Ils ont eu des sueurs froides hier. Les usagers et même les hommes en uniforme au niveau de la frontière bénino-nigériane de Sèmè-Kraké ont été troublés dans leurs habitudes par des crépitements de balles. Selon certains témoignages, les populations de la zone constatèrent déjà aux environs de 8 heures que la circulation était fluide.
Chose inhabituelle. Vers 9 heures, elles réalisaient que tous les passagers et les véhicules qui tentaient de passer la frontière pour se rendre à Sèmè, dans la zone nigériane rebroussaient chemin. Selon des informations qui leur parvenaient, cela est dû aux mesures de sécurité mises en place dans le cadre de la visite d’une autorité douanière à une structure sous tutelle. Mais ce n’était pas vraiment la raison, même si cette visite était à l’ordre du jour.
Alors que les interrogations étaient perceptibles sur tous les visages, des détonations se faisaient entendre aux environs de 10 heures. De violents affrontements venaient d’éclater au village d’Achikpa entre douaniers nigérians et commerçants. D’après plusieurs témoignages, des commerçants à bord de véhicules chargés de produits congelés, en provenance de Cotonou, ont été bloqués à la frontière. Les douaniers nigérians ont agi ainsi en prétendant qu’ils s’apprêtent à recevoir leur hiérarchie et que dans ces conditions, ils ne sont pas en mesure de les soumettre à l’accomplissement des formalités. Mais l’attente aurait trop duré, suscitant l’ire des commerçants.
Ceux-ci protestaient quand subitement un fonctionnaire des douanes nigérianes ouvre le feu en tirant sur l’un des commerçants. La victime succombe à ses blessures. Il n’en fallait pas plus pour faire monter la tension. Malgré que l’un d’entre eux soit tombé sous les balles des douaniers, ils ne décolèrent pas. Les forces nigérianes ont alors tiré plusieurs coups de fusil. La situation s’emballe et dans la foulée, un douanier se fait poignarder. Les commerçants s’en sont pris aux symboles de l’Etat nigérian. Ils ont incendié des véhicules. Pendant ce temps, tout est bloqué dans la zone béninoise. Les usagers apeurés par l’évolution des choses, craignaient l’importation des affrontements sur le territoire béninois.