En 1962, le Dahomey aujourd’hui Bénin devenait le premier pays non européen à être sacré «Champion du monde» au théâtre des Nations organisé à Paris. Sous la direction d’un certain Flavien Campbell, de regrettée mémoire, la représentation béninoise avait alors épaté, raconte-t-on. 53 ans après ce sacre, c’est comme si de rien n’était, et c’est avec nostalgie que certains acteurs culturels revivent cette « belle épopée».
« Fier souvenir… une épopée triomphale… ». Ce sont là, quelques expressions utilisées hier par l’acteur culturel Gratien Ahouanmènou, pour évoquer le sacre d’il y a 53 ans réalisé par le ballet national du Dahomey. Pour lui, ce souvenir est devenu une sorte d’obligation face au silence général qui entoure depuis des années ce sacre d’il y a plus de cinq décennies. Celui-ci estime qu’on ne devrait pas oublier de sitôt, Flavien Campbell et ses poulains de l’époque, puisqu’à ce jour, aucune autre récompense n’a été attribuée à la culture béninoise. Et loin de vouloir célébrer un souvenir lointain ou encore, de ressasser une époque glorieuse dont les acteurs sont passés de vie à trépas, celui-ci soutient qu’il faille s’en inspirer pour construire le présent et penser autrement la culture béninoise. Il y a deux ans, à l’occasion du 51è anniversaire de ce sacre, c’est une conférence publique que Gratien Ahouanmènou avait fait organiser pour évoquer la question et rappelé à la conscience collective, ce souvenir peu connu. Fort heureusement, il y avait ce jour-là à l’Institut français de Cotonou, lieu de la tenue de l’évènement, un certain Jean Pliya, à l’époque des faits, directeur de cabinet du ministre de l’Education, Michel Ahouanmènou.
Le spectacle qui a valu ce sacre «est due à l’authenticité, à l’originalité et au brio du spectacle présenté à l’occasion. Lequel spectacle a été conçu par une équipe de 100 artistes sélectionnés sur toute l’étendue du territoire national, sous la conduite d’une direction artistique dirigée par Maître Flavien Campbell, assisté d’Albert Botbel. A l’encadrement, il y avait Pascal Abikanlou, Augustin Yekèdo, Paulette Gangbo, Honoré Agossou et Prosper Ouin Orou », témoigne-t-on. Depuis lors, le temps est resté au regret et beaucoup ont déploré le fait que les auteurs de cette prouesse n’aient jamais reçu le témoignage qui leur était dû. Si ce n’est dernièrement, une société de téléphonie mobile qui a jugé utile de distinguer Flavien Campbell.
A l’aune des 53 ans d’anniversaire de la «victoire de Paris», le 6 juillet 1962, Gratien Ahouanmènou évoque toujours avec émotion et fierté, comment ces artistes d’antan
«magnifiaient la diversité culturelle du Dahomey» en remportant pour la première fois depuis l'instauration (1957) de cette rencontre annuelle, le 1er prix dénommé le "Challenge du théâtre des Nations". Il parle à cet effet de «reconnaissance de dette» et soutient qu’il y a
«une bonne raison d'être fier des exploits des défunts pères». Au-delà de cette appréciation, l’homme s’interroge de savoir : «Pour notre part, que doit-on faire pour que nos fils puissent se satisfaire? »