Candidat ou pas à la présidentielle de 2016 : Le mystère demeure autour de Lionel Zinsou (Il s’africanise de plus en plus)

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Politique

Publié le mercredi 15 juillet 2015 | La Presse du Jour

© AFP par Thomas Samson
Lionel Zinsou, nouveau Premier ministre du Bénin.

La nomination de Lionel Zinsou comme Premier ministre de l’actuel gouvernement a suscité beaucoup de commentaires. D’aucuns voient déjà en ce Franco-béninois le dauphin de Boni Yayi pour la présidentielle de 2016. Le Chef de l’Etat, pris dans cette déferlante, a tenu à préciser les raisons qui l’ont guidé à aller chercher le «yovo» béninois. Sauf que malgré les «bonnes intentions», « les bons propos» et les explications les plus officielles, rien n’est sûr que le Premier ministre n’est pas le candidat caché du président Yayi pour 2016.
Le mystère demeure plus que jamais autour de la candidature ou non de Lionel Zinsou à la présidentielle de 2016. Alors que les spéculations vont toujours dans tous les sens, Boni Yayi, dans la foulée de cette nomination et à l’occasion d’une visite à la Caisse autonome d’amortissement le 20 juin dernier, a expliqué pourquoi il a choisi Lionel Zinsou au poste de Premier ministre de son gouvernement, ceci à neuf mois, voire moins, de la fin de son mandat. Et pour le Chef de l’Etat, c’est «juste» pour une raison simple. Pour Yayi, Lionel Zinsou est là, «juste» pour l’aider à mobiliser les fonds promis pendant la table ronde de Paris en 2014. Autrement, le Premier ministre devra user de ses bonnes relations dans les milieux d’affaires en France et ailleurs pour accélérer la concrétisation des engagements issus de la table ronde de Paris. «Nous avons nommé M. Lionel Zinsou qui probablement pourra travailler sur cet aspect là. Puisque c’est avec lui et avec les ministres également que nous avons préparé cette table ronde, à la seule différence qu’il est en contact avec la plupart des partenaires (…) En réalité, c’est tout juste pour accélérer le rythme de mobilisation des ressources et le rythme de décaissement des ressources qu’on nous a promises (…) J’ai toujours dit à nos chers compatriotes qui sont à l’étranger de ne pas oublier la mère-patrie. Chaque fois que le besoin se fera sentir, la République leur fera appel. Donc, c’est sur cette base que nous avons demandé à notre cher compatriote Lionel Zinsou de venir nous appuyer pour que nous puissions accélérer notre marche vers la prospérité». C’est vrai que Lionel Zinsou était, jusqu’à sa nomination, le président de PAI Partners, un «fonds d’investissement français qui gère et conseille des fonds alloués aux opérations de LBO (représentant un montant de 7 milliards d’euros) et gère un portefeuille de participations pour un montant total en capital investi de plus de 11 milliards d’euros ». Ainsi, il connait mieux que n’importe quel béninois les rouages économiques français et des partenaires au développement. Il est aussi béninois de la diaspora si ce n’est le plus français des Béninois. A cet effet, la carte de visite de Lionel Zinsou sied parfaitement à la mission que lui confie Boni Yayi. Seulement, en politique, la couleur blanche n’est pas toujours blanche, le noir non plus… Les propos de Yayi pourraient bien être diplomatiques. Surtout lorsqu’on sait que c’est au terme d’une visite d’Etat en France que le président béninois a pris la décision de nommer Lionel Zinsou. Dans la foulée, le Chef de l’Etat français a effectué une visite d’Etat au Bénin. Selon des sources bien informées, ce déplacement n’était pas sur l’agenda de François Hollande. D’où la question de savoir pourquoi tant de ballet diplomatique autour de la nomination d’un Premier ministre ? Inconnu de ses compatriotes, il faudrait bien trouver la manière à Lionel Zinsou pour se familiariser avec les Béninois de qui il pourrait solliciter leurs suffrages. Sous cet angle, le poste de Premier ministre est parfaitement le plus indiqué pour être au devant des choses. Depuis, Lionel Zinsou s’africanise. Il tronque de temps en temps la tenue locale au costume. Il prend de plus en plus la parole. De plus en plus, Yayi le laisse lancer les activités officielles. On se rappelle que le vendredi 3 juillet dernier, c’est lui qui était aux côtés du maire de Cotonou, Nicéphore Dieudonné Soglo, pour la mise en service provisoire du pont de Fifadji. A une autre époque, Yayi ne laisserait personne d’autre le faire à sa place. Même s’il s’en défend depuis le premier jour, le pouvoir monte petit à petit à la tête. Lionel Zinsou, avec la gestion des affaires publiques, pourrait bien se laisser gagner par la tentation de la course à la Marina.

Jean-Marie Sèdolo