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La Presse du Jour N° 1955 du 23/8/2013

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Mouvement de protestation contre la révision de la Constitution : Les forces de sécurité empêchent la marche de la CPFG
Publié le lundi 26 aout 2013   |  La Presse du Jour


Marche
© aCotonou.com par DR
Marche interdite des anti-révisionnistes
Samedi 24 Août 2013, Bourse du travail, Cotonou : Les membres du parti d`opposition Union fait la Nation et la Convention Patriotique des Forces de Gauche ont vu leur marche interdite par un communiqué du Ministre de l`Intérieur


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Le mouvement de protestation de la Convention patriotique des forces de gauche, prévu pour le samedi 24 août 2013, ne s’est plus tenu. Pour cause, les forces de sécurité publique ont très tôt le matin investi les lieux de rassemblement tels que la Bourse du travail, point de départ, et la Place de l’étoile rouge de Cotonou, point de chute de la marche. Une situation que les manifestants ont qualifiée d’illégale. Ces derniers annoncent que le mouvement est reporté à la semaine prochaine et qu’il sera plus électrique.
Policiers par ci, gendarmes par là.
La Bourse du travail de Cotonou a été, très tôt le matin du samedi 24 août 2013, envahie par une horde d’hommes en uniformes armées jusqu’aux dents. La raison de leur présence était très claire, c’était juste pour empêcher le mouvement pacifique de protestation de la Convention patriotique des forces de gauche (Cpfg) soutenu par l’Union fait la Nation (Un) qui devait se tenir ce jour. La Bourse du travail, point de départ de la marche, a été fortement militarisée. Aucune entrée dans cette maison n’était autorisée. Selon des sources proches des riverains de la Bourse du travail, c’est à 4h du matin que ces agents de sécurité publique ont pris d’assaut ce lieu de même que la place de l’étoile rouge. Dans le rang des policiers, c’était un calme plat. Par contre, chez les manifestants, c’est à des interjections de toutes sortes qu’on a assisté. Les deux parties sont restées à se regarder durant des heures. Finalement, le pire a été évité. Les manifestants se sont repliés. Mais ils se donnent rendez-vous pour la semaine prochaine. Il faut noter que par ce mouvement, la Convention patriotique des forces de gauche et l’Union fait la Nation (Un) voudraient protester contre le projet de révision de la constitution. Elles voudraient exiger le retrait du projet du parlement. Enfin, elles veulent protester contre la mauvaise gouvernance générale du pays par le pouvoir actuel.
François Houéssou signe son premier acte impopulaire
En décidant d’interdire le samedi 24 août 2013 le meeting suivi de marche que projetaient d’organiser les responsables de la Convention patriotique des forces de gauche, le nouveau ministre de l’intérieur François Houéssou a tristement inscrit son nom dans l’annale de l’histoire. Il a confirmé malheureusement tout le mal que pensaient certains Béninois de lui.
Certains Béninois dont Me Jacques Migan l’avaient traité « de quelqu’un qui ne pourra pas s’opposer aux ordres les plus sordides du Chef de l’Etat ». Les faits leur donnent raison. François Houéssou vient de montrer qu’il est pire que ceux qui l’ont précédé en matière d’entorse aux droits fondamentaux que sont la liberté de s’exprimer, la liberté de se réunir, la liberté de s’associer, pourtant garanties par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990 encore en vigueur en République du Bénin. Dans un communiqué au contenu incongru et menaçant, il a enjoint les responsables de la Convention patriotique des Forces de gauche de surseoir au meeting suivi de marche qu’ils ont projeté pour le samedi 24 août 2013.
Pour le ministre de l’intérieur, de la sécurité publique et des cultes qui a envoyé une horde de policiers à la Bourse du travail (lieu où devrait se tenir le meeting), les responsables de ce mouvement qu’il qualifie d’inconnu et d’illicite (certainement, il voulait dire illégal) doivent se conformer d’abord aux normes réglementaires en République du Bénin en allant s’inscrire au niveau des structures compétentes de l’Etat avant d’organiser toute manifestation sur la voie publique. Là n’est pas encore le plus grave. Pour justifier son forfait (l’interdiction de la marche de la Convention patriotique des forces du gauche), le ministre de l’intérieur a, dans un communiqué largement diffusé le samedi 24 août 2013 par la chaîne de télévision nationale ORTB, évoqué des informations faisant état de ce que des individus armés se prépareraient à perpétrer des actes de violence sur les manifestants dans le but malsain de déstabiliser le régime en place et discréditer le gouvernement en lui imputant la responsabilité de ces actes attentatoires à la sécurité publique. Rien de surprenant puisque c’est souvent ces arguties qu’ont toujours évoquées ses prédécesseurs pour interdire toutes les manifestations que projettent d’organiser les forces de gauches afin de dénoncer les dérives du régime Yayi.
Aussi curieux que cela puisse paraître, ces alertes de trouble à l’ordre public avancées par le ministre de l’intérieur ne sont soutenues par aucune preuve tangible. Et c’est justement ce qui inquiète les responsables de la Convention patriotique des forces de gauche. Pour ces derniers, « le ministre François Houéssou est pire que ceux qu’ils l’ont précédé dans la mesure où il avance des choses graves dont il n’a pas les preuves ». « C’est bien dommage pour notre démocratie. Lorsque les mouvements illégaux, créés dans des conditions obscures, décident de marcher pour soutenir le Chef de l’Etat, on leur déroule le tapis rouge. On ne leur demande pas d’aller se faire enregistrer avant de tenir leur manifestation. Mais lorsqu’il s’agit d’entendre un son de cloche contraire aux mensonges du pouvoir, on développe des arguties à vous faire dormir debout. Même si le régime nous a empêchés de nous réunir en encerclant la maison des travailleurs (ce qui constitue une violation), nous avons tenu à notre manière notre manifestation. Mais devant l’histoire, chacun répondra de ses actes. Et le ministre François Houéssou ne manquera pas de comparaître devant ce tribunal de l’histoire qui jugera ceux qui ont mis en péril les acquis démocratiques chèrement arrachées à la conférence nationale », a laissé entendre un responsable de la Convention patriotique des forces de gauche qui appelle déjà le parlementaire Américain Alan Grayson et toute la communauté internationale à se pencher sur les dérives démocratiques au Bénin.
Quelques impressions des manifestants
Paul Essè Iko : Sg/Cstb « Cette interdiction est illégale »
« Nous vous remercions car, malgré l’interdiction, malgré les pressions, vous jeunes, vous êtes venus. Nous avions dit que cette interdiction est illégale parce que dans notre pays, il est question d’un régime de déclaration et non d’autorisation. Nous avons pris acte de l’interdiction. Ils nous ont dit un certain nombre de choses. Mais nous allons reprendre cette marche et en grand. La marche ne peut pas être interdite au Bénin. C’est un devoir pour nous ; mais nous voulons la discipline. Et pour cela, ils nous ont interdit de rentrer à la Bourse du travail .Nous faisons le meeting dans la rue en prenant acte que nous allons nous disperser. »
Lazare Sèhouéto : Coordonnateur de l’UN : « La situation est une situation d’arbitraire »
« La situation est une situation d’arbitraire. Aucune loi de la République n’a interdit une manifestation de ce genre. Ils peuvent dire qu’ils ont des problèmes d’ordre de sécurité. Mais interdire une marche, chaque Béninois doit tirer leçon de cet évènement. Car s’il y a des évènements du genre, cela veut dire que ce monsieur veut réviser la constitution et rester au pouvoir. Donc il prépare peu à peu sa marche pour rester au pouvoir. Notre constitution a dit deux mandats ; il a fait ses deux mandats et a tiré le pays dans la catastrophe. Mais il veut s’accrocher et rester .Les jeunes doivent savoir que c’est leur avenir qui est engagé. Ils doivent savoir que sans emploi, sans liberté, sans possibilité de parler, de penser, ils ne sont plus des hommes. Yayi Boni veut transformer les Béninois en moutons. Il a fait son stage au Togo et il veut appliquer les recettes de Eyadéma à Cotonou. Au Bénin, est-ce qu’on va le laisser continuer. Dans ces conditions, passez l’information aux jeunes. De toutes les façons, même si ce n’est pas tous les jours, il faut qu’on s’arrange ; et chaque semaine, qu’ils viennent nous disperser. Nous ne serons pas fatigués d’être là. On ne peut pas laisser notre pays à une bande d’individus corrompus ; c’est de l’avenir des jeunes qu’il est question. Dans ces conditions, passez l’information aux jeunes. Notre devoir, c’est d’être là chaque semaine.
Gaston Zossou : ancien ministre de kérékou : « J’ai perdu mon sang froid »
« Nous avions cru qu’il fallait mettre à la tête de notre pays des économistes émérites, des financiers de haut niveau, mais mal nous a pris. Nous sommes tombés dans les mains du régionalisme qui distingue le nord et le sud, qui aujourd’hui, en profitant d’une lettre pastorale des évêques, veut nous faire tomber sur la base de la religion. »
Laurent Mètognon : Sg/ Fesyntrafinances : « Il y a anguille sous roche »
« Certains disent qu’ils sont d’accord pour la révision de la constitution. D’autres par contre ne sont pas d’accord. De ce fait, ceux qui sont d’accord sont autorisés à marcher et les autres ne sont pas autorisés. Cela montre qu’il y a anguille sous roche. Cette marche qui est interdite montre que le Chef de l’Etat ne veut pas que le peuple soit au courant de ce qui ne va pas. Les Béninois doivent rester attentifs. Si c’était moi à la place de yayi, j’allais laisser les autres s’exprimer librement. »
Maître Joseph Djogbénou : Avocat à la Cour : « l’interdiction de cette marche est tout à fait arbitraire et illégale »
« On n’a pas besoin d’aller dans une faculté de droit avant de considérer que cette interdiction est illégale et arbitraire. Les démarches ont été accomplies par les organisateurs. Les organisateurs, ce sont des partis politiques connus, des personnalités connues. Ils ont introduit une demande à la mairie de Cotonou. Laquelle demande a eu une réponse favorable. Mais sur les lieux, les forces de l’ordre ont interdit la marche avec une réquisition du préfet de l’Atlantique /Littoral. Et c’est depuis hier que le ministre en charge de l’intérieur a fait publié une lettre que les démarches sont totalement mensongères. Le nombre d’agents venus démontre que la cause des marcheurs est juste. Si ce n’était pas juste, on aurait banalisé cela. Il y a eu la résistance des citoyens qui sont venus s’agglutiner autour de la Bourse du travail et ont refusé de partir. Cela démontre encore une fois que la cause est juste. Le moment s’intensifie et la résistance également. Les jours à venir, des stratégies seront mises en œuvre. Il faut affirmer à partir de ce jour que la révision de la constitution n’aura pas lieu. Les élections devront être organisées. Le président Boni Yayi ne veut pas rassurer les Béninois. Ce sont les Béninois qui exigent de les rassurer qu’il doit partir. Les organisateurs vont prendre leurs dispositions pour que cela devienne une réalité.
Propos recueillis par Boniface Kabla (Stg)
Communiqué conjoint
CONVENTION PATRIOTIQUE DES FORCES DE GAUCHE (CPFG)
L’UNION FAIT LA NATION (UN)
Cotonou en état de siège : le pouvoir de Boni YAYI aux abois !
Ce jour, samedi 24 août 2013, à l’appel de la Convention Patriotique des Forces de Gauche (CPFG) et de L’Union Fait la Nation (UN), soutenu par de nombreuses organisations politiques et syndicales, une foule immense s’est empressée tôt le matin vers la Bourse du Travail pour prendre part au meeting précédant la marche pour exiger le retrait du projet de révision opportuniste de la Constitution et l’arrêt des atteintes contre les libertés et droits des citoyens.
Le pouvoir de Boni YAYI, à travers son allié politique, le Maire de Cotonou, Nicéphore Soglo, son Préfet Placide AZANDE et son ministre de l’Intérieur François HOUESSOU, a non seulement interdit la marche mais a fait bloquer tous les accès à la Bourse du Travail pour empêcher la tenue du meeting. Dans les faits, tout Cotonou était en état de siège et toutes les places publiques sous occupation policière. Ainsi, même des rassemblements des sportifs ce samedi à la place de l’Etoile Rouge, au Stade de l’Amitié et sur d’autres places de la ville ont été dispersés.
Malgré la forte présence policière, les travailleurs, les jeunes sont demeurés nombreux tout autour de la Bourse du Travail, dénonçant l’arbitraire et fustigeant le pouvoir de Boni YAYI.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche (CPFG) et l’Union Fait la Nation (UN) félicitent toutes les organisations démocratiques, syndicales, de la société civile, leurs responsables et militants qui ont fait face à la soldatesque ubuesque déployée à travers Cotonou.
Cet acte barbare et illégal d’interdiction d’une marche pacifique et de violation du domaine des travailleurs (la Bourse du Travail), est révélateur d’une chose : le pouvoir de Boni YAYI arrache aux citoyens du Bénin, tous les moyens démocratiques et légaux de lutte. Seuls ses partisans peuvent être entendus sur les radios et les télévisions. Seuls ses partisans peuvent marcher à sa gloire. Trop, c’est trop ! Notre peuple comprend aisément que ce pouvoir corrompu et anachronique n’a plus rien à offrir aux attentes de la jeunesse, des travailleurs, des opérateurs économiques nationaux, des hommes et femmes de ce pays. Le pouvoir de Yayi Boni a suffisamment nui à ce peuple, tous les jours piétiné, mais plus que jamais debout.
La Convention Patriotique des Forces de Gauche (CPFG) et l’Union Fait la Nation (UN) appellent tous les soutiens intérieurs et extérieurs de ce pouvoir décrépit, à le savoir.
Boni YAYI n’est pas un démocrate. Son pouvoir est illégitime. Chaque citoyen doit en tirer les conséquences !
Jeunes, Travailleurs, Peuples du Bénin, Debout !
Cotonou, le 24 août 2013
Pour la Convention Patriotiquedes Forces de Gauche (CPFG)
signature illisible
Jean Kokou ZOUNON
Pour l’Union Fait la Nation (UN)
signature illisible
Lazare SEHOUETO

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