Annoncé pour ce samedi 24 août, le géant meeting suivi de marche de la Convention patriotique de gauche et de l’Union fait la nation (Un) contre la révision de la Constitution et la mal gouvernance a été empêché. Le gouvernement de Yayi Boni à travers le ministère de l’Intérieur a envoyé un fort détachement de policiers et gendarmes pour terroriser les manifestants et tuer l’initiative dans l’œuf. Retour sur les moments forts.
Les signaux sont au rouge, les libertés en sursis. Le régime Yayi affiche désormais son engagement sans défaillir à broyer tous les défenseurs des droits et libertés. Jamais dans l’histoire du Bénin on assisté à un déploiement pareil d’hommes en uniforme. La situation au petit matin de ce samedi a l’air d’un état de siège. Le contingent était impressionnant. Les populations qui s’y attendaient le moins ne savaient plus où donner de la tête. La débandade était générale. Pas un pas sans les forces de l’ordre. Déjà à 6 heures, tous les points stratégiques étaient quadrillés par les éléments de la Police et de la Gendarmerie. A l’étoile Rouge et à la Place Bulgarie, un fort détachement était déjà positionné et prêt à rectifier la posture à tous ceux qui oseraient bomber le torse. Le long de la clôture de la Bourse du travail, du collège d’enseignement général Gbégamey, ou du Centre de promotion et de l’Artisanat, on pouvait voir aussi une importante ‘’haie bleue’’ formée de policiers et gendarmes. De fréquentes patrouilles dissuasives étaient perceptibles sur les principales artères reliqnt ces pôles de la ville.
Ils n’ont pas faibli
En dépit de cet important dispositif sécuritaire, les défenseurs des droits et liberté n’ont pas faibli. Ils étaient déjà tous là autour de 7 heures du matin. Ni la forte haie encore moins les ambitions de bâillonnement systématique affichées ne les ont empêchés d’effectuer le déplacement. Joseph Djogbénou, Lazare Sèhouéto, Gaston Zossou, Paul Essè Iko, Gaston Azoua, Pascal Todjinou, Dieudonné Lokossou, Noël Chadaré, Jean Kokou Zounon, Saka Fikara et bien d’autres ont franchi la cohorte d’hommes en uniforme postés à l’entrée de la rue conduisant de la Bourse du travail. Mais ils n’ont pu accéder dans l’enceinte car un autre important dispositif y était positionné. Une discussion s’installe. Les partenaires sociaux débordés ne cachent pas leur ras-le-bol. Les forces de l’ordre raidissent leur position. Les responsables syndicaux furieux haussent le ton. La tension monte d’un cran. Mais la situation reviendra à la normale quelques minutes plus tard. Elle restera ainsi jusqu’au départ des ténors de l’opposition et des responsables syndicaux vers 08heures. Autour de 9 heures, un groupe de policiers à l’entrée s’est replié vers le véhicule Pick-up. On note un léger dégel. Paul Essè Iko dans une déclaration solennelle a invité les militants à rentrer chez eux dans l’ordre. « On ne faiblira pas. Rendez-vous dans une ou deux semaines », a-t-il lancé.
Les populations matées, une dizaine de motos saisies
Sans sommation, les éléments de la Police déployés devant la Bourse du travail se sont mis disperser et mater systématiquement les curieux encore présents sur les lieux après le départ des syndicalistes et autres acteurs de l’opposition. La débandade a été générale. Dans la foulée, beaucoup sont tombés. D’autres grièvement blessés. Un conducteur de taxi moto (zémidjan), a été rattrapé et rudoyé. Dans la fuite, certains passagers ont abandonné leur moto qui ont été systématiquement saisies. Une dizaine de motos a donc été récupérée.
Abdourhamane Touré
Quelques propos
Pascal Todjinou : « Chers amis, nous allons chez nous tranquillement et on se retrouve. Soyez toujours prêts ».
Dieudonné Lokossou, Secrétaire général de la Csa : « Il n’aura pas d’immunité….. »
Les ministres veulent marcher pour soutenir la révision opportuniste de la Constitution. Ils ne demandent pas d’autorisation. Il n’aura pas demain une immunité. Il n’aura pas d’immunité pour le Préfet, il n’aura pas d’immunité pour n’importe qui. Quelqu’un commet un crime, les crimes politiques sont imprescriptibles et nous sommes debout, on est là. Donc, exécutez les décisions avec intelligence pour ne pas répondre demain devant l’histoire. Nous tenons à dire cela.
Joseph Djogbénou : « Toutes les démarches ont été faites… »
Il y a des partis politiques qui ont organisé une manifestation. Une manifestation tendant à dire non à la révision de la Constitution et à se prononcer sur la situation politique. Bien entendu en s’étant conformés à la législation. Vous avez bien écouté que l’arrivée des forces de l’ordre de la Police et de la Gendarmerie a empêché la manifestation. Les syndicalistes n’ont pas pu entrer dans leur bureau et nous sommes là pour observer avec cette injonction qui est faite de mettre un peu la force pour disperser. Je tiens à confirmer que toutes les démarches officielles ont été faites. Ils ont interdit la marche par des décisions arbitraires.
Paul Essè Iko : « Restez prêts… » Camarades, nous avons pris acte de l’interdiction de notre marche qui est pacifique. Vous tous, vous êtes venus les mains vides. Camarades, nous sommes venus vous dire que nous avons pris acte de cette interdiction et que c’est mauvais. Mais, les organisateurs nous ont dit un certains nombre de choses. Compte tenu du fait que nous ne vous avions pas informés auparavant, nous allons reprendre cette marche et en grand. La marche ne peut pas être interdite au Bénin. Nous avons le devoir de mettre le doigt sur ce qui n’est pas bien. Nous allons nous disperser. Mais, il faut le faire camarades en ordre. Restez prêts. Dans une ou deux semaines, nous allons reprendre cette marche. Il y va de l’intérêt de nous tous. C’est un devoir pour nous.