Une aide supplémentaire de 5,5 millions de dollars sera accordée à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone, les pays les plus touchés par l'épidémie d'Ebola sans précédent, des fonds mobilisés lors d'un mini-sommet spécial tenu mardi à Malabo en Guinée équatoriale en résence d'une dizaine de chefs d'Etat de l'Union africaine (UA).
En présence du vice-ministre chinois de la Santé primaire, Jin Xiaotao, seule personnalité étrangère présente à ces assises, la conférence internationale sur la lutte de l'Afrique contre l'épidémie à virus d'Ebola se résumait par un moment de réflexion sur l'assistance économique de ce continent avec le soutien des partenaires extérieurs pour la reprise et la reconstruction des trois pays en crise.
Elle a donné lieu à des annonces d'aide en faveur de ces pays d'un montant total de 5,5 millions de dollars, de part de la Guinée équatoriale (3 millions), du Bénin (1 million), du Nigeria (1 million) et du Soudan (500.000).
C'est une contribution supplémentaire à d'autres opérations de mobilisation de ressources déjà organisées en vue de redonner espoir aux populations guinéennes, libériennes et sierra léonaises en détresse par la réhabilitation de leurs systèmes sanitaires et socioéconomique mis à mal par l'actuelle flambée d'Ebola, qualifiée de la plus vaste, la plus longue et la plus complexe de l'histoire.
Plus d'une semaine avant, 5,2 milliards de dollars de promesses sur 7,6 milliards de besoins exprimés dans le cadre du plan régional de riposte contre Ebola de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) avaient été enregistrés lors d'une conférence de donateurs convoquée les 9 et 10 juillet à New York aux Etats-Unis par le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon.
AIDE CHINOISE
Parmi les contributions, 5 millions de dollars avaient été annoncés par la Chine, qui avait déjà fourni une aide d'urgence de 100 millions de dollars en faveur des trois pays affectés, puis une autre enveloppe de 2 millions de dollars à l'UA.
Cet appui a été saluée mardi à Malabo par le chef de l'Etat zimbabwéen, Robert Mugabe, président en exercice de l'organisation anafricaine, qui a émis le vœu de voir la même sollicitude se manifeste dans le domaine de l'assistance technique.
Ceci est déjà même le cas en ce qui concerne le projet en cours de finalisation du Centre africain de prévention et de contrôle des maladies, également au menu des discussions lors du mini-sommet de la capitale équato-guinéenne qui en a d'ailleurs fait adopter les statuts par les ministres de santé de l'UA la veille, au terme de deux jours de concertation.
"La Chine a été parmi les pays qui ont, non seulement donné des équipements au profit des trois Etats, mais également ont déployé des équipes médicales. Nos équipes qui étaient sur place ont eu à apprécier leur intervention. Donc, la Chine a intervenu, soit en ature, soit en ressources humaines", s'est félicité à Xinhua le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Désiré Ouédraogo.
"La présence de l'équipe médicale chinoise, au-delà de sa contribution à l'effort de lutte, a montré un sentiment de solidarité qui a véritablement réconforté les pays de l'Afrique de l'Ouest à un moment où beaucoup n'osaient même pas aller dans ces pays. Ce sentiment de réconfort est vraiment irremplaçable et je voudrais exprimer encore une fois notre profonde gratitude au peuple chinois our cette solidarité", a ajouté le responsable ouest-africain.
La CEDEAO est une organisation régionale que la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone partage avec le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée-Bissau, le Mali, le Nigeria, le Niger, le Sénégal et le Togo. Elle a elle-même mobilisé par le biais de son Fonds de solidarité régionale un montant de 15 millions de dollars pour la réponse à Ebola.
Pour M. Ouédraogo, la conférence de Malabo a atteint ses objectifs, qui consistaient à maintenir l'attention sur cette tragédie, soutenir les pays affectés et tirer les leçons de la crise par l'élaboration de stratégies visant, entre autres, au renforcement des systèmes de santé jugés vulnérables des mécanismes de surveillance épidémiologique.
Dès août 2014, l'UA avait lancé une campagne de soutien à la Guinée, au Liberia et à la Sierra Leone qui avait permis de collecter près de 100 millions de dollars et le déploiement de 835 travailleurs volontaires de santé issus de 18 pays.
DEFICITS BUDGETAIRES
D'après les estimations révélées par le vice-président de la Commission de l'UA, Erastus Mwencha, les trois pays ont enregistré des pertes de 6,25 milliards de dollars de leur PIB global depuis la déclaration de l'épidémie combinée à l'aggravation d'autres maladies.
Selon l'Union du fleuve Mano à laquelle ces pays appartiennent par ailleurs avec la Côte d'Ivoire, cette conjoncture entraîne une détérioration des déficits budgétaires se traduisant par un impact fiscal de l'ordre de 328 millions de dollars, soit 2,4% du PIB, à raison de 113 millions (5,6% du PIB) pour le Liberia, 95 millions 2,1% du PIB) pour la Sierra Leone et 120 millions (1,8% du PIB) pour la Guinée.
Pour faire face à la situation, les trois pays ont élaboré chacun un plan de reprise et de reconstruction post-Ebola pour des besoins de financement immédiats jusqu'en 2017 chiffrés à 1,7 milliard de dollars respectivement pour la Guinée et le Liberia, puis 1,2 milliard pour la Sierra Leone, soit un total de 4,7 milliards de dollars.
A ce jour, seul un montant de 817 millions de dollars est déclaré disponible. Les espoirs des trois pays reposent sur les opérations de levée de fonds entreprises pour combler le gap de 3,9 milliards de dollars.
Car, c'est un défi qu'il leur est difficile de relever eux-mêmes, dans la mesure où ils subissent par ailleurs le poids d'une dette extérieure globale de 3,16 milliards de dollars pour laquelle la conférence de Malabo a lancé un appel à l'annulation. Plus grande, la dette intérieure, elle, s'élève 8,7 milliards de dollars.
A un an et demi d'épidémie, au total 11.276 morts pour 27.679 cas étaient déclarés jusqu'à la mi-juillet dans l'ensemble des trois foyers de contamination, selon les statistiques officielles. Dans la même région, le Sénégal, le Mali et le Nigeria avaient également été touchés mais avaient réussi quant à eux réussi endiguer la emance en peu de temps.