La décision de certains hommes politiques et des organisations de la société civile qui ne se retrouvent pas dans le schéma de gouvernance du régime actuel, de marcher pour exprimer leur ras-le-bol, n’a pas rencontré l’adhésion du gouvernement qui, par le ministre de l’intérieur, à opposer son refus (photo de l'ancien ministre de l'intérieur M. DEGLA).
Le gouvernement de Boni Yayi est toujours hostile à la contradiction, dirait-on. Il vient de le prouver à nouveau en interdisant la marche pacifique projetée par les forces de l’opposition politique à sa gouvernance controversée des affaires de la République. En effet, c’est par un communiqué en bande défilante sur la chaine nationale que le ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes, François Houessou, a interdit ladite marche qui devrait se tenir dans la matinée du samedi dernier.
Les arguments avancés par l’autorité semblent fallacieux, et laissent planer le doute sur les réelles motivations de cette interdiction. Coutumier des faits, le même scénario a toujours été utilisé par le passé pour contraindre des organisations syndicales et les mouvements de l’opposition à renoncer à leurs marches de protestation. La militarisation de la bourse du travail et la répression du mouvement ‘’Mercredi Rouge’’ où tout individu qui porte le rouge et qui manifeste contre la révision de la Loi fondamentale est automatiquement arrêté et présenté au procureur, sont des preuves évidentes et palpables qui révèlent que Boni Yayi et son gouvernement ne veulent plus de mouvements contradictoires dans le pays.
Pour le gouvernement, tout le monde doit parler le langage de la refondation, un concept qui, malheureusement, n’apporte rien de concret pour améliorer le vécu des Béninois qui attendent toujours de sortir du labyrinthe de la pauvreté et de la misère ambiante. Même si, selon le communiqué, ce mouvement serait inconnu et illicite, les acteurs et leaders de ce creuset sont connus. Le gouvernement, pour montrer sa bonne foi, devrait donner toutes les garanties pour la sécurisation et l’encadrement des très fâchés qui veulent extérioriser leurs sentiments. Le paradoxe, des mouvements naissent et sont totalement inconnus tant du peuple que du gouvernement, mais qui obtiennent l’autorisation et toutes les mesures sécuritaires, pourvu que les acteurs clament les merveilles du ‘’roi’’ Yayi.
Du nord au Sud, de l’ouest à l’est, des partisans du pouvoir marchent, défilent, chantent et dansent pour proclamer les louanges de la refondation. Mais quand il s’agit de l’opposition, on trouve qu’ils sont inconnus et leur organisation est inconnue. On se rend compte que la contradiction déserte davantage le forum. Seuls ceux qui vocifèrent et font du tapage ont droit de ‘’circuler’’ et de marcher. Il faut que la politique de deux poids deux mesures disparaisse des habitudes du pouvoir. Il y va de l’intérêt général.