Huit ans après la marche verte du Chef de l’Etat et de ses partisans contre la corruption, le Bénin est toujours à la traîne. Le comble ici est que le phénomène, depuis l’organisation de cette manifestation historique, semble devenir un sport national avec à la clé la multiplication des scandales divers et variés.
07 juillet 2007-07 juillet 2015. Cela fait exactement huit ans que le Gouvernement du Président Boni Yayi a organisé la marche dite verte contre la corruption. C’était le mouvement populaire d’un Chef d’Etat déterminé à enterrer définitivement la corruption au Bénin. L’objectif affiché était de débarrasser le pays de ce mal, afin qu’il se mette résolument sur le chemin de développement. Cette manifestation avait donné une lueur d’espoir aux progressistes. C’était sans savoir que ladite marche était du folklore et de la pure distraction de l’opinion publique nationale et internationale. En effet, le mécanisme mis en place par le régime pour lutter contre la corruption a montré ses limites. La preuve est que l’Inspection générale d’Etat (Ige), installée à grands renforts médiatiques par le Chef de l’Etat, est dissoute. Pourquoi le Président de la République a-t-il été amené à prendre une telle décision ?
Difficile de répondre à cette question. Toutefois, des inquiétudes subsistent quand on sait que le régime actuel tire à son fin. Il faut le rappeler, l’Ige était le bras armé du Gouvernement contre les dossiers de malversation. Conformément à son cahier de charges, elle a eu à traiter des affaires de scandales au sommet de l’Etat. Ces dernières années, plusieurs proches du Pouvoir en place sont impliqués dans des dossiers de corruption. Est-ce que c’est pour embrouiller les pistes d’enquêtes que le Gouvernement a dissout l’Ige ? C’est la grande question, puisque l’institution de l’expert-comptable, Alidou Koussé a été enterrée avec tous ses dossiers de malversation dans lesquels des proches du Gouvernement du Président Boni Yayi sont impliqués. Cela suppose concrètement que les auteurs de ces crimes seront impunis, car les pistes d’investigations pour connaître les tenants et aboutissants des faits à eux reprochés, en instance à l’Inspection générale de l’Etat, seront embrouillées. Dans ces conditions, après le Président Boni Yayi, ils pourront librement circuler et se repositionner dans le nouveau système politique. Des dossiers de corruption, il y en a assez.
Les plus scandaleux qui ont retenu l’attention du public sont les affaires Icc services, machines agricoles, Cen-Sad, les marchés gré à gré, le coton, l’épine dorsale et plusieurs autres. C’est dire qu’à l’ère du Président Boni Yayi, la corruption est devenue un mal national. A cela, s’ajoutent les marches politiques organisées ici et là à la veille des élections. Dès lors, la politisation à outrance de l’administration publique est venue noircir le tableau. Toutes les réformes initiées pour enrayer la corruption sont restées vaines. La dernière en date est la création de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc).
Une institution
sans moyens de sa politique. Tous les dossiers de malversation qu’elle a connus sont transmis à la justice. Connaissant la lourdeur et la politisation à outrance de l’appareil judiciaire béninois, la probabilité est forte pour que les auteurs de ces crimes économiques ne soient pas châtiés conformément aux textes de la République. En conclusion, la marche verte contre la corruption n’a pas été accompagnée de la volonté politique des dirigeants du pays pour atteindre son objectif. Elle s’est révélée comme un pur folklore. L’aggravation de la situation est la preuve de l’échec de la politique du Président Boni Yayi dans ce secteur.
Paul Tonon