Hier à la maison des jeunes d’Agla dans le 13ème arrondissement de Cotonou, Eric Houndété 1er vice président de l’Assemblée nationale et membre de l’Union fait la nation (Un) a eu une rencontre avec les sympathisants de ce regroupement politique. S’il a abordé plusieurs sujets, il faut notamment en retenir son annonce concernant une possible sollicitation des militants à la base pour l’élection de celui qui sera le candidat de l’Un à la prochaine élection présidentielle.
Avant de faire cette annonce inédite, Eric Houndété a d’abord ouvertement confirmé qu’il y avait actuellement trois candidats dans les starting-blocks pour représenter l’Union fait la nation (Un) au scrutin présidentiel de 2016. A part lui, il y a Emmanuel Golou et Antoine Idji Kolawolé. Mais le député de la 5ème circonscription électorale, a fait aussi la confidence selon laquelle les instances dirigeantes de l’Un étaient en train de réfléchir à la possibilité de faire appel à leurs militants à la base afin qu’ils désignent son candidat pour 2016. Si une telle option était validée, elle serait inédite. En effet, ce serait bien la première fois au Bénin que les militants d’un parti politique ou d’une alliance de partis politiques sont appelés à élire leur candidat pour une élection, notamment pour un scrutin majeur comme l’est l’élection présidentielle au Bénin. L’Un romprait du coup avec la logique d’appareil qui avait été la sienne pour la désignation de son candidat pour le scrutin présidentiel de 2011. A cette époque, ce sont ses barons réunis en petit comité qui à l’issue de longues tractations avaient choisi Adrien Houngbédji. Or en voulant se parer des allures de la modernité, l’Un doit régler plusieurs détails importants.
C’est à juste titre qu’Eric Houndété ne s’est pas prononcé sur les contours que prendraient éventuellement le vote des militants à la base. Il faudrait avant tout les enregistrer et collecter du coup les données personnelles de tous ceux qui auront à voter. Au regard de la législation béninoise, cela est-il possible ? A l’heure actuelle, l’Un n’est pas encore un parti politique enregistré. Son passage du regroupement politique qu’il est actuellement vers une formation politique, est un vieux serpent de mer que personne ne s’est véritablement appropriée en son sein. Dans le même temps, si cette formalité administrative était faite, il faudra définir les conditions pour être électeur. Car tous les soi-disant militants à la base de l’Un ne peuvent pas être tous pris en compte. D’où l’idée peut-être d’instaurer une somme symbolique que toute personne qui souhaiterait participer à ce scrutin, aurait à payer avant de voir son inscription validée. Cela aurait pour avantage de réduire un peu la cohorte de tous ceux qui auront à se présenter comme militant à la base. Aussi, il ne serait pas surprenant que des artifices soient conçus par certains pour permettre aux militants ne pouvant pas payer une telle somme de pourvoir le faire. Le deal consisterait ainsi à remettre à chacun la dotation financière nécessaire pour qu’il soit inscrit.
Après avoir été autorisé à collecter les données personnelles de ses militants, à se faire enregistrer officiellement comme un parti politique, il faudra que tous les candidats à ce scrutin se positionnent. Une campagne interne commencera et les uns et les autres se donneront à coup sur des coups afin de pourvoir obtenir les suffrages des militants. Le premier tour du scrutin présidentiel est prévu pour le 28 février, donc dans moins de huit mois et l’Un cherche toujours son oiseau rare pour cette course.
L’élection interne sera organisée et en amont et en aval tout ce processus devra être supervisé par un comité dont les membres conviendront à tous les candidats. Si tout ceci est bien beau, il est aussi évident que c’est une véritable course d’obstacles qui commence pour l’Un, car même dans les démocraties occidentales et notamment en Europe par exemple, les scrutins internes organisés par certains partis politiques bien structurés sur le plan organisationnel et ancrés dans un véritable système partisan ne se déroulent toujours pas sans écueils. L’autre réalité est que l’Un est véritablement à croisée des chemins, car de cette élection interne dépend son avenir. Aucun des trois candidats actuels, n’est prêt à faire l’impasse sur son avenir car chacun croit dur comme fer que c’est son heure qui a sonné pour accéder en 2016 à la magistrature suprême.
Bernado Mariano Houenoussi