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Refus de la signature de la charte sur le dialogue social au Bénin: Des responsables syndicaux se prononcent
Publié le lundi 20 juillet 2015  |  La Presse du Jour
Paul
© Autre presse par DR
Paul esse iko, syndicaliste




Refus de la signature de la charte sur le dialogue social au Bénin : Des responsables syndicaux se prononcentLe monde syndical s’est opposé à la signature de la charte sur le dialogue social soigneusement défendu par Lionel Zinsou, 1er Ministre, la semaine dernière. Pour certaines confédérations syndicales, la signature de la charte n’est pas la bienvenue. Puisque, les amendements qui ont été élaborées lors de la préparation de cette charte n’ont pas été vérifiés. C’est pourquoi ils exigent du gouvernement une relecture des textes. La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) a pour sa part invité le gouvernement à marquer un début de volonté du dialogue social et d’écoute des acteurs sociaux pour l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Réactions des Secrétaires généraux
Dieudonné Lokossou, Sg/Csa-Bénin : « Le dialogue social est indispensable pour le développement socio-économique de notre pays. Tout ceci se passe dans l’intérêt des uns et des autres. Il y a assez de spéculations de très mauvais goût. C’est une initiative malheureuse et douloureuse qui a été prise au lendemain des manifestations du 27 décembre 2013. Il faut reconnaître que le dialogue social est géré par plusieurs structures. Les centrales syndicales ont participé activement à la recherche des documents pouvant constituer la charte nationale du dialogue social. A cet effet, nous ne pouvons pas rester en marge de cette initiative prise en commun. Il faut respecter les engagements qui ont été prises. La centrale syndicale dont je suis le Secrétaire général n’est pas contre la signature de cette charte. Il ne faut pas que les populations pensent que nous nous opposons à la signature de cette charte. Je réaffirme que nous allons procéder à la signature si les conditions sont réunies dans les normes. Ce n’est pas normal qu’en partenaire légalitaire, on nous soumet un tel document qui sera opposé par nos militants. La responsabilité du retard de la signature de cette charte incombe au Haut commissaire à la gouvernance concertée. Parce que nos représentants au sein de la commission préparatoire ont procédé aux amendements des documents qui leur ont été soumis. Nous constatons qu’à notre grande surprise, ces amendements n’ont pas été pris en compte. Nous devons avoir une idée claire avant d’exécuter la décision du gouvernement. Nous ne sommes pas dans un système de pensée unique avec la Cstb qui n’est pas sur la même ligne que nous. Chacun est libre de ses pensées. Les conditions posées par la Cstb ne doivent pas aliénées les autres centrales syndicales. Il faut que nous nous respectons de façon rigoureuse et ne point donner l’impression que nous avons des comptes à régler. J’appel tout le corps syndical au calme et à la sérénité et que vive la paix dans notre pays. »

Emmanuel Zounon, Sg/Unstb: « Nous faisons partie de ceux qui ont participé à l’élaboration de la charte. La signature de cette charte ne peut pas avoir lieu à la veille du forum. Ce n’est pas possible. Nous sommes dans un pays démocratique. Le gouvernement ne peut pas dicter sa loi. Nous sommes les représentants des travailleurs. Il faut que nous fassions lecture des amendements qui ont été faits. Nous avons dû rebrousser chemin pour ne pas signer cette charte dont nous n’avons aucune connaissance des amendements qui ont été élaborés. Nous devons trouver un point d’entente et que la paix règne dans le pays.»

Mètongnon Laurent, Sg/Fésyntra-Finances : « La position est clairement exprimée par la Fésyntra FINANCES dont je suis le responsable. Il n’était pas question de signer une charte qui va pouvoir servir de courroie de transmission à l’exécutif pour faire voter la loi qui est endormie à l’Assemblée Nationale et qui n’a jamais été retirée suite à l’exigence des travailleurs. La Fésyntra-Finances ne servira pas de courroie de transmission à l’exécutif en fin de mandat. Avec un Ministre de l’intérieur qui n’a pas été sanctionné pour avoir violé les libertés syndicales. Vu le contexte du déroulement de ce forum, la Fésyntra-Finances n’a pas pu juger bon de donner sa position face à cette charte. On ne sait pas pourquoi c’est à la fin d’un mandat chaotique, un mandat liberticide pour les droits de l’homme que l’on veuille fournir un document pouvant permettre de mieux vivre les dernières heures et les travailleurs donnent une carte blanche à l’exécutif. Il n’est plus question de donner une immunité à un Chef d’Etat. Il faut rappeler qu’en 2007, nous avons crié haut et fort pour connaître le contenu des huit mille pages qui a été révélé. Et voilà que nous sommes là aujourd’hui avec tous les scandales. Or le dialogue suppose la présence d’au moins deux parties. Le gouvernement clame depuis son avènement en 2006, la paix, le dialogue etc. nous avons constaté qu’il n’a jamais été question de dialogue. Il a été question d’une imposition. Pour rafraichir la mémoire, lors d’une rencontre avec le Chef de l’Etat pour aboutir à un consensus, ce dernier a fait sortir le doyen Sékédé Antonin de la salle pour son intervention. Cela rime à une dictature. Personne ne refuse le dialogue. Le dialogue intervient lors d’un conflit ou non. Il peut y avoir le dialogue pour la paix d’une société. Il doit être basé sur une certaine transparence, une écoute des uns et des autres. On ne vient pas au dialogue pour écraser une partie. Nous avons constaté que le gouvernement s’est toujours cantonné sur ses idées. Il faut noter qu’au départ, même certains professionnels des médias critiquaient les syndicalistes tout en diffusant qu’ils ne veulent pas accéder au dialogue. Il faut les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Cela veut dire de bien disposer les hommes. Depuis 2006 jusqu’à ce jour, quelle a été l’amélioration apportée par le gouvernement ? Le pouvoir a toujours donné l’impression de dialoguer et des décisions qu’il prend n’ont jamais été appliquées. Quelle est le taux d’écoute de nos Présidents et de nos Ministres ? Il y a une science qui développe bien cela. Nous avons des gouvernants qui écoutent que lorsqu’une situation les arrange. Voilà le constat qui a été fait. Cette charte sera utilisée contre les travailleurs si nous ne faisons pas la relecture. Parce que l’exécutif a ciblé quatre secteurs qui n’iront pas au débrayage, à savoir : les secteurs de la santé, de l’éducation, de la justice et des finances. C’est tout à croire que la constitution indique que ces secteurs ne doivent pas aller en mouvement de grève. Nous avons décidé de ne pas prêter caution à une charte dans les conditions actuelles. Nous n’avons aucune confiance au gouvernement d’hier. Le dialogue est un fait exposé à chaque partie qui donne ces appréhensions pour trouver une porte de sortie agréable. La nomination de Placide Azandé à la tête du ministère de l’intérieur est une provocation vis-vis des syndicalistes que nous sommes et cette nomination ne fait pas un point de dialogue. De nos jours, l’on ne peut plus se laisser gifler. J’invite mes collègues travailleurs à s’en tenir aux revendications. »

Noël Chadaré, Sg/Cosi-Bénin : « Les Secrétaires généraux des centrales syndicales étaient tous représentés en amont à l’élaboration de la charte et dans la préparation du forum suite à l’invitation du Haut commissaire à la gouvernance concertée. Vu que notre pays est dans une situation de crise permanente, que le Haut commissaire à la gouvernance concertée a voulu servir d’interface entre les travailleurs et le gouvernement pour avoir un cadre de dialogue. Et comme n’avons pas le retour des amendements, on s’est interdit de signer. La charte nous est parvenue à la veille de la signature. Or il faut un temps pour bien la réviser afin de savoir si les amendements ont été pris en compte. Nous sommes dans un pays démocratique. Il faut que l’article 17 qui indique l’indépendance du Conseil économique et social (Ces) reste dans sa forme initiale qui nous avait été envoyé. Ce sera une incohérence si nos suggestions ne sont pas réunies dans les règles de l’art. Nous sommes disponibles à signer. La Cosi-Bénin n’est pas dans la logique de la Cstb. Chaque centrale a une autonomisation organisationnelle. On ne peut pas absorber une condition à l’exception de quelques revues de la charte. Nous attendons de voir si le gouvernement va respecter ses engagements. Je crois qu’on finira par s’entendre. Chacun doit contribuer à l’instauration de notre climat social en faisant des efforts de part et d’autre. Il faut que le gouvernement trouve des solutions idoines aux exigences des travailleurs que nous sommes. Nous ne pouvons pas rester dans un pays de tension et de conflits permanents. »

Dovonon Christophe, Sg/Cspib : « L’horizon est déjà clairsemé. Cela veut dire qu’il y a six centrales qui ont une position face à la signature de la charte du dialogue social, à savoir : Csa-Bénin, Cgtb, Cspib, Cosi-Bénin, Csub et Unstb. La Cstb a posé des conditions à propos de cette charte. La centrale dont je suis le responsable n’est pas contre la charte. Mais nous sommes peinés de la manière dont le gouvernement nous impose cette situation. Pour le moment, notre position reste inchangée. Par contre, elle peut toutefois variée par la suite. La modification que nous avions apportée n’a pas été à notre disposition pour l’évaluation et la lecture. Des points d’ombres existent encore dans ce dossier. Je signerai la charte au nom de notre centrale à condition que le constat soit fait pour homologation. J’invite la classe béninoise à faire preuve des revendications. Nous ne sommes pas contre le gouvernement, mais plutôt contre la manière de tenter à avaler la couleuvre. »

Houéssionon Christophe, Sg/Csub : « La signature de la charte du dialogue social nous a été présenté à la veille de la clôture du forum. Il faut rappeler qu’un forum prépare les bases d’une charte. Nous ne sommes pas dans un pays en vase clos pour qu’on nous informe à la veille. Avant de me rendre disponible pour cette décision, je dois faire recours au bureau directeur de notre centrale syndicale qui sera invitée à donner sa position. Il faut mieux cerner la volonté du gouvernement. Nous avons constaté que le Haut commissaire à la gouvernance concertée à jouer le rôle de facilitateur. Mieux dans le contenu de cette charte, rien n’a changé fondamentalement ce que nous connaissons de la commission permanente de négociation du gouvernement des centrales syndicales qui ne se réunit que lorsque l’exécutif juge utile. Alors, trois parties constituent cette commission, à savoir : le Conseil national du patronat, les centrales syndicales et le gouvernement, qui garantissent la stabilité et la sérénité du dialogue social. J’invite les citoyens béninois à savoir que nous ne sommes pas de mauvaise foi. Il s’agit de six centrales syndicales dont nous faisons partie à faire connaître nos observations et qui sommes prêtes à signer la charte au moment opportun. »

Kassa Mampo Nagnini, Sga/Cstb : « La Cstb en tant que confédération des travailleurs est très ouverte au dialogue social pour l’amélioration constante des conditions de vie et de travail des travailleurs. C’est pourquoi depuis l’institution des Conseils sectoriels de dialogue social (Csds), elle a toujours participé activement. La Cstb a constaté que toutes les propositions des organisations syndicales touchantes à des conditions fondamentales des travailleurs et des peuples sont souvent rejetées par le gouvernement. Mais au regard des images des Chefs syndicalistes couverts de sang, un mouvement protestataire demandant le relèvement et le châtiment des auteurs directs (Placide Azandé et Pierre Agossadou). Il faut noter que ce mouvement a duré quatre mois. Le tribunal saisi du dossier, a décidé de la poursuite de ces violateurs des libertés notamment Placide Azandé, celui là que le Chef de l’exécutif vient de nommer Ministre de l’intérieur et Pierre Agossadou. Est-ce là le dialogue ? Dans ce pays, alors que la procédure de désignation des membres du Conseil économique et social (Ces) était engagé selon le code du travail, un décret pirate a été pris, excluant la Cstb, la plus grande confédération syndicale, à l’issue de toutes les élections professionnelles nationales organisées au Bénin. En claire, il n’y a jamais eu de dialogue social avec le Gouvernement de Yayi Boni. Dans plusieurs pays, lorsqu’une initiative gouvernementale rencontre l’opposition ses travailleurs et des peuples, le gouvernement rentre en négociation avec les acteurs sociaux et souvent, revient sur cette décision. Cela n’a jamais été le cas sous le régime de Yayi Boni. La Cstb marque un doute sur le fait que cette charte puisse être mise en œuvre par le gouvernement. C’est pourquoi la confédération réserve sa signature de la charte à condition que le gouvernement marque un début de volonté du dialogue social et d’écoute des acteurs sociaux. »

Pascal Todjinou, Sg/Cgtb : « Le dialogue social consiste de trouver un consensus entre les partenaires crédibles et le gouvernement, à faire valoir un accord pour éviter des blocages. La signature d’une charte nécessite de grande concertation. Le bureau directeur de la Cgtb va se rencontrer pour statuer sur la signature de cette charte. »

Propos recueillis par Thierry Azagba (Coll)
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