmées dans la loi n° 2011-27 du 18 février 2012, en ce qui concerne les conditions de recours au référendum, notamment à la forme républicaine et la laïcité de l'Etat ; l' atteinte à l'intégrité du territoire national ; le mandat présidentiel de cinq ans renouvelable une fois ; la limite d'âge de 40 ans au moins et de 70 ans au plus pour tout candidat à l' élection présidentielle et le type présidentiel de régime politique au Bénin.