L’ancien ministre Richard Sènou a, à l’occasion de sa sortie médiatique sur l’émission Zone France de Canal 3 dimanche dernier, abordé la question de la lutte contre la corruption qui est, de l’avis des Béninois, le plus gros échec de Yayi. L’appel de Richard Sènou vient comme pour relancer le débat sur la nécessité de nettoyer les écuries d’Augias. Boni Yayi a réagir promptement en saisissant la balle au bond.
Les propos du Ministre Richard Sènou sur la lutte contre la corruption au cours de sa dernière sortie médiatique constituent une belle leçon d’audace et d’engagement pour la moralisation de la vie publique. Il a le mérite de s’attaquer à une plaie qui ronge notre pays : la corruption et l’impunité. Au Bénin, la gestion des affaires publiques rime avec détournement et prévarication, tant et si bien qu’on se retrouve dans un cercle infernal où dénonciateurs et dénoncés se retrouvent enfermés dans un piège où personne ne peut aller au bout de ses intentions parce que toutes les parties se tiennent. Dans ces conditions, on est plus en face de déclarations d’intention sur fond d’hypocrisie que d’une volonté ferme de tuer le mal. L’intervention du Ministre Sènou retient l’attention, parce que c’est le moment ou jamais pour le Chef de l’Etat de marquer positivement les Béninois et d’effacer cette image qui ramène la lutte contre la corruption à une marche verte et à des coups d’éclat sans lendemain. Les propos de l’ancien allié de Yayi sonnent donc comme un rappel au Chef de l’Etat qu’il a encore un chantier inachevé. Un chantier où les dossiers foisonnent ; des plus connus à ceux qui dorment encore dans les placards, tel que celui non élucidé à ce jour des domaines de l’Etat mis à la disposition d’opérateurs économiques, promoteurs immobiliers nationaux comme étrangers pour la construction de villas dans le cadre du sommet de la Cen-Sad. Des domaines attribués, entre autres, à des promoteurs immobiliers, mais ceux-ci n’en auraient mis en valeur qu’une partie. Main basse aurait été faite sur le reste, qui n’a donc pas été rétrocédé à l’Etat.
Vivement les audits…et des résultats
Sous nos cieux, les règles élémentaires de bonne gestion sont foulées aux pieds, le bien public est peu respecté, ou celui-ci est intégré dans le patrimoine privé sans autre forme de procès. Ancien Ministre, ayant donc été en position de Grand serviteur de la République, Richard Sènou sait de quoi il parle quand il demande au Chef de l’Etat de sévir dans les dossiers de malversations.
Et visiblement le message a été entendu. Puisque désormais, les Béninois sont dans l’attente de l’audit général annoncé des domaines Cen-Sad, pour en revenir au cas évoqué plus haut. Cela dit, la démarche ne devrait pas s’inscrire dans une visée politicienne ou de chasse à l’homme. Et le Chef de l’Etat ne doit pas s’arrêter à ce seul cas. Que les résultats des audits réalisés dans bien de domaines depuis son accession au pouvoir soient connus afin d’effacer de la tête des Béninois l’image d’un Chef d’Etat impuissant face à la cruciale question de la moralisation de la vie publique. Surtout qu’il a désormais un nouvel allié en la personne du ministre Sènou. Le Chef de l’Etat a saisir la perche tendue par son ancien collaborateur pour que soient connus avant qu’il ne quitte le pouvoir les résultats d’enquêtes, d’audits réalisés dans les diverses affaires ou scandales qui ont émaillé son premier mandat et celui en cours, s’il ne veut pas que l’histoire retienne que sous son règne la lutte pour la moralisation de la vie publique a été un fiasco, sinon que le Bénin a marqué un grave recul dans ce domaine.
Assan AKRO