Les jours passent et se ressemblent sous le « Yayisme ». Le projet de révision de la Constitution a du plomb dans l’aile. Après Me Bruno Amoussou et Abdoulaye Bio Tchané, le président Nicéphore Soglo vient lui aussi de dire non à toute révision de la Constitution. De plus, la sortie politique du Professeur Théodore Holo et le non cinglant et profond du Clergé obligent le Chef de l’Etat à rebrousser chemin.
A cela s’ajoutent la levée de bouclier au niveau des syndicats et de la société civile, et le manque de « confiance » dont souffre le régime Yayi. Le consensus à valeur constitutionnelle d’une jurisprudence de 2006 de la Cour constitutionnelle serait en toute logique difficile à atteindre. Tous semblent donc se dresser contre le projet de révision, et apparemment le président Yayi Boni n’aura d’autre choix que d’entendre raison. Car, il n’y a véritablement aucun leader politique de poigne qui dise du bien de cette révision. Mieux, personne n’en trouve l’utilité. Le Chef de l’Etat est connu comme l’un de ceux qui ont le plus instrumentalisé et caporalisé les institutions de la République. Et s’il l’on ne pouvait, au vu des actes posés jusque-là, douter de sa bonne foi du président, tout le monde lui accorderait le crédit de réviser. Hélas, les libertés les plus simples et inhérentes à la personne humaine sont foulées au pied tous les jours sous nos cieux. Plutôt que de vouloir communiquer et forcer une partie des populations à le suivre dans son aventure, il faut qu’il reconstruise ce qu’il a détruit. Personne ne veut plus croire en la promesse faite devant le Pape Benoît XVI par Yayi de ne pas se représenter. Celle donnée à Barack Obama, non plus, personne n’y croit. Et quand on est à ce point en porte à faux avec son peuple, il faut reconsidérer les faits, et rebrousser chemin, la parole de Yayi Boni est en jeu. Le temps politique n’est pas à la révision, il est à la reconstruction d’un pays délabré et mis à mal par l’aventure et la navigation à vue. Le bilan de Yayi est un élément à son désavantage. Mais, il peut aussi choisir de braver l’opposition de la classe politique, pour mener son projet à terme. Mais cette logique serait suicidaire. Abandonner purement et simplement ce projet de révision décrié, c’est l’alternative la plus judicieuse qui reste à Yayi pour redorer un blason terni par les scandales, les relents de régionalisme et le suspect « K.o » de 2011.