Depuis quelques jours, circulent dans les médias et sur les réseaux sociaux, plusieurs documents relatifs aux projets de la boucle ferroviaire, Cotonou-Niamey. Parmi ces documents que s’apprêtent à signer les parties prenantes à ce projet, il y a le document qui porte sur la convention de concession du FINANCEMENT, de la conception, la construction, la réhabilitation, la maintenance et l’exploitation de la ligne de chemin de fer Cotonou-Niamey. Mais à lire entre les lignes de ce document, ce sont des rails d’une époque révolue que s’apprêtent à construire. Une chose qui, si cela devenait une réalité, sera la mort programmée de notre économie.
Laurent DJANHOUN
Aux termes de ladite convention et des documents qui y sont annexés, ce sont des rails métriques, autrement dit, d’un écartement d’un mètre que s’apprête à installer le Groupe Bolloré pour relier le Bénin au Niger. Or, selon les informations recueillies auprès des constructeurs, cet écartement n’est plus utilisé car ne répondant plus du tout aux normes internationales relatives au transport ferroviaire. En effet, les rails à écartement métrique d’un mètre ont, en effet, été abandonnés dans l’espace de l’Union européenne depuis des l ustres au profit de rails d’écartement standard (1,435 m conforme aux normes internationales ISO). Tout porte à croire que le Groupe Bolloré à qui le gouvernement est en train de confier ce projet en expropriant l’opérateur national, Samuel Dossou du Groupe PETROLIN, va ramasser ces tas de ferraille ainsi que les trains correspondants. Ces objets qui ne sont plus que des épaves ou des pièces de musée seront vendus à prix d’or au Bénin et au Niger. Le Groupe Bolloré ainsi que ses complices en agissant ainsi ne cherchent qu’à se faire de l’argent sur le dos des populations déjà meurtries par la pauvreté. Mais le plus à craindre, c’est l’isolement du Bénin et du Niger du transport ferroviaire sous-régional, puisque tous les autres pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ont, soit entamé la mise aux normes de leurs voies ferrées, soit s’apprêtent à le faire. C’est dire donc que c’est le développement de ces deux Etats que le Groupe Bolloré risque d’hypothéquer. On est alors en droit de se demander les raisons pour lesquelles, les Présidents de ces deux Etats, ont préféré cette option au détriment des alléchantes propositions de l’adjudicataire légal du projet, le Groupe PETROLIN de l’opérateur économique béninois Samuel Dossou Aworet. Lesquelles sont pourtant en parfaite adéquation avec les besoins de modernisation et d’extension du corridor ferroviaire Bénin-Niger ainsi qu’avec les normes nationales et internationales en vigueur.