Plusieurs personnes se posent cette question actuellement. D'abord les profanes avec insistance. Les économistes dits spécialistes se la posent aussi sans se l'avouer du moins publiquement. Cette question qui tourmente et trouble même les amours les plus chaleureuses. Elle brise les cœurs et brûlent les lèvres de ceux-là même qui font économie de vérité et ne veulent la publier ou la rendre officielle, sous peine de déni de compétence. A vrai dire, l'argent pour dépenser ne circule plus. On a même comme l'impression que quelqu'un a décrété une opération secrète de thésaurisation et l'a caché du large public. L'argent pour manger est vraiment rare, comme les larmes de chien ; ce chien dont on n'ose pas demander la viande sous d'autres cieux, faute d'argent.
Qu'est-ce qui peut bien expliquer le fait ? Nous attendons qu'on nous apporte plus d'éclairageMais en attendant, il est difficile de justifier cette rareté monétaire par une quelconque crise financière dite mondiale. Cette récession qui s'est généralisée subitement se justifie de quoi chez nous ? Avons-nous les mêmes problèmes, les mêmes modes de vie et les mêmes ambitions pour enfin vivre les mêmes difficultés ? Les problèmes vécus ailleurs n'ont la même nature, donc la même acuité partout. Et pourquoi veut-on que tous, du moins nous autres calfeutrés sous l'ignorance de notre vie, dangereusement " ruinés par la faim ", vivions les mêmes réalités d'ailleurs plus compliquées que les autres, déjà maitres de leur destin ? Cela ne s'explique guère. Oui, d'accord : vous voulez que nous sachions que nous sommes dépendants, mais dans un environnement que personne ne maitrise que nous-mêmes.
La réalité est que nous ne vivons et ne pensons que par les autres qui décident à notre place et nous font subir leur dictat. Sinon, dites-moi en quoi se justifie concrètement la crise vécue actuellement ? Quels sont les facteurs indicateurs de ce trop bas niveau de vie de nous autres noirs à la peau farcie par le chaud soleil ? Pas les préfabriqués et rageusement transférés et arbitrairement appliqués, notre corps défendant. Je veux voir l'économiste qui m'explique en des termes adaptés aux réalités ambiantes ce qui se passe au Bénin. Vivez un peu le raisonnement du profane : il y a chez moi des produits que je veux mais faute d'argent, je ne le peux. Les produits existent mais manquent cruellement de preneurs, faute d'argent. En profane, je crois que la masse monétaire en circulation devrait s'équilibrer, en principe, avec le niveau de production. Les producteurs dorment avec leurs biens sur le bras, faute de preneurs, faute donc d'argent. Pas de liquidité pour liquider les produits.
Je vois bien que si nous (Bénin) étions indépendant et bâtions notre propre monnaie, nous aurions vécu la crise avec moins d'acuité, moins de difficultés et plus d'aisance ou peut-être autrement. Le franc arrimé ne nous autorise pas le développement. Sinon, pourquoi voulons-nous coûte que coûte qu'une crise déclenchée là-bas nous emballe par ses effets dévastateurs et nous ronge, ruine et nous enlève notre personnalité ? Un regard autour de nous nous convainc de ce que les vrais indépendants, du moins monétairement parlant, souffrent moins que le Bénin ne ressent cette crise. I l faut se libérer du carcan financier et s'affirmer, courageusement. Si nous nous estimons petit ou trop limité par les étroites limites territoriales imposées, étendons cette action de frapper monnaie commune entre nous, unissant nos efforts riches et encore insondables sous les tropiques. La régionalisation de la tendance est vivement souhaitée.
