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La chronique de Jérôme Carlos: Un "Zémidjan" interroge un politologue
Publié le mercredi 8 juillet 2015  |  Le Confrère de la Matinée




conducteur de taxi-moto, "Zémidjan" le bien nommé et un politologue féru de science et bardé de diplômes. Le premier se compte au nombre des animateurs du Parlement de la rue, sis à Cotonou, derrière la morgue du Centre national hospitalier et universitaire (CNHU). Le second est un membre éminent de l'intelligentsia nationale. Il sonde l'actualité politique, analyse les faits et trace des lignes d'explication globale et éclairante. L'un pose des questions apparemment naïves. L'autre écoute, mais reste convaincu qu'il est des questions qui valent plus que les réponses qu'on leur apporte. Ouvrons, sans tarder, le compteur des questions.

Première question. Pourquoi nombre de Béninois marquent-ils des réserves à la nomination de Lionel Zinsou comme Premier ministre, oubliant que, depuis neuf ans, il était le conseiller spécial du Chef de l'Etat pour les questions économiques ? N'y-a-t-il pas là une autre histoire de "L'intrus qui connaissait la maison" ? Amnésie ou hypocrisie ?

Deuxième question. Lionel Zinsou dit vouloir mettre de l'ordre dans nos affaires, dix mois avant la fin du mandat du Président Boni Yayi. Qu'a-t-il donc fait, neuf ans durant, comme conseiller spécial de ce dernier, pour prévenir et éviter le désordre qui semble justifier, aujourd'hui, au gouvernement, sa place de premier des ministres ? Peut-il se démarquer d'un bilan qui, d'une manière ou d'une autre, est aussi le sien ? Peut-il faire germer l'espoir, en dix mois, sur des terres qui, neuf années durant, sont restées fermées à toutes idées de "changement", "d'émergence" et de "refondation" ?

Troisième question. La Commission électorale nationale autonome (CENA) s'est donné plus d'une semaine avant de proclamer les résultats des élections municipales, communales et locales. Comment expliquer cette contreperformance d'une Commission désormais institutionnalisée, professionnalisée, mieux outillée que les précédentes ?

Quatrième question. Pourquoi arrive-t-il qu'au Palais de la Marina l'on perde tous sens de l'information et de la communication, préférant libérer le champ aux démons de l'intox et de la rumeur ? Le Chef de l'Etat, au lendemain des législatives, a remercié, sans autre forme de procès, tous ses conseillers. Pourquoi ? Le Chef de l'Etat a pris la décision de dissoudre l'Inspection générale de l'Etat (IGE), son bras armé dans le suivi des comptes de l'Etat et dans la lutte contre les vilaines pratiques en matière de gouvernance. Pourquoi ?

Cinquième question. Pourquoi la dynamique Azanaï, forte et incompressible, lors des législatives, a fait-elle flop aux élections locales ? Pourquoi la RB, donnée archi battue à Cotonou, s'est-elle, contre toute attente, relevée la tête ? Les sondages et les sondeurs électoraux auraient-ils perdu la tête ?

Sixième question. Il n'y en avait que pour cette fameuse migration de l'analogique au numérique prévue pour le 17 juin 2015. Et les Béninois, des battements de leurs cœurs, rythmaient et accompagnaient le compte à rebours fatidique. Mais c'était mal connaître le Bénin et les Béninois. Au jour dit, ils ont lamentablement raté le coche. Notre pays a manqué d'être au rendez-vous. Le Béninois, égal à lui-même, a continué de chérir le retard. Les responsables de ce ratage monumental, se terrent, depuis, dans un silence assourdissant. Qui situera les responsabilités ? A combien se chiffrent-elles et qui payera la note ? Allons-nous continuer de mijoter dans notre jus de médiocrité et d'être la risée des autres nations africaines qui ont réussi l'essai ? Les plus fatalistes ont leur idée sur la question : l'heure de Dieu est la bonne.

Septième et dernière question. Quand on dit au Bénin "Je vous aime", on pense immédiatement au Chef de l'Etat. C'est lui, en effet, qui a fait breveter l'expression. Elle lui sert à exprimer ses sentiments les plus élevés à l'endroit de toutes les femmes du Bénin. Lesquelles lui en savent gré sans comprendre, toutefois, pourquoi il a obstinément plafonné la présence des femmes, dans ses différents gouvernements, à moins de 30 %. Et nous entendons d'ici, la colère de certaines d'entre elles qui s'interrogent sur cette drôle manière de les aimer. La marmite, on le sait, c'est l'affaire des femmes. Pourquoi alors le chef s'obstine-t-il à éloigner celles-ci de la marmite gouvernementale ? Bonne question. Les femmes en colère n'ont peut-être pas tort. Mais elles ont simplement oublié une seule chose : "Qui aime bien, châtie bien".

Jérôme Carlos

La chronique du jour du 7 juillet 2015
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