Chers amis,
Un peuple a le droit de critiquer ses dirigeants. Nous avons régulièrement exercé le droit à la critique contre nos Chefs d’Etat. Mathieu Kérékou I, II et III, Nicéphore D. Soglo et Boni Yayi I et II ont vécu, le feu de la critique chacun avec son tempérament. Mais il faut le reconnaître, l’opposition au Bénin n’a jamais été aussi féroce et aussi efficace que contre Nicéphore D. Soglo. 1992 – 1996 est, sans doute un des temps forts de la construction de l’opposition et de l’enracinement de notre démocratie. Sous le Renouveau démocratique, l’opposition a posé ses premiers pas contre Nicéphore D. Soglo. Elle a critiqué son action, contesté son bilan et réussi à le renverser en mars 1996. Ainsi, par la force de cette opposition courageuse et talentueuse qui a combattu NDS entre 1991 et 1996, le 1er Président du Renouveau démocratique est malheureusement le seul des trois (3) Chefs d’Etat que nous avons eus depuis 1990, qui n’a pas réussi à renouveler son mandat. On dit que c’est un os dans la gorge de NDS, l’homme à la truelle, le bâtisseur intrépide dont les mérites ne furent pas totalement reconnus. Or, les résultats de son action, d’abord comme 1er Ministre d’un gouvernement de transition, puis comme Chef de l’Etat, ses résultats disais-je sont là, éloquents et têtus. Discutables sans doute, le bilan de NDS crève l’œil. Cotonou et d’ailleurs tout le Benin portent la marque de l’action fondatrice de NDS.
De mémoire d’élève au Lycée Béhanzin de Porto-Novo que j»étais à l’ouverture de la Conférence nationale, puis de jeune étudiant en Droit lorsqu’il devint Président de la République, je retiens que NDS a été un pont entre deux pays. Il a été un pont entre le Bénin de 1988-1989 projeté dans l’obscurité et laissé au bord du précipice par l’entêtement idéologique et le Bénin de 1990-1992 né de nouveau grâce, il est vrai à l’effort collectif de notre peuple, mais il faut avoir le courage de le dire, grâce surtout à la clairvoyance d’un Nicéphore D. Soglo visionnaire et ambitieux pour son pays. Je le crois vraiment, à la tête de l’Etat béninois, Nicéphore D. Soglo, l’homme à la truelle, a été un bâtisseur à qui le temps a fait défaut pour inscrire dans l’histoire, une action irréversible et pour laisser son empreinte dans la gouvernance du pays. La gouvernance de Nicéphore D. Soglo a prolongé, malgré tout, la morale vertueuse mais naïve de la conférence nationale. Malgré les dérives notées à partir de 1993, la gouvernance du Président Soglo a promu les valeurs du mérite, d’excellence aujourd’hui bafouées et détruites sans vergogne. Pour faire court, il a manqué cinq (5) ans de plus à NDS pour enraciner un peu plus le contraire de ce qui s’observe dans nos institutions aujourd’hui. Mais en peu de temps, je retiens, comme de très nombreux Béninois aujourd’hui, que le Président Soglo a été un pont, entre l’ombre et la lumière, la dictature et la démocratie, la déchéance de 1988 et la fierté retrouvée en 1990. Dès lors, se pose une question : Où Nicéphore D. Soglo a t-il alors échoué ? Politiquement disent unanimement ses détracteurs et ses opposants. Que signifie l’échec politique ? Ça c’est une autre question.
Parce que NDS, le Premier Président du Renouveau démocratique a été lui-même un pont, je propose que ce nouveau pont de Fifadji qui est quelque part son œuvre, porte pour l’éternité le nom de Nicéphore Dieudonné Soglo. Ce sera, me semble t-il, le symbole de ce que NDS a fait en si peu de temps, au pays que nous aimons tant.
Je précise, ce pont s’appellera NDS non pas pour le bilan du Maire, mais bien pour celui du Président. Le Bilan du Maire en 12 ans, je le conteste, le critique et le récuse. Mais celui du Chef de l’Etat en 5 ans, j’en suis admiratif et presque nostalgique. J’invite les prochaines autorités municipales de Cotonou et le Gouvernement à rendre justice à NDS et lui faire, au nom de notre peuple, ce témoignage de gratitude. Mais en attendant, j’invite les Cotonoises et les Cotonois à « baptiser socialement » le Pont de Fifadji en l’appelant «Pont Nicéphore D. Soglo».
Pour finir, au nom de l’égalité de nos anciens Chefs d’Etat, je soutiens que le Président Yayi doit à Sourou Migan Apithy et Justin Tometin Ahomadégbé, les deux autres têtes du monstre qui a fait peur aux dahoméens, un édifice public, une grande avenue, un grand boulevard de notre capitale, des salles de réunion à la présidence, une tour administrative ou un hôpital de référence.
C’est aussi ça, la grandeur d’un peuple. Regarder sereinement son histoire pour reconnaître aux hommes qui ont pesé sur son destin, leur mérite.
Avec mes sentiments patriotiques
FJA