Le Bénin d’aujourd’hui s’est littéralement éloigné du Dahomey d’hier,
où les cadres pouvaient se targuer, avec une fierté légitime, d’être
des fils du ‘’Quartier latin’’ de l’Afrique, comme le colonisateur
français lui-même se plaisait à appeler ce pays, pour les raisons que
l’on connaît. Ce n’était pas que flatteur, cette appellation, même si
l’on pouvait admettre, quelque part, que ce compliment n’était pas
forcément pour encenser, sans nuance aucune, des Nègres censés se
mettre, d’abord et avant tout, au service du colon blanc. C’était des
fleurs, jetées aux cadres dahoméens, des lauriers toute somme mérités,
que les autres Etats africains colonisés par la France ne déniaient
guère au Dahomey. La maîtrise de la langue officielle de travail, la
langue française, était alors une évidence, et ce ne sont pas des
cadres comme le professeur Albert Tévoédjrè qui soutiendraient la
thèse contraire, tant le pays foisonnait de têtes bien faites, de
têtes pleines, et de têtes bien pensantes. Purs produits de l’école
coloniale, ceux-là ont légué aux générations suivantes les fruits de
leur contact avec le Blanc, ici comme dans l’hexagone où il était
-avouons-le- beaucoup plus aisé d’étudier qu’aujourd’hui, pour des
raisons qui n’ont pas besoin d’être expliquées. Mais, bien que les
réalités d’aujourd’hui soient en contraste manifeste avec celles
d’hier, il appert que la dégringolade du niveau scolaire, de nos
jours, cache d’autres réalités que les acteurs du monde scolaire
préfèrent regarder d’un œil distrait, tout en étant conscients des
malheurs qui découlent de cette attitude, et dont nul n’est à l’abri.
A preuve. Le débat consécutif au taux d’admissibilité au Brevet
d’études du premier cycle (BEPC), session de juin 2015, qui tourne
autour des 30%, et qui fait couler en abondance de l’encre et de la
salive, depuis la proclamation des résultats. La question qui se pose
est de savoir quand, finalement, les autorités compétentes prendront
la peine de s’émouvoir des conséquences fâcheuses de la méthode dite
de l’Approche par compétence (APC), qui fait des nouveaux programmes
d’enseignement la bête noire des élèves et de leurs parents, et par
ricochet de la nation entière. Voilà une interrogation qui cherche sa
réponse depuis de nombreuses années, et qui risque de continuer à la
chercher, tant que les actions que requiert l’amélioration de la
qualité de l’enseignement ne seront enclenchées. Il est vrai, l’APC,
intrinsèquement, n’est pas à diaboliser. Seulement, à l’étape actuelle
d’application de cette méthode, il est indéniable qu’elle pose
réellement problème ; raison pour laquelle il importe qu’une pose soit
observée, afin que des réflexions responsables et raisonnables soient
faites, dans le sens d’une meilleure maîtrise, par les apprenants, de
la langue officielle de travail que demeure le français, aux fins
d’une embellie, dorénavant, en termes de résultats en classe et aux
examens. Car, semble-t-il, c’est le nœud du problème qui se pose
aujourd’hui, et qui fait des générations issues de l’école ancienne,
des nostalgiques de l’ancien programme. Une nostalgie tout à fait
justifiée.
Sébastien DOSSA