Faisant croire que c’est le président François Hollande qui devait signer les documents de Bénirail, alors que cela n’a jamais été dit ainsi, le gouvernement essaye de détourner le vrai débat qui se pose au sujet de l’affaire du Corridor ferroviaire Bénin-Niger. A cet effet, il faut souligner que les documents de Bénirail Infrastructure, bâti sur les cendres de l’Ocbn, ont fait l’objet à Niamey entre les représentants du Bénin, du Niger et du Groupe Bolloré de négociations ayant abouti à plusieurs projets d’accord. L’un de ces documents porte sur la convention de concession du financement, de la conception, la construction, la réhabilitation, la maintenance et l’exploitation de la ligne de chemin de fer Cotonou-Niamey. Par rapport à son contenu, il s’agit d’un arsenal préparé pour freiner le développement durable du Bénin.
Passé à la loupe, la convention de concession du financement, de la conception, la construction, la réhabilitation, la maintenance et l’exploitation de la ligne de chemin de fer Cotonou-Niamey un élément retient particulièrement l’attention. Selon ladite Convention et des autres documents de Bénirail Infrastructure prêts à être signés, on se rend compte que ce sont des rails métriques, d’un écartement d’un mètre que s’apprête à installer le Groupe Bolloré pour relier le Bénin au Niger. Un écartement qui ne répond plus aux normes internationales relatives au transport ferroviaire. Ce choix a d’ailleurs fait l’objet d’une tribune de l’ancien Bâtonnier Me Jacques Migan publiée ces derniers jours dans la presse béninoise. Il s’est interrogé sur la pertinence du choix fait par le Groupe Bolloré d’imposer au Bénin et au Niger des chemins de fer complètement dépassés, surannés, caduques, alors même qu’avec les gouvernements des deux pays, il prétend mettre en place une « boucle ferroviaire » incluant outre le Bénin et le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Togo. Ce qu’il faut savoir est que les rails à écartement métrique ont déjà été abandonnés dans l’Union européenne au profit de rails d’écartement standard (1,435m conformes aux normes internationales ISO). En posant des rails aux normes de l’ancien temps, Bolloré et ses alliés se préparent à tromper les contribuables béninois et nigériens. Si cette Convention entre en vigueur, ce qui devrait être le cas, puisque le Groupe Bolloré est allé encore rassurer le Chef de l’Etat hier au Palais de la Marina, il faut craindre encore un autre risque, celui de l’isolement du Bénin et du Niger du transport ferroviaire sous-régional. Ceci dans la mesure où tous les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest ont, soit entamé la mise aux normes de leurs voies ferrées, soit s’apprêtent à le faire. Pour le Bénin et le Niger, ce n’est malheureusement pas le cas. Ainsi, c’est tout le développement futur de ces deux Etats que le Groupe Bolloré risque d’hypothéquer. Et pourtant, la bonne proposition, celle de la modernisation des rails entre le Bénin et le Niger est faite par le Groupe Pétrolin aujourd’hui curieusement écarté de « son » projet dont il est encore adjudicataire de l’appel d’offres. Ce qui amène à se demander pourquoi les gouvernements nigérien et béninois préfèrent exproprier l’adjudicataire légal du projet, le Groupe Pétrolin de l’opérateur économique béninois Samuel Dossou Aworet ? Que cachent les Etats du Bénin, du Niger et le Groupe Bolloré en agissant ainsi ?
Junior Fatongninougbo